Le monde agricole moteur dans les énergies renouvelables
Le monde agricole est fortement impliqué dans la production d’énergies renouvelables. Focus sur le bioéthanol et la méthanisation, qui ont aujourd’hui le vent en poupe, à l’occasion de la Foire de Châlons.
Le monde agricole est fortement impliqué dans la production d’énergies renouvelables. Focus sur le bioéthanol et la méthanisation, qui ont aujourd’hui le vent en poupe, à l’occasion de la Foire de Châlons.
Le monde agricole assure à lui tout seul 20 % de la production des énergies renouvelables, selon l’Ademe. Et ce taux est en progression. Les énergies renouvelables qui ont le vent en poupe actuellement sont le bioéthanol et la méthanisation.
La croissance de la consommation de bioéthanol avait déjà commencé avant la crise du Covid-19. « Le premier facteur de croissance est lié au dieselgate qui fait qu’aujourd’hui 7 voitures sur 10 utilise de l’essence. Le deuxième est lié au fort développement des stations-service distribuant du SP95 E10 : on en compte 12 000, ainsi que des stations de E85, au nombre de 2500 », a-expliqué Olivier de Bohan, président de Cristal Union, lors d’une table ronde organisée par Réussir-Agra le 6 septembre à la foire de Châlons. Et le troisième est dû à la hausse du prix des carburants.
Lire aussi : Biocarburants : pourquoi la consommation de super éthanol-E85 décolle
« L’éthanol vaut aujourd’hui 65 cts/l quand l’essence vaut 1,50 à 1,60 €/l, et même en intégrant une surconsommation de 25%, cela reste intéressant : un automobiliste qui fait 13 000 km/an économise environ 600 euros sur une année ». Enfin, le quatrième facteur c’est l’élargissement de la gamme de voitures roulant à l’E85 et l’arrivée des boitiers flex-fuel a installer sur n’importe quelle voiture. « Je veux souligner le soutien de la région Grand-Est qui a réalisé des opérations de boitiers flex-fuel à 1 euro, qui ont eu énormément de succès. La région Ile-de-France a aussi fait de telles opérations qui nous ont donné de la visibilité », insiste-t-il.
Changements de tarifs de rachat annoncés
Du côté de la méthanisation, le prix de rachat du gaz, étant jusqu’alors attractif, a dopé les projets d’installation. La France compte 800 ateliers de méthanisation agricole, dont 300 qui injectent le biogaz dans le réseau, et un grand nombre de projets en cours d’instruction ou de construction. Le Crédit Agricole Nord-Est (Marne, Aisne, Ardennes) a mis en place une cellule de 7 personnes entièrement dédiée à l’accompagnement d’agriculteurs porteurs de projets d’installation d’énergies renouvelables. « Nous connaissons une forte dynamique du fait d’un grand nombre de projets de méthanisation en cours d’instruction. Mais la tendance va sans doute s’inverser du fait de la baisse des tarifs de rachat de gaz annoncés en novembre 2020, à laquelle s’ajoutent de nouvelles règles de sécurité qui vont augmenter les charges », a regretté Philipe Meurs, vice-président du Crédit Agricole du Nord-Est.
Lire : Cultures énergétiques pour la méthanisation : vers une approche plus agronomique ?
La Commission de régulation de l’Energie justifie cette baisse par le fait que « les conditions de soutien actuelles ne reflètent plus les coûts réels de la filière ». Pour Philippe Meurs, Certains modèles vont être remis en cause, notamment les méthaniseurs de 125 à 250 m3 alimentés principalement par des cultures intermédiaires.
Les atouts de la France
La France a de gros atouts pour développer cette filière biométhane. « Nous avons le gisement de matières issues de la diversité de l’agriculture sur notre territoire, et un très bon réseau de gaz déjà présent », a insisté Olivier Dauger, co-président de France Gaz renouvelable. Et selon Jean-François Delaitre, président de l’association des agriculteurs méthaniseurs de France, les agriculteurs ont fait la preuve qu’ils étaient capables d’injecter du biogaz dans le réseau avec une grande régularité, « même meilleure que les méthaniseurs hors agriculture, ce qui nous a fait gagner en crédibilité ».
Ne pas voir la méthanisation comme une diversification
Mais la filière méthanisation doit faire face à plusieurs enjeux majeurs : l’acceptabilité sociétale - « le sujet de la méthanisation est très clivant », insiste Jean-François Delaitre – et la complexité de cette production qui nécessite un savoir-faire très important. « Il s’agit d’un métier à part entière. Attention de conserver la valeur économique issue des énergies dans le monde agricole, insiste-t-il. On a un peu tendance à voir cette production comme une diversification, comme un mode d’utilisation de déchets et résidus issus de l’agriculture sans leur donner de valeur. Or, ces produits ont de la valeur ». Il donne deux conseils à tous ceux qui veulent investir dans la méthanisation : « allez visiter un grand nombre de sites avant de vous lancer, et soyez transparents avec vos interlocuteurs ».
Nous avons besoin d'une vision de long terme
Autre difficulté : les investissements de ces productions sont sur des pas de temps autour de 20 ans, mais les changements de braquet réglementaires remettent en cause les dynamiques d’évolution. Ainsi, en ce qui concerne le photovoltaïque.
« L’enveloppe de soutien au photovoltaïque de la France a été autorisée par Bruxelles, mais on a appris le même jour que les tarifs de rachat ne lui convenaient pas, alors que des agriculteurs ont engagés des investissements sur une tarif bien précis. Nous avons besoin d’une vision de long terme », a insisté Olivier Dauger.
Lire aussi : Photovoltaïque : grosse inquiétude chez les agriculteurs face au projet de révision rétroactive des tarifs