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Installation en bovins viande : « J’ai dû adapter mon projet bâtiment au contexte économique »

Au moment de son installation en 2021, Nicolas Viel, éleveur de charolaises dans le Calvados, s’est lancé dans un projet de construction de bâtiment par étapes. Il a dû en effet s’adapter à la flambée des coûts de construction tout en remodelant son système en bio.

À Livarot-Pays-d’Auge, dans le Calvados, Nicolas Viel est installé depuis avril 2021. Son plan d’installation comprenait l’augmentation de l’effectif des vaches de 40 à 60. Le jeune éleveur a étudié à ce moment-là, avec l’accompagnement du service bâtiment de la chambre d’agriculture de Normandie, la construction d’une stabulation sur le site de la ferme familiale.

« Les bâtiments sont bas et peu profonds, et je voulais loger les vaches avec leurs veaux de façon plus fonctionnelle. Je souhaitais aussi avoir tous les animaux sur le même site. Mais entre l’exploitation et la plus grande partie des prairies se trouve une commune à contourner par une déviation. J’ai donc décidé de créer un nouveau site qui dessert beaucoup mieux le parcellaire des pâtures », explique l’exploitant.

Nicolas Viel a relancé à peu près le même projet bâtiment, mais sur un site créé de toutes pièces dans un pré. Celui-ci est en bord de route, donnant un accès direct à 20 hectares de prairies, 30 autres hectares tous proches et un autre bloc de 20 hectares à seulement deux kilomètres. Le lieu choisi est aussi juste en face de la maison de ses grands-parents.

Deux bâtiments plus petits au lieu d’un grand

Entretemps, Nicolas Viel avait effectué un virage dans la conduite du troupeau, faute de débouchés satisfaisants en filière bio. Alors qu’il était en système naisseur engraisseur de bœufs, il a décidé de vendre des broutards et vise à terme d’atteindre un effectif d’environ 80 vêlages avec des naissances de février à mars en système naisseur. « J’ai pensé un moment partir sur un bâtiment pour 80 mères suitées. Mais par rapport aux premiers devis que j’avais lancé, les tarifs avaient augmenté de 30 % dans l’ensemble », explique-t-il.

Pour être raisonnable tout en profitant de sa période JA pour lancer les investissements, il a décidé d’entreprendre les travaux à petits pas. C’est une façon de répartir les risques financiers. « Avoir deux bâtiments au lieu d’un grand a aussi des avantages sur le plan sanitaire et esthétique. »

« Les devis varient énormément d’une entreprise à l’autre. J’en ai fait faire beaucoup et ça vaut le coup. Ça prend du temps, mais ça permet d’apprendre des choses en discutant avec les entrepreneurs et de faire des économies », observe Nicolas Viel.

Charpente en bois et bonnes surfaces de vie

Il a démarré par une stabulation simple, assez ouverte, pour 48 vaches suitées. Nicolas Viel a choisi une charpente en bois. « C’est joli, plus chaleureux et moins humide, et aussi plus facile à travailler pour fixer les tubulaires », estime-t-il. La charpente est en lamellé-collé et les poteaux en chêne. Le mur du fond est bardé en claire-voie ce qui apporte une belle luminosité. Nicolas Viel a aussi affecté une bonne surface d’aire paillée par couple mère veau, de 11,3 m2. « Tant qu’à faire, autant financer un mètre carré de plus à la construction et avoir moins de pression sanitaire et de risque d’accident sur les veaux. » Un trottoir autocurant de 2 m de large et 50 cm de haut a pour objectif de ne pas avoir à curer au cours de l’hiver.

Le projet s’est adapté à la topographie du pré, avec une ouverture orientée à l’Est, à l’opposé des vents dominants et le respect de la distance de 35 m de la route. Un espace suffisant a été prévu à l’entrée du site pour manœuvrer avec des engins aux dimensions importantes. Les deux hectares de pommiers à cidre ont été préservés et fourniront un pré ombragé pratique juste devant la stabulation. C’est aussi un atout pour l’aspect paysager du projet. Un des côtés du bâtiment est ouvert ce qui laisse la possibilité de faire une extension. En attendant, ce côté sera bouché avec des bottes de paille si besoin.

La stabulation ne porte pas de panneaux photovoltaïques. « L’orientation n’est pas très favorable mais il sera possible plus tard d’équiper le bâtiment car la structure est suffisamment portante », souligne l’éleveur.

Lire aussi notre dossier : Des bovins bien logés sous les panneaux

Aspect paysager et possibilité d’extension

Un bâtiment pour le stockage du foin et de la paille a été implanté en contrebas de la stabulation, à l’entrée du site. Le long de la route à l’entrée est également stocké l’enrubannage (l’éleveur ne fait pas d’ensilage).

Nicolas Viel s’engage maintenant dans la conception du second bâtiment avec le prochain dépôt de permis début 2024. Il a déjà une expérience mais sait aussi comme cette période de travaux est lourde. Au final, cette phase de construction s’étalera sur quatre à cinq ans.

Environ 4 000 euros par place de couple mère veau

Les travaux se sont déroulés entre la fin 2022 et le printemps 2023. L’éleveur a fait fonction de maître d’œuvre, ce qui est très exigeant quand on est seul sur l’élevage. Il a aussi posé seul les tubulaires. L’investissement s’évalue à 180 000 euros environ (terrassement : 30 000 euros, maçonnerie et charpente : 126 000 euros, tubulaires : 25 000 euros). « Sans les aides il n’y aurait pas de bâtiment », reconnaît Nicolas Viel. En tant que JA et en bio en région Normandie, il a été éligible à un taux d’aide de 45 % de l’investissement hors taxe. « Ce qui coûte, ce sont les travaux mal anticipés. J’ai à peu près 20 000 euros de dépassement hors subventions pour les raccordements au réseau de l’eau et de l’électricité », regrette-t-il.

 

« Un accompagnement de la réflexion au permis de construire »

David Perdrix, conseiller expert bâtiment de la chambre d'agriculture de Normandie
David Perdrix, conseiller expert bâtiment de la chambre d’agriculture de Normandie

« Nous accompagnons l’éleveur de la réflexion sur le projet de bâtiment à l’obtention du permis de construire. C’est son projet à lui, et on s’adapte à ses attentes tout en lui apportant notre expertise. Dès l’avant-projet, nous pointons les contraintes environnementales et réglementaires, le choix d’un couplage à une installation photovoltaïque, une estimation des coûts de son projet… Nous réalisons la demande d’autorisation d’urbanisme jusqu’à l’obtention du permis de construire. Nous l’accompagnons pour toutes les formalités administratives pour mener le projet jusqu’à terme sans surprise. »

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