Colza : reconnaître et lutter contre le phoma
L’utilisation de variétés tolérantes a rendu le phoma plus discret ces dernières années. Mais la maladie est prête à ressurgir à la faveur de conditions favorables.
L’utilisation de variétés tolérantes a rendu le phoma plus discret ces dernières années. Mais la maladie est prête à ressurgir à la faveur de conditions favorables.
Reconnaître les symptômes dès l'automne
Des feuilles et cotylédons montrant à l’automne des macules arrondies mesurant aux alentours du centimètre et de teinte gris cendré : le phoma est en train de s’installer dans le colza. Le diagnostic est confirmé si ces taches laissent apparaître des points noirs (pycnides). Les contaminations sont dues à des spores du champignon Leptosphaeria maculans provenant de résidus de culture des parcelles avoisinantes. Les taches produites sont une source de production de spores supplémentaires, ce qui augmente la quantité d’inoculum dans la parcelle.
Suite à cette contamination, le champignon se développe à l’intérieur de la plante. Des taches brunâtres peuvent apparaître au collet pour évoluer en nécrose gris brun à noir avec des craquelures dès la sortie de l’hiver. Selon l’importance de la nécrose, la plante sera plus ou moins mal alimentée. Ce symptôme peut évoluer vers un sectionnement du pivot et une verse de la plante lors de la montaison et de la floraison.
Comment endiguer le phoma sur colza
Variétés : De nombreuses variétés sont classées très peu sensibles (TPS) au colza. Il faudra privilégier leur utilisation tout en diversifiant les compositions génétiques. Ces variétés peuvent présenter une résistance qualitative gouvernée par un ou plusieurs gènes spécifiques (Rlm3, Rlm7 ou RlmS) contrant certaines souches de phoma ou une résistance quantitative efficace sur toutes les populations du pathogène et stable dans le temps. De façon à obtenir une résistance durable dans son champ, Terres Inovia conseille d’alterner l’usage de variétés avec ces différents types de résistances. L’institut indique pour chaque variété le gène de résistance concerné.
Agronomie : Le broyage et l’enfouissement des pailles de colza permettent de réduire les émissions de spores provenant de ces résidus qui peuvent contaminer les cultures des parcelles voisines. Le risque d’élongation du colza devra être réduit en diminuant l’épaisseur du mulch dans le cas de cultures menées en non-labour. La limitation des apports d’azote organique en été diminue également ce risque et évite le développement de colzas trop gros dont la surface foliaire importante est favorable aux contaminations. Un semis réalisé assez tôt permet de produire des plants suffisamment robustes au moment des contaminations pour mieux résister à la pénétration du champignon dans les tissus. En ne semant pas trop dense (30 à 35 plantes au mètre carré au maximum), on obtiendra des colzas avec un diamètre au collet assez important pour supporter une éventuelle nécrose causée par le phoma.
Chimie : Des fongicides sont autorisés pour un usage sur phoma du colza, mais sont généralement très peu utilisés du fait de l’efficacité de la lutte variétale. Sur des variétés sensibles, les traitements devront être positionnés lors des phases de contamination à l’automne, entre les stades 4 et 8 feuilles plus particulièrement. Les bulletins de santé du végétal (BSV) renseignent sur les niveaux et périodes de contaminations.
Six points clés sur le phoma
Le colza peut perdre jusqu’à 20 % de rendement en cas d’attaque sévère de phoma.
Ne pas confondre les taches de phoma avec celles du Pseudocercosporella, qui sont marron à blanches sans ponctuations noires.
Des souches du champignon contournent des gènes de résistance variétale comme cela s’est produit localement pour le gène Rlm7 récemment ou Rlm3 plus anciennement.
L’élongation de l’hypocotyle (tige sous les cotylédons) constitue une porte d’entrée au phoma tout en rendant le colza sensible au gel.
Un automne doux et humide avec des températures voisines de 15°C, de la pluie ou de la rosée sont des conditions favorables aux contaminations.
Le parasite peut se conserver trois à quatre ans sur les résidus de culture. Lorsque ceux-ci se trouvent en surface du sol, il émet en automne et au début de l’hiver de nombreuses ascospores pouvant être transportées par le vent sur les parcelles voisines.