Marchés
Achats de blé, attentes peu réalistes du Caire
Comme elle l’a fait avec la Russie, l’Égypte, en proie à la crise économique, a demandé l’aide de la France pour ses importations de blé. Elle aspire à des délais de paiement allongés (entre neuf et douze mois depuis l’embarquement), à du stockage gratuit de blé en France (jusqu’à six mois) et à la construction de silos de collecte sur son sol. Paris se dit ouverte à un tel soutien, visant à garantir la sécurité alimentaire de la population locale, selon une source diplomatique française. La demande, émise il y a déjà quelque temps, aurait été discutée entre le ministre de l’Agroalimentaire et l’ambassadeur égyptien à Paris la semaine passée. Bercy étudierait la question avec les exportateurs français.
Des déclarations diplomatiques
Il s’agit avant tout d’une demande politique d’état à état, qui permet à l’égypte de montrer à l’opinion publique qu’elle prend le sujet à bras le corps et de confirmer à la communauté internationale qu’elle a besoin d’air économiquement. La réponse formulée par la France serait dès lors avant tout diplomatique, estime un opérateur de l’export céréalier français. « Que pourrait bien faire la France alors que le marché des céréales est mondialisé et que le commerce est régi par la loi du libre échange au niveau international ? », interroge le professionnel. La vente de céréales et les conditions contractuelles relèvent en France de groupes privés. L’état ne peut pas leur demander de ne pas jouer le marché. D’autant que l’égypte – qui souhaite que les opérateurs privés prennent le relais du Gasc pour les achats de blé – ne manque pas de le faire et « papillonne » dans ses approvisionnements. Les ventes françaises, qui ont atteint 2,5 Mt en 2010/2011 en l’absence de la Russie, devraient ainsi se situer à tout juste 750.000 t cette année. Et mettre en place des canaux spéciaux d’approvisionnement de l’égypte ne serait pas du goût de la Commission européenne et de l’OMC. Une option serait de passer par l’aide alimentaire, avec l’accord de Bruxelles, souligne un opérateur français. Le gouvernement solliciterait alors les exportateurs. Quant à la question de l’investissement dans des silos sur le sol égyptien, elle s’est imposée comme un serpent de mer ces dix dernière années.