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Variétés de blé tendre : adopter progressivement la nouvelle génétique pour rester au top

Surfaces, profil des variétés, timing… Pour rester à la page du renouveau variétal proposé par les semenciers et testé par les distributeurs, quelle stratégie adopter sur son exploitation ?

Parcelle de blé tendre fin mai dans le Nord
Le renouvellement variétal doit à la fois sécuriser le producteur et son collecteur. C'est pourquoi la moitié de la sole au moins doit être composée de variétés de référence régulières en productivité.
© V. Charpenet

Après plusieurs années marquées par la domination des variétés de blé tendre telles que Chevignon (16 % des surfaces en 2023) et KWS Extase (7,2 %), le renouveau génétique est en cours. Car même les meilleures finissent par craquer face à l’assaut des maladies. « Les pathogènes s’adaptent et les variétés de référence vont devenir progressivement moins résistantes », observe Philippe Pluquet, responsable du pôle agronomie et innovation de la coopérative Noriap.

S’ajoute à cela la survenue plus fréquente d’aléas climatiques comme la sécheresse qui nécessite également une adaptation variétale sur le terrain. Pour rester performant et sécuriser sa production, il est donc nécessaire de faire évoluer progressivement les variétés de blé tendre de son assolement.

Un renouvellement variétal dynamique en blé tendre

Les distributeurs (coopératives et négoces) effectuent généralement plusieurs années d’essais, au minimum deux ans, dans différents contextes pédoclimatiques, avant de les proposer à la commercialisation aux agriculteurs. Malgré cela, l’adoption d’une nouvelle variété doit se faire progressivement. « Généralement, on conseille de le faire sur 20 % maximum de la surface », avance Philippe Pluquet. Il constate que les changements se font souvent après une déception, que ce soit en matière de rendement, de maladie ou de qualité. Vincent Heip, responsable semences de la coopérative Lorca en Moselle et Meurthe-et-Moselle, considère pour sa part que le niveau de sécurité se situe à 60 % de variétés historiques qui offrent une régularité de productivité.

Les années sont plus ou moins fastes en termes d’inscriptions de nouvelles variétés au catalogue officiel des espèces et variétés de plantes cultivées (CTPS). « Après plusieurs années avec peu d’inscriptions, on assiste actuellement à un renouveau génétique plus important », constate Vincent Heip. 46 nouvelles variétés de blé tendre ont en effet été inscrites en 2023, contre 29 en 2022 et 33 en 2021. « On est sur une bonne dynamique sur la génétique blé tendre avec une orientation forte sur la tolérance aux maladies », confirme Kévin Larrue, responsable service agronomie et innovation chez Océalia. Face à cette nouvelle offre qui arrive progressivement comment intégrer ses variétés sur son exploitation ?

Des critères de choix qui évoluent

Les variétés prometteuses pour demain diffèrent en fonction des régions. Si dans les dernières décennies certaines variétés ont su s’imposer sur l’ensemble du territoire français, l’avenir pourrait être à plus d’adaptation variétale en fonction des zones de production. Les caractéristiques de rusticité pour résister aux maladies et aux aléas climatiques comme la sécheresse sont de plus en plus demandés par les agriculteurs, même si les critères de rendement et de qualité (protéines et poids spécifique) restent importants pour eux comme pour leurs collecteurs.

Les distributeurs se doivent donc de proposer suffisamment de variétés pour trouver celles qui seront adaptées aux différents types de sol, aux dates de semis ou à toute autre problématique spécifique à une zone (sécheresse, insectes, maladies…). « Nous avons un pool de 10-12 variétés, illustre Vincent Heip. Au côté de trois ou quatre variétés historiques sécurisantes, on propose en général des innovations testées par la coopérative pour répondre à des problèmes spécifiques. » Le responsable semences de la coopérative Lorca recherche des variétés montrant du potentiel dans les terres superficielles, notamment dans des situations de sécheresse. « Le levier génétique est le facteur numéro 1 face aux problèmes climatiques », estime-t-il.

Dans l’Ouest, Kévin Larrue note que « de nombreux producteurs utilisent leurs semences de fermes, mais achètent tous les ans des semences certifiées pour bénéficier des dernières innovations en génétique blé ». Des critères rationnels permettent aux agriculteurs de faire leur choix variétal, mais il existe aussi une dimension psychologique observe le responsable agronomique d’Océalia. « La présentation visuelle d’une variété compte également dans son développement », assure-t-il.

Jean Doyen, agriculteur à Malavillers en Meurthe-et-Moselle

« Nous testons une ou deux nouvelles variétés chaque année »

Jean Doyen agriculteur à Malavillers en Meurthe-et-Moselle dans sa parcelle de blé
Pour répartir le risque, Jean Doyen, agriculteur en Meurthe-et-Moselle, sème indépendamment chaque année quatre à cinq variétés de blé tendre. © J. Doyen

« Pour limiter le risque, je sème indépendamment chaque année quatre à cinq variétés de blé tendre sur mon exploitation. La moitié de la sole est composée de variétés confirmées telle que Chevignon, variété que nous avions justement testée avant qu’elle ne devienne une référence. Pour le reste, nous cherchons à équilibrer entre des variétés avec des atouts sur la qualité et des variétés qui montrent un bon comportement face aux maladies. En général, nous testons chaque année une ou deux nouveautés proposées par la coopérative. Cette année, j’ai testé la variété Intensity sur le critère qualité pour la première fois, en plus de Junior et de Sphère que je cultive depuis quelques années. L’an prochain, je compte essayer KWS Perceptium.

Concernant, les critères, on voudrait des moutons à cinq pattes ! Mais j’observe notamment leur résistance par rapport aux maladies. Après moisson, j’effectue des mesures de rendement pour chaque variété. »

Gaec du Rudemont, 500 ha de grandes cultures dont 200 ha de blé et 20 à 30 ha de multiplication de semences pour la coopérative Lorca. Le reste en colza, tournesol, maïs, pois, orges de printemps et d’hiver. Sols calcaires.

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