Pollution atmosphérique
L´ozone fait baisser les rendements, selon l´Inra
Pollution atmosphérique
A haute altitude, l´ozone, nous protège des rayonnements solaires. A basse altitude, c´est un polluant qui a des effets négatifs sur le rendement des cultures. Le point avec Jean-François Castell, chercheur à l´Inra.
L´ozone ou trioxygène (O3) est un produit chimique simple, puisqu´il est composé de trois atomes d´oxygène. Dans la haute atmosphère (ou stratosphère) la couche d´ozone nous protège des rayonnements du soleil et on s´émeut des « trous » dans cette couche.
En revanche, à très basse altitude, dans l´air que nous respirons, l´ozone a des effets négatifs. « L´ozone est un polluant secondaire, explique Jean-François Castell, enseignant à l´Institut national agronomique de Paris-Grignon et chercheur à l´Institut national de la recherche agronomique dans l´unité « environnement et grandes cultures. » Il se forme à partir de réactions chimiques mettant en jeu des polluants primaires comme les oxydes d´azote (NOx) émis par les véhicules automobiles et des composés organiques par volatils (COV) émis par les véhicules mais aussi par des végétaux. » Certaines réactions ne peuvent avoir lieu que sous l´effet du rayonnement solaire ultraviolet. L´ozone est ainsi une pollution de « beau temps ». C´est aussi une pollution de la campagne plutôt que de la ville.
Sur Paris, par exemple, la concentration en oxydes d´azote est parfois trop forte pour que la concentration en ozone puisse augmenter. C´est quand les polluants ont été chassés et dispersés au-delà de la capitale que les réactions ont lieu. Les mesures faites par AirParif(1) montrent très nettement des plus fortes concentrations d´ozone le long de la vallée de la Seine et sur un axe Nord-Est/Sud-Ouest, allant de Paris à la forêt de Rambouillet. Cela correspond aux vents dominants par beau temps.
Les propriétés oxydantes de l´ozone se traduisent sur les végétaux les plus sensibles par l´apparition de nécroses. Chez des espèces plus résistantes, on n´observe pas de dégâts mais des perturbations du fonctionnement de la plante. « L´ozone a un effet, non encore bien connu au niveau moléculaire, sur la principale enzyme de la photosynthèse. En présence d´ozone, il y a baisse de la photosynthèse et donc de la production, accompagnée d´un vieillissement accéléré des feuilles, ce qui fait aussi baisser le rendement », explique Jean-François Castell.
©JFG-Inra |
Une baisse de 5 % à 15 % du rendement en blé
On estime, suite à des mesures expérimentales que dans certains secteurs de l´Ile-de-France (Sud-Ouest de Paris), les rendements peuvent être réduits de 5 à 15 %, des pertes comparables à celles provoquées par d´autres accidents climatiques. « Mais ceci est certainement surévalué par les méthodes de mesures employées », poursuit le chercheur. De nouvelles mesures vont être effectuées avec un nouveau dispositif expérimental dés cette année.
On sait déjà qu´il existe des différences de sensibilité à l´ozone entre les espèces et même entre les variétés d´une même espèce. Le maïs par exemple est moins touché que le blé. Quant aux blés, une hypothèse est que les variétés récentes seraient moins sensibles que les plus anciennes car sélectionnées pour leurs performances dans un environnement plus riche en ozone. Les chercheurs de l´Inra de l´unité « environnement et grandes cultures » de Grignon, dans les Yvelines, vont effectuer des essais avec différentes variétés de blé.
On sait aussi que certains traitements phytosanitaires auraient un effet bénéfique contrecarrant l´effet négatif de l´ozone. La présence éventuelle d´ozone pourrait donc être combattue par des traitements adéquats. On n´en est pas encore là. Et ce n´est pas pour les blés et autres cultures annuelles que s´inquiète Jean-François Castel mais plutôt pour les forêts comme celle de Rambouillet et les écosystèmes naturels qui subissent année après année un fort taux d´ozone. C´est en effet sur les forêts que la pollution par l´ozone est la plus forte et là, pas question de traitements !
(1) Réseau de surveillance de la qualité de l´air en Ile-de-France.