« Pour l’implantation du colza, limiter au maximum le travail du sol pour maintenir la fraîcheur »
Le colza est une plante exigeante sur la structure du sol, surtout avec des semis effectués en plein été. Chargé d’études sur l’agronomie et les systèmes de culture chez Terres Inovia, Stéphane Cadoux apporte ses conseils pour la préparation du sol au semis.
Le colza est une plante exigeante sur la structure du sol, surtout avec des semis effectués en plein été. Chargé d’études sur l’agronomie et les systèmes de culture chez Terres Inovia, Stéphane Cadoux apporte ses conseils pour la préparation du sol au semis.
Comment réfléchir à la préparation des prochains semis de colza ?
Stéphane Cadoux - Avant de toucher au sol, il est utile de diagnostiquer son état structural car cela conditionnera le choix du type de préparation. Pour cela, nous proposons un test bêche simple à mettre en œuvre. Idéalement, ce test s’effectue avant la récolte du précédent quand le sol est encore humide. En situation sèche, le sol est dur et le diagnostic est alors beaucoup plus difficile à poser. Dans chaque parcelle, trois prélèvements de la profondeur et de la largeur d’une bêche seront réalisés dans des zones représentatives du champ. Ensuite, il faut observer le comportement global de la bêchée prélevée et casser les mottes pour en examiner l’état interne… Pour expliquer en détail tout cela et aider à l'interprétation des prélèvements, nous mettons à disposition une brochure et une vidéo.
Comment bien préparer le sol avant un colza ?
S. C. - Chaque préparation l’assèche. Il faut limiter au maximum les opérations de travail du sol pour maintenir la fraîcheur. Le but est d’avoir une bonne structure pour un enracinement optimal du pivot, ce qui garantira l’alimentation de la plante et une croissance dynamique à l’automne. Ensuite, l’état de la parcelle conditionnera le choix du travail du sol : à 10 cm ou à 20 cm de profondeur ou pas de travail du tout.
Quelle date de semis retenir ?
S. C. - La date de semis est un facteur important de réussite. L’agriculteur doit se tenir prêt à semer tôt. Si l’on veut une levée précoce, dans la plupart des régions l’objectif sera de semer à partir de début août, au moins pour les sols superficiels. C’est à adapter à la région et aux parcelles. En outre, le producteur doit être réactif par rapport aux dynamiques de pluies. L’idéal est de semer avant des pluies si les prévisions annoncent au moins 10 mm. En 2019, dans la moitié nord de la France, il a plu beaucoup début août puis il n’y a plus rien eu jusqu’à fin septembre. Des semis précoces ont levé sans problème alors que des semis après le 20 août ont été mis en échec. Chez Terres Inovia, nous avons remarqué des tendances sur les probabilités de pluie. Dans beaucoup de régions, on retrouve des pics de pluviométrie sur fin juillet et avant le 15-20 août. Puis il y a souvent un creux de pluviométrie de fin août à début septembre.
Que conseillez-vous sur les densités de semis ?
S. C. - Dans de nombreuses situations, nous constatons des surdensités. On entend parfois : « la semence, cela ne coûte pas cher : on en met un peu plus. » Ce n’est pas bon car cela favorise des petits pieds, qui sont alors plus sensibles aux dégâts d’insectes. C’est aussi un facteur favorable à l’élongation. Plus on est dans des sols superficiels, plus on cherchera une densité élevée en respectant des limites : 30-35 pieds/m2 à la levée. En sols profonds, 20 à 30 pieds/m2 suffiront. La densité dépend aussi de l’écartement de semis : plus il sera large, plus on réduira la densité. Ces densités de semis se raisonnent en fonction des pertes attendues à la levée, qui dépendent du type de sol et du mode de semis. Il y a moins de pertes en semoir monograine qu’en semis direct.
Comment gérer au mieux les résidus de culture dans le court laps de temps après la récolte du précédent ?
S. C. - Leur présence peut jouer beaucoup. Si l’on restitue la paille au sol, on évitera sa concentration dans le lit de semences car elle risque dans ce cas de prélever de l’humidité et de l’azote au détriment de la levée et de la croissance du colza. Il faut veiller à diluer la paille si l’on travaille le sol. Si la paille est exportée, il y a de gros risques de repousses sous les andains qui se forment avec les pertes de paille. Ces repousses peuvent étouffer le colza. Dans ce cas, on essaiera de faire un faux-semis pour détruire les repousses avant l’implantation du colza. Si besoin, un antigraminées en traitement précoce évitera l’étouffement du colza.
Le colza change de statut après 4 feuilles
Avec une levée précoce, le colza s’implante plus rapidement. S’il dépasse le stade 4 feuilles au moment où les altises arrivent, il sera moins sensible aux attaques. L’objectif est que le colza lève avant le 1er septembre et qu’il arrive au stade 4 feuilles au 20-25 septembre. « À ce stade, le colza change de statut pour passer à un régime de croissance dynamique. Avant 4 feuilles, il met en place le pivot et il ne fait pas vraiment de croissance, souligne Gilles Sauzet, Terres Inovia. Les grosses altises arrivent en masse autour du 20-25 septembre, toujours après une séquence fraîche et humide qui a lieu à la mi-septembre. Autre ravageur d’automne important, le charançon du bourgeon terminal apparaît plus tard, vers le 5-10 octobre. Il est alors important de maintenir le colza dans une croissance dynamique en lui ayant apporté, entre autres, les éléments nutritifs nécessaires : phosphore et azote. »