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Accord Mercosur : quels risques pour les filières sucre et maïs ?

En grandes cultures, les filières sucre et maïs sont concernées par l’accord en cours de négociations entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Les volumes sans droits de douane prévus dans l’accord ne sont pas très conséquents mais viennent s’ajouter à d’autres déjà existants et ne sont pas produits dans les mêmes conditions réglementaires qu’en Europe.

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L'accord prévoit un quota de 190 000 tonnes de sucre sans droits de douane.
© S. Leitenberger

La négociation de l’accord commercial entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur (1) revient sur le devant de la scène. L’inquiétude du monde agricole s’est traduite par une vague de manifestations la semaine dernière.

190 000 tonnes de sucre sans droits de douane

Concernant la filière sucre, les termes actuels de l’accord prévoient la fin des droits de douane sur 190 000 tonnes (t) de sucre brut à des fins de raffinage (actuellement 98 €/t, source CGB). « Des volumes dont l’Europe n’a pas besoin », estime Timothé Masson, responsable du service économie de la confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). D’après le syndicat, l’ensemble des accords de libre-échange existants entre l’UE et d’autres pays permettent déjà d’importer 1,7 Mt, « soit 20 % du sucre consommé dans l’Union européenne, dont le marché est mature ». S’ajoutent à cela les 260 000 t de contingent accordé à l’Ukraine pour exporter du sucre dans l’UE, contre 20 000 t avant la guerre.

L’accord avec le Mercosur concède aussi 450 000 d’éthanol sans droits de douane (utilisation industrielle), soit environ 5,7 millions d’hectolitres (Mhl), et 200 000 t (environ 2,5 Mhl) à droits réduits au tiers de la valeur (tout usage, y compris carburant). D’après la CGB, « ces 8,2 Mhl, à droit réduit ou nul, représente environ 15 % de la production de l’Union européenne, où l’équivalent de ce que produit la France à partir de ses betteraves. »

Près d’un million de tonnes de maïs supplémentaires importées en Europe

Concernant le maïs, l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM) estime, dans un rapport paru en début d’année, que près d’un million de tonnes supplémentaires de maïs pourraient être importées en Europe en cas de signature de l’accord UE-Mercosur pour un total de « 3,4 millions de tonnes équivalent maïs en prenant en compte les produits dérivés de l’amidonnerie, du maïs, de la viande produit avec le maïs ». Ces volumes viendraient s’ajouter aux 25 millions de tonnes déjà importées en Europe (premier importateur mondial de maïs). Dans son rapport, l’AGPM anticipe que « le Brésil pourrait voir ses surfaces de maïs augmenter de 3,8 millions d’hectares d’ici 2032 », tandis qu’en Europe, la culture de maïs pourrait perdre 600 000 hectares supplémentaires. Dans le même temps, la demande européenne en maïs, principalement destiné à l’alimentation animale, est attendue stable ces prochaines années.

Pas de clauses miroirs prévues dans l’accord UE-Mercosur

L’absence de clause relative aux modes de production ainsi que les problèmes de traçabilité sont aussi dénoncés par les représentants des filières. Selon la CGB, au moins 40 substances actives sont autorisées au Brésil et en Argentine mais interdites dans l’UE. C’est le cas de l’atrazine, interdit depuis 2003 en France et 2007 en Europe, et des néocotinoïdes. « 77,5 % des substances actives autorisées pour les producteurs du Mercosur qui exportent leur maïs vers l’UE sont interdites en France », peut-on lire dans le rapport de l’AGPM. La CGB s’inquiète également que l’accord n’intègre « aucune demande de traçabilité relative aux OGM, alors que le Brésil autorise, depuis 2017, la culture de canne transgénique ».

(1) Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie

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