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Un métier en restructuration
L’accouvage français doit innover pour s’adapter

Historiquement constitué de PME, le secteur de l’accouvage qui s’est récemment concentré par des rachats et l’arrivée de nouveaux opérateurs, doit innover et investir pour être plus compétitif.

Reproducteurs Gallus chair dans un élevage récent. Les accouveurs doivent améliorer leurs outils industriels et les élevages fournisseurs. © P. Le Douarin
Reproducteurs Gallus chair dans un élevage récent. Les accouveurs doivent améliorer leurs outils industriels et les élevages fournisseurs.
© P. Le Douarin

En deux ans, le maillon accouvage a été marqué par de nombreux rachats : celui des couvoirs Goasduff et Josset/Avi-Loire et du couvoir de poulettes Hendrix Genetics de Saint-Marcellin par BD France, filiale du Danois DanHatch et du Belge BHV2 ; celui du couvoir indépendant Perrot et du couvoir Couvéo (Triskalia-UKL) par LDC ; celui de Caringa (Hendrix Genetics) par Orvia. « Cette période correspond au passage intrafamilial à la troisième génération qui ne s’est pas fait, a souligné Ségolène Gerruci, du Syndicat national des accouveurs (SNA), lors de l’assemblée générale du comité régional avicole des Pays de la Loire. Après deux crises d’influenza aviaire, les problèmes de débouchés en France et la fermeture sanitaire de plusieurs pays, le secteur s’est fragilisé. Une assise financière plus importante est nécessaire. »

Cette phase de rachats semble à peu près terminée, mais le secteur est face à de nombreux défis, à commencer par celui de la taille et de la compétitivité. Malgré les concentrations, le secteur reste encore très segmenté. La capacité des couvoirs varie de 1 000 volailles de 1 jour à 1,8 million par semaine, alors que la moyenne en Europe est de 1 million. En poulet de chair, la production hebdomadaire des couvoirs français est de 15 millions de poussins, alors qu’un seul couvoir allemand produit 18 millions par semaine. Face aux poids lourds des pays voisins, l’amortissement du coût génétique par le volume de poussins est plus difficile en France.

Biosécurité et réponse aux attentes sociétales

Des investissements sont également nécessaires pour moderniser les outils. « Pendant longtemps la priorité en France a été un poussin pas cher, analyse Gilles Huttepain, directeur de LDC Amont. Les couvoirs allemands, belges, danois ont eu plus de marge et ont pu investir. La France a pris du retard par rapport à l’Europe du nord, l’Espagne, la Pologne où des couvoirs se montent. Le secteur doit investir pour gagner en compétitivité et répondre aux attentes de poulet label au prix du standard et de produits plus élaborés. » Un autre enjeu est la biosécurité. « Cela passe par la formation des éleveurs et des salariés, par des équipements et par la dispersion des outils, estime Gwenaël Boutin, directeur général du couvoir de la Mésangère-Orvia. Auparavant, on localisait les élevages au plus près des couvoirs ; aujourd’hui, il faut s’en éloigner pour assurer la biosécurité." Un autre défi essentiel est la réponse aux attentes sociétales sur le bien-être animal. « Nous devons aussi investir pour épointer et dégriffer au couvoir », souligne Christian Lalanne, directeur commercial de Grimaud Frères Sélection. Le sexage des embryons est d’actualité, même si pour l’instant aucune solution satisfaisante aux plans technique et économique n’est disponible estiment les accouveurs. La compétitivité du secteur passe aussi de nouveaux marchés. En 2016, 28 % des 970 M€ de chiffre d’affaires du secteur (hors caille) ont été réalisés à l’export dans plus de 80 pays. « En France, la dinde est en déclin, constate Damien Haussent, directeur commercial et marketing d’Hendrix Genetics. Mais il y a d’autres marchés à explorer, en Europe, notamment en Espagne, où les ventes augmentent de 4 à 5 % par an, mais aussi au Moyen-Orient, en Russie, en Afrique. » De nouvelles stratégies peuvent aussi être envisagées. « Des synergies, voire des partenariats, sont possibles pour peser davantage et être plus agiles », estiment les accouveurs.

 

Un secteur qui reste segmenté

L’accouvage français reste encore très segmenté, du fait de son histoire d’entreprises familiales qui ont tardé à s’adapter, mais aussi parce que la France a cette spécificité unique au monde de produire toutes les volailles à une échelle importante : poulet, dinde, canard, pintade et caille de chair, œufs de poule et de caille, foie gras de canard et d’oie, faisan et perdrix pour la chasse, pigeon de chair. En 2016, 84 entreprises de sélection-accouvage exploitaient 112 couvoirs et travaillaient avec 1 100 éleveurs en contrat, pour 22 millions de volailles d’un jour produites par semaine.

Le nombre d’établissements a fortement baissé en dix ans. En Gallus chair et ponte, il est passé de 77 en 2006 à 50 en 2018 (43 en chair et 7 en ponte). Il reste 9 couvoirs en dinde (16 en 2006), 29 en palmipèdes (45 en 2006), 6 en pintade (11 en 2006). En caille, 4 couvoirs sont exploités par deux opérateurs. En gibier, le syndicat des accouveurs recense 9 couvoirs principaux, mais subsiste une myriade de petits faiseurs mal connus pour un faible volume. Ces outils sont répartis sur un peu partout en France, mais la Bretagne et les Pays de la Loire, qui produisent toutes les espèces, concentrent l’essentiel. Le Sud-Ouest est très présent en palmipèdes à foie gras et poulet coloré à croissance lente.

 

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