Incendie dans les Pyrénées-Orientales : la déprise agricole en cause
A Cerbère, ravagé ce week-end par le feu, seules les vignes entretenues ont résisté, jouant leur rôle de pare-feu. En revanche, les hectares d’anciennes vignes abandonnées ont flambé, comme le déplore le président du syndicat des vignobles de la Côte Vermeille.
A Cerbère, ravagé ce week-end par le feu, seules les vignes entretenues ont résisté, jouant leur rôle de pare-feu. En revanche, les hectares d’anciennes vignes abandonnées ont flambé, comme le déplore le président du syndicat des vignobles de la Côte Vermeille.
Les photos de la commune de Cerbère, village de la côte Vermeille dans les Pyrénées-Orientales, sont très parlantes. Le 16 avril, le feu a ravagé près d’un millier d’hectares en quelques heures et quasi « aucune vigne n’a brûlé à l’exception de quelques ceps échaudés », tient à souligner Romuald Peronne, viticulteur et président du syndicat des vignobles de la Côte Vermeille, qui réunit trois caves coopératives et une cinquantaine de vignerons indépendants des appellations collioure et banyuls. « En revanche, les trois quart des surfaces qui ont brûlé étaient d’anciennes vignes abandonnées », pointe-t-il. Le reste étant la forêt domaniale de Cerbère. Les pertes pour l’appellation ne devraient pas dépasser 1% de la récolte.
Les vignes entretenues ont joué leur rôle de coupe-feu
Certes la sécheresse hivernale a contribué à la propagation rapide de l’incendie mais selon le responsable professionnel « la déprise agricole est le facteur numéro un de l’incident ». « Les vignes entretenues ont joué leur rôle de coupe-feu », souligne-t-il.
Après-guerre, « les vignes couvraient 5000 hectares sur les quatre communes de Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère, aujourd’hui on ne compte plus que 1500 hectares, on perd 20 à 30 hectares par an », explique Romuald Peronne. « Le village de Cerbère est le plus déserté pour plusieurs raisons », poursuit-il, citant des sols plus pauvres, des pentes plus rudes et des coteaux non mécanisables.
Je ne connais que la vigne capable d’éviter les incendies
En septembre 2015, un incendie avait coûté la vie à une femme pompier volontaire dans la même zone. « Aujourd’hui, heureusement il n’a pas eu de décès, mais l’incendie a été encore pire, la déprise ayant poursuivi son chemin depuis 8 ans ». Ce qui met en colère le président des vignerons. « La garrigue est une bombe à retardement, je ne connais que la vigne capable d’éviter les incendies », déclare-t-il.
Si rien n’est fait, il en est persuadé, des incendies à répétition sont à prévoir sur Cerbère. « La solution ne passe pas par la replantation de 1000 hectares de vignes, cela risque de déréguler le marché », analyse Romuald Peronne.
Un plan de relance face à la déprise
Le vignoble, aux faibles rendements, est en difficulté, selon une grande étude commanditée par le jeune président ; seule la moitié serait rentable. Face à ce constat, un plan de relance à 30 ans a été présenté fin mars, dont l’un des objectifs serait de reconquérir les parcelles à plus de 300 mètres d’altitude sur des coteaux plus frais pour faire davantage de vin sec Collioure.
Romuald Peronne veut croire à la restructuration du vignoble vers des projets d’avenir mais se désespère du manque de considération de la vigne sur le territoire.