Maïs : rendements décevants mais embellie sur les prix
Les conditions climatiques de l’année ont été difficiles pour les maïs, particulièrement en non irrigué. La céréale profite en revanche de la forte remontée des prix depuis le mois d’août, principalement entraînée par les achats chinois et la révision à la baisse de la production aux Etats-Unis et en Ukraine.
Les conditions climatiques de l’année ont été difficiles pour les maïs, particulièrement en non irrigué. La céréale profite en revanche de la forte remontée des prix depuis le mois d’août, principalement entraînée par les achats chinois et la révision à la baisse de la production aux Etats-Unis et en Ukraine.
Alors que 80 % de la récolte de maïs est achevée, l’AGPM dressait un bilan en demi-teinte de la situation des maïsiculteurs français, le 21 octobre. D’un côté, la production est une fois de plus pénalisée par des rendements mis à mal par la météo. En revanche, les perspectives de prix connaissent une embellie par rapport aux sombres prévisions d’il y a encore quelques mois.
La production française est projetée à 13,6 millions de tonnes (Mt). Elle est portée par une hausse de 10 % des surfaces sur un an, à 1,57 million d’hectares. Prévu à 89,4 quintaux/hectare, le rendement est jugé « en berne » par le syndicat. « Les implantations ont été réalisées dans le sec, puis il y a eu l’extrême inverse avec des excès d’eau et du froid au printemps. Ces conditions n’ont pas permis un développement racinaire optimal, a rappelé Thomas Joly, d’Arvalis. Et cela a été suivi par un été très sec. » Ces conditions difficiles ont eu des conséquences sur les maïs non irrigués, particulièrement à faible réserve utile. Certaines parcelles en sol profond ont toutefois obtenu de bons résultats.
Grâce à l’eau, les irrigants ont tiré profit des hautes températures, « mais on était à la limite de ce qu’il était possible d’apporter », souligne Thomas Joly. Il a fallu « démarrer tôt sans s’arrêter » pour pourvoir aux besoins importants en eau générés par la forte évapotranspiration.
Les prix du maïs à la hausse depuis le mois d'août
Côté prix, les producteurs ont de quoi se réjouir : après les effets dépressifs du premier épisode Covid, les cours mondiaux n’ont cessé de grimper depuis le mois d’août, et ne subissent pas l’habituelle pression de récolte. Plusieurs éléments soutiennent cette remontée. D’une part, les perspectives d’une très grosse récolte états-unienne ne vont pas se concrétiser. Les surfaces emblavées pouvaient conduire à une production de plus de 400 Mt, mais les derniers chiffres de l’USDA la placent désormais à 375 Mt. Le temps sec sur de nombreuses régions à maïs et les tempêtes qui se sont abattues sur l'Iowa ont en effet eu raison des rendements optimistes.
Cette révision à la baisse se combine à des achats frénétiques de la part de la Chine. Au vu du rythme actuel, les analystes prévoient des importations chinoises entre 15 et 20 Mt cette saison, contre 4 Mt en moyenne sur la totalité de la campagne ces dernières années.
A 170 €/t payé au producteur, le maïs est actuellement « rentable »
L’emballement des cours mondiaux s’est répercuté sur les prix français. Le rendu Bordeaux et le FOB Rhin ont gagné entre 15 et 20 €/t depuis le début du mois d’août. « Le prix payé producteur constaté actuellement est proche de 170 €/t, ce qui rend le maïs rentable », a constaté Daniel Peyraube, président de l’AGPM.
La question est désormais de savoir si cette hausse peut tenir. La révision à la baisse des récoltes en Ukraine et en Roumanie offre des perspectives favorables aux prix français, qui vont bénéficier de débouchés export accrus. Un arrêt des achats chinois pourrait toutefois gripper la machine haussière.
Les achats de la Chine et la météo sud-américaine détermineront les prix à venir
« Si la demande chinoise est moins importante que prévu, cela entraînera un retournement des cours, affirme Arthur Boy, chargé de mission au service économique de l’AGPM. Il y a également la question des semis sud-américain. En cas de sécheresse sur cette zone, les cours pourraient continuer de monter. En cas de pluies suffisantes, ce sera en revanche un élément de détente des prix. »
Le maïs doux a lui aussi souffert de la météo de l'année (re-semis, décalage des plannings, hétérogénéité...). Les excès d'eau et le vent du début de l'automne ont de plus frappés environ 4 000 ha qui se sont couchés ou versés, avec des conditions de récolte difficile. Le maïs doux cumule 23 000 ha, soit une hausse de 3 % sur un an.