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« J’ai semé 26 hectares de méteil cette année »

À l'EARL des Grelandes, en Ille-et-Vilaine. Testé en 2015-2016 sur 5 hectares, le méteil occupe désormais une place centrale dans la ration hivernale des 65 Prim’Holstein à 8 500 kg.

Sur la petite route qui mène au lieu-dit La Noé Margat, à Domagné, un panneau fait maison invite les conducteurs à redoubler de vigilance. Des vaches sont susceptibles de traverser la route pour accéder à une pâture. Augmenter la part de l’herbe dans la ration des vaches était d’ailleurs un levier envisagé par Benoît Gérard lors de son installation en 2007 pour améliorer l’autonomie protéique de son élevage. Mais, première limite, la présence de plusieurs routes autour du corps de ferme empêche l’accès aux prairies et le retour des vaches au robot de traite.

Sortir d’une ration hivernale à base d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe et de tourteau de soja était également au programme. Mais l’augmentation de la part d’ensilage d’herbe dans cette ration a eu un impact négatif sur l’état corporel des vaches en début de lactation, leur production laitière et les résultats de repro.  

Un stock de 120 tonnes de matière sèche avec 26 hectares

La solution est ailleurs. Suite à une visite d’élevage organisée par le Ceta 35, Benoît Gérard décide d’expérimenter la culture du méteil sur 5 hectares en 2015-2016. Trois ans plus tard, cette surface a grimpé à 26 hectares. L’augmentation de la surface était indispensable pour pouvoir distribuer 9,5 kg MS par jour et par vache d’octobre à mars. Cela nécessite d’avoir un stock d’au moins 120 tonnes de matière sèche. 

Après quelques expérimentations plus ou moins concluantes, Benoît Gérard a fini par caler un itinéraire technique satisfaisant. Jusqu’ici, le mélange utilisé se composait de féverole (70 kg/ha), de pois fourrager (50 kg/ha), de vesce (15 kg/ha) et de blé (25 kg/ha). « J’utilisais du blé parce que je voulais terminer un stock de semences. Mais désormais, je mettrai du triticale ou de l’avoine. » Certains éleveurs utilisent du seigle fourrager pour ramener plus d’énergie, souligne Martial Chesnais, animateur lait au Ceta 35.

Après la moisson du blé, Benoît fait deux ou trois passages de cultivateurs à un mois d’intervalle à chaque fois. « Je brûle du gas-oil, mais c’est le seul moyen pour ne pas avoir de liseron et de chénopodes sans traiter au glyphosate. » Une MAE phyto est en cours sur l’exploitation.

Un semis en un seul passage et à 3,5 cm de profondeur

La féverole étant sensible au gel, le méteil n’est jamais semé avant le 20 octobre. « Il ne doit pas être trop développé avant l’hiver. » Le mélange est préparé dans un bac à eau. Le semis est réalisé à 3,5 cm de profondeur en un seul passage avec le semoir pneumatique de la Cuma. « Ce type de semoir préserve l’intégrité des graines, quelle que soit leur taille », apprécie Benoît Gérard. Le semis est suivi d’un passage de rouleau dans la foulée ou le lendemain. « Avec un rouleau de 8,20 mètres, il me faut une heure pour faire 10 hectares. » Puis l’éleveur patiente jusqu’en mai. Cette année, Benoît Gérard avait prévu de faucher le 6 mai et d’ensiler le 9 mai. Mais les 15 mm d’eau tombés à cette période ont reporté la fauche au 10 mai. Fauché à plat (jour 1), le méteil est préfané (J 2), andainé (J3) et ensuite ensilé (J4).

Rotation risquée pour la féverole et le pois

Selon les années, le rendement varie de 4 à 6 t MS/ha (environ 29 % MS). « En dessous de 4 t MS/ha, l’intérêt économique du méteil n’est pas évident », prévient Martial Chesnais. «Toutes charges comprises, le méteil revient à 620 euros par hectare à l’EARL. » Benoît Gérard en est bien conscient. « Il faut d’abord que je sois ok techniquement pour mesurer l’intérêt économique du méteil », précise-t-il.

Par ailleurs, avec 100 hectares de SAU et 25 hectares de méteils par an, la culture est rapidement de retour sur une même parcelle. Est-ce que cela pourrait avoir un impact ? « Un retour tous les quatre ans sur une même parcelle permet encore de bien maîtriser le botrytis, les nématodes, les aphanomyces, surtout lorsque c’est récolté en ensilage », indique Martial Chesnais.

Une fauche à plat à 12-13 cm de hauteur

En 2017, un début de fauche trop basse dans un champ caillouteux a rapidement mis en danger l’ensileuse. La récolte a finalement été réalisée avec l’autochargeuse de la Cuma. L'essai a été peu concluant. « La coupe était moins bonne. Certains brins étaient trop longs. L’ensilage a été plus difficile à tasser. Il s’est mal conservé et avait tendance à chauffer à la reprise. » La présence de terre dans les andains et l’absence de conservateur dans le silo ont conduit à deux pénalités butyriques. Depuis, Benoît Gérard fauche à plat à 12-13 cm de hauteur. Il utilise systématiquement un conservateur à base de bactéries. « Avec des pénalités butyriques à 6 €/1 000 l, on rentabilise vite le conservateur (120 € pour 50 t en vert). »

Avis d’expert : Martial Chesnais, Ceta 35

" Le méteil a permis de réduire de 25 % l'achat de correcteur "

" L’emploi du méteil dans la ration des vaches laitières à hauteur de 10 kg/VL/j a permis de diminuer de 25 % l’achat de correcteur azoté (de 120 g à 88 g équivalent soja par litre de lait produit, soit -32 g/l) durant la période de distribution. Et même si c’est difficilement mesurable, Benoît Gérard a observé une amélioration de la santé des animaux et des performances de reproduction (meilleure expression des chaleurs, moins de vaches qui coulent). Avec un niveau de production par vache plus faible qu'à l'EARL, on pourrait également observer des valeurs plus faibles de correcteurs apportés. Pour une vraie recherche d’autonomie, le pâturage apporte une vraie complémentarité aux rations méteils hivernales. La culture du méteil nécessite de bonnes terres qui se ressuient bien et de la technicité. Benoît bénéficie d’une Cuma bien équipée, avec notamment un semoir pneumatique équipé d’une double trémie qui permet aussi de semer une prairie sous couvert de méteil. "

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