Prix des céréales : « Je minimise les pertes en étalant la vente de ma production »
Julien Pionnier, agriculteur dans le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir, à Saint-Denis-Lanneray, cale la vente de sa récolte en fonction de ses besoins de trésorerie.
Julien Pionnier, agriculteur dans le Loir-et-Cher et l’Eure-et-Loir, à Saint-Denis-Lanneray, cale la vente de sa récolte en fonction de ses besoins de trésorerie.

Installé depuis 2014 sur une exploitation de grandes cultures, je raisonne la commercialisation de mes grains en fonction de mes besoins de trésorerie. Je me cale notamment sur mes échéances d’emprunts et les factures d’intrants à régler ; mon objectif étant de ne jamais être à découvert.
C’est très compliqué de faire face à la volatilité, j’essaye de minimiser les pertes en étalant la vente de ma production, je vends environ un tiers de ma récolte au moment de la moisson, parfois jusqu’à 50 %, un autre tiers est vendu avant fin décembre et les derniers enlèvements se font en avril - mai. Je peux parfois m’engager sur des échéances plus lointaines mais jamais avant la récolte, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver avec les aléas climatiques que nous connaissons de plus en plus. Je dispose aujourd’hui d’une capacité de stockage en cellules intérieures de 1 800 tonnes. Deux tiers de ma production est vendue au négociant Cereapro, le reste est vendu à la coopérative Scael en départ moisson en l’Eure-et-Loir et à la société Agri-Négoce, dans le Loir-et-Cher.
Pour la récolte 2023, cette stratégie s’est avérée payante, mais ce n’est malheureusement pas le cas tous les ans : ce qui a été le mieux valorisé en blé tendre a été vendu au moment de la moisson aux alentours de 230 euros la tonne. En orge d’hiver, les prix étaient encore à 195 euros la tonne. Le fait d’avoir réparti mes ventes me permet d’obtenir un prix moyen qui couvre mes coûts de production. Je ne cherche pas à faire de bons coups, ni à vendre toute ma production au prix maximum, seulement à avoir une moyenne correcte. Toujours dans une optique de sécurisation, depuis trois ans, j’ai mis en place de la déduction pour épargne de précaution (DEP) à hauteur de 70 000 €.