Conférence Conseil international des céréales
Blé OGM, la solution pour stabiliser le marché du blé à l’horizon 2050
La rentabilité, renforcée par l’essor des OGM, en maïs et soja pose la question de la pérennité de la culture du blé, devenue moins compétitive
La stabilité du marché du blé pourrait être sérieusement mise à mal à l’horizon 2050 si le monde, et notamment l’Europe, se prive des biotechnologies pour cette culture. C’est en substance le discours qu’a tenu Vince Peterson, vice-président des opérations Outre-Mer de l’association des producteurs américains de blé, lors de la conférence annuelle organisée le 8 juin à Londres par le Conseil international des céréales.
La culture du blé fortement concurrencée par le maïs et le soja
Avec une population mondiale qui passerait de 7 à 9 milliards d’habitants d’ici 2050 et une demande en blé qui progresserait encore plus vite, de près de 660 Mt en 2010 à plus de 900 Mt dans une quarantaine d’année, la production de blé doit considérablement progresser dans les prochaines décennies. Or, force est de constater que les surfaces semées en blé à l’échelle mondiale n’ont cessé de reculer, passant de 240 Mha en 1980 à 212 Mha cette année, soit le niveau de 1968.
A l’inverse, les surfaces de maïs et de soja continuent de s’étendre, ayant respectivement progressé de 57 % et de 300 % depuis 1960. De plus, les productions de maïs et de soja se trouvent encouragées par de nombreux facteurs. Politiques d’abord, avec le développement massif aux Etats-Unis de la production de bioéthanol à partir de maïs, et de biodiesel avec du soja, très important également au Brésil. Agronomiques et économiques ensuite, surtout compte tenu de la mise en marché de nouvelles variétés transgéniques qui ont permis d’augmenter les rendements et de réduire les coûts de culture dans certains cas.
Dernier élément : la formidable demande chinoise en graines et produits dérivés du soja, et depuis peu de maïs. Dans ce contexte, le blé, outre son statut de roi des céréales, ne génère plus le même intérêt que jadis. Quasiment au même niveau au début des années 1960, les productions de blé et de maïs ont évolué parallèlement jusqu’en 1990, lorsque le blé a commencé à régresser au profit du maïs, qui l’a finalement dépassé à la fin de la décennie.
Depuis 2000, l’écart n’a fait que s’amplifier pour dépasser les 100 Mt cette année. « Un signal dangereux » pour Vince Peterson. Alors, quelles solutions ? Laisser les prix progresser par rapport au maïs et au soja avec la demande ? Ce sont les importateurs qui en seront pour leurs frais, sans compter les risques d’émeutes de la faim, comme on a pu en voir lors de la hausse de 2008. « Compte tenu des limites de la production traditionnelle du blé et des progrès permis par les variétés transgéniques de maïs et de soja, la biotechnologie dans le blé ne peut plus être ignorée », a assuré Vince Peterson pour qui le salut du blé viendra des biotechnologies.
Une majorité d’Américains prête à accepter l’OGM sous conditions
En guise de conclusion, le vice-président des opérations Outre-Mer de l’association des producteurs américains de blé a présenté un récent sondage réalisé par l’International Food International Council(IFIC). Selon celui-ci, 77 % des consommateurs nord-américains seraient d’accord pour acheter un blé OGM réduisant l’utilisation de pesticides, et 80 % y seraient favorables si le blé était produit de « manière durable ».
Pour l’heure, même si certains semenciers annoncent l’arrivée de variétés à plus court terme, les opérateurs n’attendent pas de blé OGM viable avant une bonne dizaine d’années.