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Pois de printemps : de meilleurs rendements avec des semis précoces

Dans les régions du Nord et de l’Est, des essais de semis précoces fin février à début mars de pois de printemps montrent des gains de rendements par rapport à des semis un peu plus tardifs. Les risques de gels sont peu importants.

Avancer la date de semis est un levier simple pour limiter l’impact négatif du climat sur le pois de printemps. Mais à quel point peut-on semer précocement et quel gain de rendement peut-on en attendre ? C’est pour tenter de répondre à cette question que des essais ont été menés en 2021 et 2022 sur deux variétés de pois de printemps semés à trois dates différentes. « Les meilleurs rendements sont obtenus avec les dates les plus précoces de fin février début mars, comparés à des dates de semis jusqu’à fin mars », constate Aurore Baillet, ingénieur de développement à Terres Inovia. Ainsi, l’essai de Teterchen (Moselle) mené en 2021 montre un rendement de 44 q/ha pour le semis effectué le 25 février, 39 q/ha pour celui du 10 mars et 36 q/ha pour le semis du 25 mars.

« Les gains de rendement ont été de 8 à 16 quintaux par hectare en 2021 et de 2 à 5 quintaux par hectare en 2022 pour des semis de fin février à début mars par rapport à ceux de fin mars début avril », remarque Constance Richard, responsable agronomique à la coopérative Lorca, qui a participé à ces expérimentations. Toutes les composantes de rendements (nombre de gousses par pied, nombre de grains par gousse, poids de mille grains) sont en faveur des semis précoces. « Nous avons également mesuré que la période de floraison, stade critique pour le pois, était moins soumise à des jours échaudants (températures supérieures à 25 °C) avec les semis précoces. De même, le pois subit moins de stress hydrique avec cette stratégie », précise-t-elle.

Risque de gel très modéré avec des semis fin février à début mars

En semant plus tôt, quel est le risque de gel pour le pois de printemps ? « Plus que le gel hivernal, les gelées printanières peuvent être préjudiciables avec pour conséquence une destruction partielle de la culture et un risque accru de bactériose », explique Aurore Baillet. Au stade 2-3 feuilles, la tolérance maximale au froid est de – 10 °C. À 6 feuilles, qui coïncide avec l’initiation florale, cette tolérance diminue à – 5 °C. En se basant sur des données de 2013 à 2022 de stations météo du Grand Est, la probabilité qu’il gèle à l’initiation florale (avril) est faible (20 %) à nul selon les sites pour des semis au 15 février.

« Ce risque de gel printanier n’est pas important, hormis dans les secteurs “froids” de la région Grand Est », commente Aurore Baillet. Il sera d’autant peu élevé que le sol sera bien ressuyé. « Les risques les plus importants sont peut-être dans les régions où les températures sont plus douces comme en Poitou-Charentes, remarque-t-elle. La croissance rapide des pieds de pois peut les amener trop rapidement à leur stade de sensibilité au gel à des dates précoces. »

Le pois peut être également soumis à un risque de gel d’imbibition au moment du semis, à savoir une sensibilité aux températures négatives pendant la phase d’humectation des téguments de la semence qui peut se traduire par des pertes de pieds et de vigueur. « Cette phase de sensibilité est très courte, de deux à trois jours, et elle se concrétise rarement, juge la spécialiste de Terres Inovia. Pour limiter ce risque, nous conseillons d’éviter de semer juste avant une séquence climatique avec des températures négatives et d’appliquer une profondeur de semis de 4-5 centimètres minimum. »

Un sol bien ressuyé et portant pour accueillir les semis

Dans le secteur couvert par Lorca (Moselle principalement), les agriculteurs ont l’habitude de semer les pois à partir du 10 mars. « Il ne faut pas avoir peur de semer un peu plus tôt, à partir de fin février, mais à certaines conditions, souligne Constance Richard. Les sols doivent être bien ressuyés, avec une bonne portance. Après une préparation au cours de l’hiver, il faut éviter de lisser la surface du sol pendant la préparation du semis. »

Les variétés de pois réagissent-elles différemment selon les dates de semis ? « Nous testons une trentaine de variétés par an et avons expérimenté les semis précoces sur les pois Karpate et Kaméléon. Il n’y a pas de différence de comportement lié à ce paramètre, note Constance Richard. Ces deux variétés sont très bien adaptées à notre zone et se comportent bien en semis précoces. »

La Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) a participé aux essais de semis en 2022 en introduisant les dates très précoces du 27 janvier et du 10 février. Les résultats ne sont pas satisfaisants mais restent difficiles à interpréter en raison de mauvaises conditions de ressuyage et un stress hydrique précoce.

Y a-t-il malgré tout un intérêt à précocifier les semis en février dans les Hauts-de-France et le Grand Est ? Faut-il chercher à semer dès janvier compte tenu du risque de gel ? Quid des semis sur sols gelés ?… « L’acquisition de références sur les dates de semis très précoces au-delà des plages habituelles doit se poursuivre dans des contextes pédoclimatiques variés avant d’être transformées en recommandations », considère Aurore Baillet. De nouveaux essais sont prévus début 2023.

Le pois d’hiver non adapté à des semis de janvier

Plutôt qu’avancer les dates de semis du pois de printemps et risquer de l’exposer au gel, serait-il plus judicieux de semer des variétés d’hiver en janvier ou février ? Ce type de pois se montre en effet plus tolérant au gel. Les résultats montrent que, pour cette culture, la période optimale de semis reste du 1er au 15 novembre, dans l’Est et les Hauts-de-France. « Plus les semis sont tardifs à partir de décembre, plus ils sont pénalisés dans leurs rendements, remarque Bastien Remurier, de Terres Inovia, sur la base de résultats d’essais. Le pois d’hiver a plus de chance d’être exposé au stress climatique de fin de cycle s’il est semé en décembre ou en janvier. »

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