FranceAgriMer / bourse décentralisée
Biocarburants et export vers les pays tiers, clés des marchés de demain
Dijon a permis de se projeter au-delà de la morosité actuelle des marchés
INVITÉS A L’OCCASION de la bourse décentralisée de Dijon le vendredi 19 mars, Christian Vanier, responsable animation des filières de FranceAgriMer, accompagné de Rémi Haquin, président du conseil spécialisé grandes cultures, a fait une présentation de la situation des marchés céréaliers. Une initiative bienvenue pour les participants de la bourse qui ont pu y assister. Le vendredi après-midi, près de 400 opérateurs de notre filière du commerce des grains ont participé à cette bourse, selon les organisateurs. L’ambiance était comme d’habitude conviviale, mais la lourdeur du marché était au cœur des préoccupations des opérateurs inquiets pour la fin de campagne qui s’annonce très offerte.
Situation peu encourageante pour les producteurs
« Contrairement à mes prévisions, je ne suis plus certain de l’absence d’intervention en blé cette année », a admis Christian Vanier. Avec des cours au plus bas depuis 2006 et une conjoncture pour cette campagne défavorable aux prix, que reste-t-il pour rassurer les producteurs ? Peu de choses et l’année prochaine ne semble pas plus propice à une reprise des cours. Malgré une population qui continue de croître, les besoins industriels de blé sont plutôt stables (baisse des besoins en nutrition animale compensée par la progression de la demande de biocarburants).
La mer Noire devient la référence logique de formation du prix
Le commerce mondial devrait en revanche progresser selon FranceAgriMer. «Le marché mondial n’est pas marginal mais bien un marché d’échanges véritable», estime Christian Vanier. Il a toutefois relevé que l’influence grandissante des cotations mer Noire en blé sur le Rendu Rouen allait dans le bon sens pour des questions de cohérence mais que cette influence n’était « pas forcément intéressante concernant l’évolution des prix ». Mais si les exportations européennes se portent bien, «il faut être attentif au débat sur la norme du blé pour être plus compétitifs. Les blés français sont parfois moins bons que ceux de la mer Noire». Les opérateurs français devront aussi prêter attention aux évolutions de la Russie qui «réalise d’importants investissements dans de nombreux ports étrangers» traduisant une stratégie très offensive pour ses exportations de blé. Sans oublier la Chine qui « adopte une stratégie de sécurisation avec l’achat de terres à l’étranger pour augmenter sa production, diminuant ainsi une part des débouchés français ».
Bioéthanol : tirer les conclusions de l’exemple américain en maïs
Convaincu que la production agricole peut satisfaire les besoins pour l’alimentation humaine mais aussi de la production de biocarburant, Christian Vanier a pris en exemple l’activité nord-américaine. «Le Bilan maïs est très important aux Etats-Unis. Ils ont montré que cette culture y était régulière. Devenue la céréale reine, elle est cultivée dans de nombreuses régions dont certaines depuis peu».
Un développement favorisé par la hausse programmée de la production de bioéthanol aux états-Unis. « Les USA tiennent leur programme tout en maintenant leur capacité d’export, avec un stock peu épais certes, mais qui a l’air de tenir, d’autant que la consommation animale recule et que la production de drêches progresse de fait », explique Christian Vanier. « Nous sommes convaincus que l’on peut produire des biocarburants et nourrir la population ». «Les rendements en hausse ont également joué un rôle dans l’essor de la culture avec une progression de 1,2 q/an pour des niveaux proches de 100 q/ha, loin devant les nôtres. L’effet OGM et les orientations du Farm Bill y ont aussi contribué», estime l’expert de FranceAgriMer. Et de conclure: « Si les états-Unis y arrivent, pourquoi devrions nous nous inquiéter en Europe où les objectifs sont plus bas ? Les biocarburants français n’affament pas la planète, nous aimerions en augmenter la proportion par rapport aux utilisations alimentaires »