« J’autofinance mes abris photovoltaïques et je valorise le parcours de mes poules »
Des détenteurs de parcours comme Olivier Sourdin investissent eux-mêmes dans des abris photovoltaïques pour améliorer le confort des volailles, mais aussi pour un équilibre financier quasiment atteint dès la première année.
Des détenteurs de parcours comme Olivier Sourdin investissent eux-mêmes dans des abris photovoltaïques pour améliorer le confort des volailles, mais aussi pour un équilibre financier quasiment atteint dès la première année.
Olivier Sourdin, producteur d’œufs bio en Ille-et-Vilaine avec 12 000 poules, a démarré la production d’électricité de son installation de 230 kilowatts-crête au mois de juillet 2023, comprenant 35 abris photovoltaïques de 16 m2 installés par Triangle Élevage l’hiver précédent.
Un système simple et réversible
Il a opté pour de petits abris car il ne voulait pas de dés en béton sur sa parcelle de 5,5 hectares. « Nous proposons deux systèmes, avance Simon Dantan, directeur commercial de Triangle Élevage, fournisseur d’abris photovoltaïques pour parcours avicoles depuis 2020. À savoir de petits systèmes faisant jusqu’à 40 m² (5 m x 8 m) avec un ancrage par quatre pieux battus, ou bien une structure de 240 m² (12 m x 20 m) avec pied central pour faciliter l’entretien du terrain. »
Les petits abris ont l’avantage d’être très rapides à installer, comme à enlever. Boulonnés à un pied battu, les poteaux sont reliés deux par deux avec un support horizontal, puis les panneaux photovoltaïques y sont fixés pour former une table inclinée sud/nord.
Le plus gros du travail a été l’enfouissement des lignes électriques reliées aux trois onduleurs, tous regroupés chez Olivier Sourdin. Ici, un quatrième est dédié à une seule table. « J’ai gardé un abri pour l’autoconsommation du site. Il fournira environ 6 000 kilowattheures sur les 11 000 kilowattheures consommés, ce qui coûtera moins que d’acheter. »
Résultats économiques garantis
Ayant déjà installé des panneaux sur la fumière des vaches logées sur l’exploitation historique, l’éleveur n’est plus un novice du photovoltaïsme. « Je suis arrivé à l’équilibre financier dès la première année. Je dégage un peu de bénéfice que je conserve pour remplacer les onduleurs. »
Le business plan des poules a donc été rapide à calculer. Avec le dispositif technique choisi, il fallait compter un investissement d’environ 1 000 euros par kilowatt-crête installé, soit 230 000 euros, plus le raccordement (27 000 €). Olivier remboursera 21 000 euros d’annuités à sa banque et un peu moins de 1 000 euros d’assurance. « Nous incitons nos clients à investir eux-mêmes, souligne Simon Dantan, mais certains préfèrent percevoir un loyer et alors nous investissons à leur place. »
Quant aux recettes d’Olivier Sourdin, elles sont garanties par le contrat de revente totale, au tarif garanti vingt ans. « J’ai obtenu 0,11 euro du kilowattheure, ce qui fera 22 000 à 24 000 euros annuels, estime l’éleveur qui table sur une production de 850-950 kilowattheures par kilowatt-crête installé. Je ne crée pas de charges. Le système s’autofinance et il n’entame pas ma trésorerie. À terme, ce sera un apport de trésorerie à l’exploitation et un complément pour la retraite, plaisante Olivier Sourdin. Cela me rend plus serein et plus confiant dans la pérennité de mon exploitation. »
Un parcours de meilleure qualité
Avec une installation récente et des poules claustrées par la grippe aviaire, l’éleveur breton n’a pas encore mesuré l’impact des abris. En revanche, d’autres oui. Loïc Lacroix et Johane Berthier sont deux récents éleveurs de poulets label rouge, le premier en Saône-et-Loire le second dans le Loir-et-Cher, qui se sont équipés d’abris similaires en 2021. « Grâce à mes 18 abris de 24 m², les poulets explorent le parcours plus loin, d’autant que pour l’instant les arbres sont petits, donc peu ombrageux », constate Johane Berthier. Chez Loïc Lacroix, « avec les fortes chaleurs, les poulets se sont réfugiés sous les 600 m² des 22 abris, ce qui a réduit la mortalité dans les quatre poulaillers. Je trouve aussi qu’ils consomment plus de végétaux. Les abris sont une solution intéressante, en attendant que les arbres grandissent. »
Allier agroforesterie et agrivoltaïsme
La démarche agrivoltaïque d’Olivier Sourdin résulte d’une réflexion initialement agroforestière. « J’avais envie d’améliorer le confort des poules, mais aussi mon revenu. N’ayant pas pu planter de pommiers avec une cidrerie locale, je me suis tourné vers le solaire. »
L’éleveur a gardé cette idée en tête. « À cause de la photo satellite à joindre au dossier qui montrait des emplacements d’arbres qui n’existent pas ou plus, j’ai dû décaler l’implantation des abris d’environ 50 mètres. Pour planter dans cette zone nue, j’ai fait appel aux spécialistes de Breizh Bocage. »
Cette démarche tombe à pic, car « L’œuf de nos villages » (ODNV), son conditionneur d’œufs, renforce son cahier des charges. « ODNV me demande d’avoir 30 arbres par hectare, des abris ombragés pour les poules et des ruches. Objectif déjà atteint avec les abris et les abeilles. »
Trois ans pour aboutir
Chez Olivier Sourdin, il s’est passé trois ans du devis de juillet 2020 au démarrage de la production d’électricité photovoltaïque en juillet 2023. « J’ai dû convaincre l’administration départementale que ce projet serait sans aucune emprise au sol. À l’époque, ce type d’installations était inconnu pour ses agents », commente-t-il. Il a fallu être persévérant aussi avec les banques et les assureurs. Puis le raccordement au réseau électrique a pris beaucoup de retard, « parce que je n’étais pas un dossier prioritaire. Avec son monopole, Enedis fait la pluie et le beau temps. En plus d’être cher, c’est long à cause des intervenants successifs qui ne se coordonnent pas. » Comme tout le monde, Olivier Sourdin a eu droit à la réfaction tarifaire de 60 % (27 000 euros pour un devis à 67 000 euros), mais il s’agace de cet argent public « gaspillé inutilement ».