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Moisson 2023 : quel rendement en blé et en orge ?

Les rendements des céréales sont bons cette année, surtout pour les orges d’hiver. La qualité a été au rendez-vous mais il fallait récolter avant les pluies survenues fin juillet. Petit tour d’horizon.

Moisson dans l'Indre près d'Issoudun le 7 juillet 2022. Récolte de blé tendre particulièrement précoce, avec du blé Cesario.
Le rendement moyen en blé tendre en France approche les 75 q/ha, soit 3,5 % supérieur à la moyenne 2018-2022.
© Gabriel Omnès

La moisson 2023 s’est achevée de manière laborieuse pour le blé tendre, au nord de la Loire particulièrement. Un épisode pluvieux intense et long a empêché les récoltes de se réaliser. Elles ont pu redémarrer courant août mais la météo a affecté la qualité des grains.
 

La pluie perturbe la moisson 2023

Dans le nord de la France, sur le secteur de la coopérative Noriap (Hauts-de-France et Seine-Maritime), la récolte s’est scindée en deux parties : les deux tiers réalisés avant fin juillet à l’intérieur des terres et le reste réalisé après les pluies de début août qui concernent surtout la bordure maritime du Havre à Dunkerque.  « Les céréales récoltées après les pluies ont vu leur qualité se dégrader avec une incidence sur les PS et le temps de chute d’Hagberg. Cette dégradation de la qualité sur la deuxième partie de récolte nécessite une adaptation des débouchés et un travail pour améliorer les lots, souligne Matthieu Beyaert, responsable des marchés chez Noriap. Mais c’est notre métier d’organisme stockeur. »

Nous avons connu deux moissons

Sur le secteur de Vivescia (Marne, Ardennes, Aube, et une partie de la Haute-Marne et de la Seine-et-Marne), 10 % de la récolte s’est déroulée après les pluies, ce qui a entraîné une perte de poids spécifique (PS) et une germination du blé dans certaines parcelles. Les Ardennes ont été particulièrement concernées.

« Nous avons connu deux moissons, relate de son côté Pierre Ouvry, directeur agriculture au sein de la coopérative NatUp (Haute Normandie, Picardie, Île-de-France, Eure-et-Loir…). La deuxième moisson est celle qui a été retardée par les pluies, pour environ un tiers des surfaces dans l’Eure et même 50 à 80 % des surfaces en Seine-Maritime. Les agriculteurs ont dû mener de front plusieurs chantiers, avec également la récolte du lin, de pommes de terre. Sur ces terroirs-là, le rendement en blé a été plutôt préservé. En Seine-Maritime, on obtient des 90 à 95 q/ha. Au niveau de la qualité, on récolte un tiers de bon, un tiers de moyen, et un tiers de fourrager. »
 

Un rendement pour la moisson 2023 supérieur à la moyenne quinquennale

Heureusement, dans la majorité des cas, la moisson est allée à son terme dans de bonnes conditions. Cependant des orages en juin ou juillet ont eu comme impact une baisse des PS localement et, inversement, une sécheresse a pu réduire le potentiel. « Dans certaines zones comme le sud de l’Eure et le nord de l’Eure-et-Loir, les blés ont eu des coups de chaud et ont pu souffrir du manque d’eau. Ce qui donne des 65 q/ha au lieu des 80-85 q/ha habituels, ainsi qu’une qualité hétérogène, observe Pierre Ouvry. « Pour les récoltes en Nouvelle-Aquitaine, il y a une petite déception sur les rendements compte tenu du potentiel assez élevé au printemps. Mais à cause de la sécheresse, ils se situent simplement dans la moyenne quinquennale (61 q/ha) », remarque Simon Aimar, directeur de Négoce Centre Atlantique. Au final, les statistiques nationales (Agreste) estiment le rendement à 74,7 q/ha, plutôt satisfaisant car il est 3,5 % supérieur à la moyenne 2018-2022, et 5,6 % à l’année 2022 (71,7 q/ha).

La qualité est au rendez-vous également. « Les PS sont globalement bons, sauf pour les derniers secteurs récoltés en août. La bonne nouvelle de l’année est le taux de protéines qui s’élève en moyenne à 11,7 % », cite par exemple Frédéric Wiart, responsable de la collecte chez Vivescia. « Pour la première partie de récolte en blé tendre, les rendements sont corrects : dans la moyenne 5 ans. La qualité est très bonne avec des taux de protéines supérieurs à 11,5 %, des PS supérieurs à 78,5 kg/hl et des taux d’humidité d’environ 13 % », précise Matthieu Beyaert pour Noriap. « En blé tendre, la qualité est correcte à l’exception du PS, parfois en dessous de la base contractuelle de 76, à cause d’intempéries. En protéines, on tient la barre de 11 un peu partout », souligne Simon Aimar.
 

Une hétérogénéité de rendement et de qualité criante

Une particularité de l’année réside dans la grande hétérogénéité des rendements et des qualités, parfois dans les mêmes secteurs. Les intempéries en sont la cause pour une part. Mais pas seulement. « En blé tendre, les rendements vont de 50 à 100 q/ha selon les secteurs et sont en baisse de 4 % par rapport à la moyenne olympique 10 ans. Les écarts s’expliquent en grande partie par les types de terre, avance Frédéric Wiart. C’est la réserve utile en eau qui a fait la différence. » Les terres superficielles, comme les terres sableuses, ont été particulièrement pénalisées.

Même constat dans le centre de la France. « Nous avons du bon, du moyen et du mauvais, en lien avec les conditions météorologiques de la fin de cycle, les types de sol, et la possibilité d’irriguer les céréales. Pour les zones arrosées par les orages, la moisson est correcte. En revanche, les sols superficiels n’ayant pas bénéficié des pluies orageuses obtiennent des rendements qui ne sont pas bons, avec parfois des blés tendrMoaes à moins de 60 q/ha », avance Benoît Ferrière, président de la coopérative Agropithiviers, dans le Loiret.

« C’est très hétérogène comme tous les ans, mais peut-être davantage cette année ce qui oblige les OS à faire un travail d’allotement important », observe Simon Aimar, qui évoque comme raisons de l’hétérogénéité, les dates de semis, les variétés et les sols.
 

Moisson 2023 : grande satisfaction pour les orges d’hiver

Avant la récolte des blés, celle des orges a donné de meilleurs résultats comme le confirme Agreste par rapport aux moyennes pluriannuelles. Au niveau national, la moyenne de rendement atteint 69,7 q/ha pour les orges d’hiver (+ 16,2 % par rapport à 2018-2022) et 59,2 q/ha pour les orges de de printemps. « Pour les orges d’hiver, le cycle de développement a été quasiment idéal tout au long de la période de végétation, souligne Simon Aimar, Négoce Centre Atlantique. Nous avons eu plutôt des bonnes surprises un peu partout avec un rendement au-dessus de la moyenne, à 60 q/ha (pour l’orge d’hiver). » « En orges d’hiver et de printemps, avec une moyenne à 66 q/ha, c’est légèrement supérieur à la moyenne olympique », avance Frédéric Wiart, Vivescia.

« Le démarrage de la moisson avec l’orge annonçait une récolte prometteuse. Nous avons obtenu de bons résultats en quantité comme en qualité. Quelques excès de protéines ont été observés cependant en orge de brasserie », remarque Pierre Ouvry. Si la qualité est globalement au rendez-vous pour les orges d’hiver, c’est moins le cas pour les orges de printemps, avec parfois des calibrages inférieurs à la norme attendue par les malteurs.

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