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ZNT : choisir le bon couvert pour optimiser les bénéfices et réduire les risques

Les zones non traitées sont désormais une obligation à proximité des habitations. Quelles espèces semer, quel entretien, quel coût, quelles aides ? Quels sont les pièges à éviter ? Retour d’expériences dans le Nord, l’Île-de-France et l’Alsace.

Pour Thierry Desforges, agriculteur à Itteville dans l'Essonne, l'enjeu est de maintenir des ZNT propres et entretenues. Une gageure pour ces bandes au contact des habitations, vite transformées en décharge. © C. Baudart
Pour Thierry Desforges, agriculteur à Itteville dans l'Essonne, l'enjeu est de maintenir des ZNT propres et entretenues. Une gageure pour ces bandes au contact des habitations, vite piétinées ou transformées en décharge.
© C. Baudart

À proximité des habitations, les prochains emblavements devront s’adapter à l’obligation d’implanter des zones non traitées (ZNT) sur 5 mètres ou 3 mètres (20 m dans de rares cas). Comment gérer ces surfaces ? « Il ne faut surtout pas semer la culture », rappelle Laurent Hoguet, conseiller au GRCeta de l’Évreucin, dans l’Eure. Le risque d’un développement non maîtrisé des adventices est trop élevé. Il ne faut pas non plus laisser le sol nu (sans quoi ces surfaces ne sont pas admissibles aux aides PAC) mais prévoir d’implanter un couvert.

Cette bande pourra être définie comme surface d’intérêt écologique (SIE) au titre de la prochaine déclaration PAC dans la catégorie jachère, mais quelle espèce semer ? Plusieurs stratégies sont envisagées par les techniciens et par les agriculteurs. Pour favoriser les auxiliaires et l’esthétique, on peut opter pour les bandes fleuries. Des essais conduits à Brunemont dans le Nord par la chambre d’agriculture ont permis d’étudier l’intérêt de semis de plantes messicoles sur les ZNT. En offrant habitat et nourriture aux oiseaux et insectes, elles participent indirectement à la lutte contre les ravageurs des cultures.

Ces bleuets, saponaires, alchémille et autres renoncules ont comme point commun de lever comme les céréales et de fleurir en même temps, à l’épiaison des blés. « Techniquement, l’implantation n’est pas toujours évidente, détaille Denis Risbourg, conseiller agricole à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais. En cas de printemps sec, comme cette année, le taux de levée n'est pas toujours parfait et le salissement des parcelles est alors rapide. Parmi les espèces semées au printemps, la phacélie et la bourrache ont montré un bon pouvoir concurrentiel. Globalement, un semis à l’automne donne de meilleurs résultats, sauf pour la phacélie. » Reste qu’implanter une bande fleurie coûte cher : entre 700 et 1 000 euros de l'hectare.

Des ZNT que l’on peut récolter

Pour minimiser les coûts, le plus simple est d’implanter une fétuque. Semée entre 20 et 25 kilos à l'hectare à la volée ou avec un semoir en ligne, cette graminée est réputée pour sa facilité d’implantation et coûtera moins de 90 euros hors taxes de l'hectare. Elle pourra être maintenue en place pendant quatre ans. Au-delà, attention : le couvert sera considéré comme une prairie permanente au titre de la PAC.

Plutôt que d'opter pour une jachère, on peut tenter d'implanter une culture qui sera exploitée, utilisable par des éleveurs ou pour faire une semence d’interculture. Des espèces rustiques comme le triticale, l’avoine ou le seigle sont en mesure d’occuper ces zones non traitées. « La conduite de ces ZNT se rapproche alors des pratiques en bio, détaille Denis Risbourg. Dans nos essais, ces céréales semées à haute densité (350 g/m2) assurent un bon pouvoir couvrant qui maintient un sol propre. » Reste à trouver le moyen de récolter des bandes de 3 ou 5 mètres de large…

Limiter l’entretien pour dissuader les badauds

Autre point : comment éviter que ces ZNT de graminées ne soient assimilées à des chemins de balade, à des aires de sport ou de barbecues, voire à une décharge municipale ? Pour réduire le risque d’un usage de loisir, la solution la plus efficace est de limiter l’entretien à une fauche par an. L’information auprès des riverains est un plus, qui limitera peut-être les dépôts de déchets verts. Cette problématique n’est pas à prendre à la légère. De nombreux agriculteurs sont déjà confrontés à des découvertes très désagréables en bordure de champ.

Thierry Desforges, agriculteur à Itteville dans l'Essonne, au sud de Paris, en sait quelque chose. Sur son exploitation, les ZNT vont réduire la SAU de 3 %. Et au-delà de la perte de surface exploitable, il craint pour la propreté de ces bandes au contact des habitations. « J’ai déjà une SIE en bordure d’une zone pavillonnaire et les gens y jettent leurs branches et déchets de tonte. Rien que cette année, avec mon télescopique, j’ai repassé trois godets de verdure par-dessus les clôtures. Ça donne lieu à de bonnes discussions mais les gens ne comprennent pas qu’ils n’ont pas le droit de faire ça. »

Pour l’agriculteur, qui communique pourtant via les réseaux sociaux avec ses concitoyens, l’enjeu est désormais de « réussir à faire des ZNT qui soient propres et entretenues ». Il a proposé à la commune de participer à l’implantation de couverts fleuris. Une proposition restée pour l’instant sans réponse mais qui ailleurs fait son chemin.

Vers des ZNT utiles et rémunérées ?

La FDSEA du Bas-Rhin propose par exemple à des municipalités d’y semer des plantes mellifères contre rémunération des agriculteurs, à hauteur de 2 000 euros par hectare et par an. « Nous essayons de valoriser ces espaces en proposant des contrats aux communes », indique Yohann Lecoustey, directeur du syndicat de producteurs. Ce contrat assure aux municipalités des entrées de villages soignées, environnementalement et esthétiquement exemplaires. Les premières communes formaliseront leur engagement avant l’automne. La proposition semble pertinente tant le coût d’implantation, la perte de surfaces, le temps passé, bref, la dépense liée à ces ZNT est au cœur du mécontentement des agriculteurs.

Jachères sur ZNT : attention aux conditions d’entretien

Les zones non traitées peuvent être déclarées comme jachères, ce qui impose une couverture du sol. Pour cela, de nombreuses espèces sont autorisées, y compris sous forme de repousses (la liste est définie au niveau départemental). Par définition, les jachères ne doivent pas être exploitées (récoltes ou pâturage), sauf dérogation, par exemple en cas de sécheresse, comme c’est le cas depuis deux ans dans certains départements. Il faut aussi veiller à respecter les règles d’entretien, soit un fauchage ou un broyage, pendant les périodes autorisées. Les dates sont fixées dans chaque département. Il est aussi possible d'en faire des jachères mellifères (avec un coefficient SIE plus intéressant qu'une simple jachère) à condition d'utiliser un mélange d'espèces adapté.

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