Production biologique
Céréales bio : récolte française hétérogène, en baisse d'une année sur l'autre
Hormis en Hauts-de-France et dans le Nord-Est, la collecte 2020 de céréales bio est estimée en moyenne entre 25 à 35 % inférieure aux prévisions, voire plus selon les espèces, dans un contexte de hausse des surfaces.
Hormis en Hauts-de-France et dans le Nord-Est, la collecte 2020 de céréales bio est estimée en moyenne entre 25 à 35 % inférieure aux prévisions, voire plus selon les espèces, dans un contexte de hausse des surfaces.
« C’est une année pourrie ! » Les collecteurs de céréales bio sont quasiment tous à l’unis-son pour qualifier ainsi la récolte bio 2020 de céréales. Après une collecte 2019 record, tous révisent leurs prévisions à la baisse, dans l’attente de chiffres plus précis. Malgré 20 % de surfaces en plus au total en grandes cultures, dues à la vague de conversions d’il y a deux ans, les rendements ont décroché. « On s’attendait à des volumes en progression. Mais c’est décevant, avec une récolte d’été très hétérogène », souligne Olivier Deseine, dirigeant des Moulins de Brasseuil et responsable bio à l’ANMF. Presque partout, l’automne pluvieux a entravé les emblavements, fragilisé l’implantation, et le rattrapage des semis au printemps a aussi souffert de vagues sécheresse et de chaleur.
Le blé tendre en recul
Quelques exemples. Chez Terrena, collecteur de 35 000 t de grandes cultures bio, la récolte des céréales à paille est mauvaise : « Elle est de 30 à 35 % inférieure aux prévisions, et à l’an dernier. Les aléas climatiques sont de plus en plus déconcertants », se désole Bertrand Roussel, directeur des activités bio du groupe Terrena. En blé tendre, malgré des hausses de surfaces de 30 %, la collecte n’est que de 4000 t, au lieu des 7000 t prévues, et les 6000 t collectées l’an dernier. En Rhône-Alpes, les volumes chutent de 30 %, surtout en orge, et de 25 % pour le blé meunier. Les céréales en deuxième année de conversions (C2), qui peuvent être introduites dans les formules d’aliments pour animaux à hauteur de 30 %, sont aussi en recul. Et la récolte en maïs est revue à la baisse, comme partout.
Qualité moyenne
Sur la zone de Poitou-Charentes, la situation aussi est difficile: « Les volumes dégringolent de 40 à 50 %. En blé meunier, les rendements vont de 5 q/ha à 35 q/ha, selon les sols et la pluviométrie. Côté qualité, c’est moyen. La protéine atteint 10,5 % mais les temps de chute de Hagberg sont faibles », estime Hugues Chaline, responsable de Biograin. Même tendance dans le Centre: « La collecte de blé bio d’Axéréal décroche de 10 % par rapport aux prévisions, voire plus. Au total, la moisson d’été est au moins 15 % inférieure à celle de l’an dernier », précise Gilles Renart, expert grains bio du groupe Axéréal. Dans le Sud-Ouest, idem. Chez Agribio Union, les volumes de 2020 plongent de 30 %. Seuls les Hauts-de-France et l’Est tirent leur épingle du jeu. Le Nord-Pas-de-Calais, l’Alsace et la Lorraine s’en sortent mieux, grâce à des semis d’automne précoces, un hiver doux, des sols profonds. En blé meunier, les rendements de blé meunier oscillent entre 30 et 35 q/ha en moyenne.
Pour rappel, la collecte 2019 de blé tendre bio s’est montée à 249 000 t (+84 % par rapport à la précédente). Le marché, en progression d’environ 10 %, va être très tendu.