Aller au contenu principal

Environnement
Pour Harilaos Loukos, président de Climpact, « le réchauffement climatique modifiera l´agriculture »

Le réchauffement climatique est aujourd´hui un fait établi qui aura un impact sur la production agricole. Quelques pistes d´évolution avec Harilaos Loukos, président de Climpact, société de services spécialisée en climatologie.


Y-a-t-il un consensus scientifique sur le réchauffement ?
Harilaos Loukos - Les multiples études sur le sujet convergent sur deux faits. La décennie des années quatre-vingt-dix est la plus chaude depuis 1861 et le vingtième siècle est le plus chaud du dernier millénaire. Au moyen des mesures réalisées dans les bulles de glace, on dispose, d´une estimation de la température du globe et de la concentration en CO2 de l´atmosphère sur les 420 000 dernières années. Ces données montrent qu´on est sorti des variations climatiques normales à l´échelle géologique. Le plus fort pic de CO2, observé en période interglaciaire est de 300 ppm et la concentration actuelle atteint 370 ppm. Globalement, la température à la surface de la Terre a augmenté de 0,6ºC au cours du xxe siècle. Il est établi qu´on ne peut expliquer ces augmentations sans prendre en compte l´activité humaine.
Que disent les projections ? Le réchauffement peut-il être enrayé ?
H. L. - Si les prévisions sont sujettes à incertitudes, elles convergent toutes vers la poursuite du réchauffement global de la planète imputable à l´activité humaine. L´inconnue est l´ampleur finale du réchauffement. La principale incertitude tient au scénario d´émission de gaz à effet de serre retenu en hypothèse. La réalité dépendra du degré d´application du protocole de Kyoto, de la position des USA et des pays en développement et des décisions politico-économiques futures. L´autre source d´incertitudes tient aux modèles climatiques eux-mêmes. Quels qu´ils soient, les modèles et scénarii aboutissent à une poursuite du réchauffement qui oscille entre + 0,5ºC et + 6ºC.
Quel est l´impact du réchauffement sur l´agriculture ?
H. L. - Il y a déjà des indicateurs. Par exemple, on observe en France une tendance à une précocité accrue des vendanges. En Europe, à partir de modèles climatiques et agronomiques, on estime une tendance vers des dates de moisson plus précoces d´environ une à trois semaines sur les trente dernières années.
Et à l´avenir ?
H. L. - Les études distinguent les zones tropicales des zones tempérées. Dans les premières, un concensus converge vers un effet négatif pour l´agriculture. Le réchauffement va accroître l´aridité et renforcer le problème de l´eau. Dans les zones tempérées, les études sont partagées. D´après une étude, le Canada évoluera vers un climat plus tempéré donc plus favorable à l´agriculture. Ailleurs, où le climat est aujourd´hui tempéré, l´augmentation des températures a plutôt un impact négatif mais qui devrait être compensé par un effet fertilisant du CO2. Sa concentration en hausse stimule la photosynthèse. Mais cet effet dépend de la disponibilité en eau et du niveau de fertilisation en azote. On peut aussi craindre une évolution du parasitisme lié à la remontée dans l´hémisphère nord de maladies des régions chaudes.
Qu´adviendra-t-il en Europe ?
H. L. - Au nord, les effets positifs sur la production agricole devraient l´emporter du fait d´une meilleure disponibilité des ressources en eau. Au sud, dans la zone méditerranéenne, les effets positifs seront probablement contrebalancés. D´une part, parce que les cultures pourront subir des températures très chaudes, et d´autre part pour des raisons de ressources en eau insuffisantes. Cependant, on s´oriente partout vers des variations de rendement nettement plus marquées d´une année sur l´autre. Car les phénomènes météorologiques extrêmes seront plus fréquents. L´agriculture devra probablement adapter ses variétés et ses modes de production, son utilisation de l´eau. L´assurance agricole deviendra déterminante pour lisser les impacts économiques.
Pour en savoir plus
 Climpact est une jeune société issue de l´Institut Pierre-Simon-Laplace des Sciences de l´environnement. Elle est spécialisée dans le conseil et les services en climatologie auprès d´entreprises désireuses de gérer des risques climatiques par la prévision. Elle élabore ses services au cas par cas à partir de prévisions journalières à dix jours, mensuelles à six mois, et les prévisions du changement climatique.
 Pour tout complément d´information : contact@climpact.com

Les plus lus

<em class="placeholder">Culture de tournesol soufrant de la sécheresse.</em>
Changement climatique en Nouvelle-Aquitaine : « Une ferme charentaise descend de 8 km vers le sud tous les ans »

En 2050, les températures en Charente seront celles du sud de l’Espagne aujourd’hui, mais le volume de précipitation sera…

<em class="placeholder">Parcelle en jahère.</em>
Jachères de plus de 5 ans : comment les garder en terres arables en 2025 ?

La question de la requalification des jachères de plus de 5 ans en prairies permanentes restait en suspens après les…

<em class="placeholder">Sol nu après une récolte partielle du maïs grain.</em>
Culture secondaire et PAC : des dérogations à leur implantation dans certaines zones

Le contexte météorologique de cet automne 2024 n’ayant permis, l’implantation des cultures secondaires avant le 1er …

<em class="placeholder">Prélèvement d&#039;un échantillon de sol pour une analyse en février 2021 dans un champ de colza en Seine-et-Marne</em>
Phosphore : des analyses de sol incontournables pour mesurer cet élément nutritif

Seule une petite part du phosphore présent dans le sol est assimilable par les cultures. Les analyses de sol apportent des…

<em class="placeholder">commerce des matières premières agricoles / échanges commerciaux de la France avec l&#039;Afrique / exportations / port de Rouen / terminal sucrier de Rouen Robust / chargement ...</em>
Accord Mercosur : quels risques pour les filières sucre et maïs ?

En grandes cultures, les filières sucre et maïs sont concernées par l’accord en cours de négociations entre l’Union européenne…

<em class="placeholder">Romuald Marandet, chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne&quot;La période de septembre à février est idéale pour les travaux sur les ...</em>
Curage des fossés : «La période de septembre à février est idéale, sans formalité administrative la plupart du temps », selon l'OFB de l'Aisne

Chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne, Romuald Marandet précise la réglementation en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures