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Comment gérer les risques de prix
La volatilité a gagné la filière brassicole

La volatilité des prix s'est propagée à l'orge de brasserie, rare et chère cette année. Tous les acteurs de la filière cherchent comment gérer des risques de variation de prix accrus.

Portée par une demande mondiale de bière en croissance et une position européenne toujours dominante, la filière brassicole connaît des fondamentaux très favorables. Mais la campagne 2007-2008 marquera un tournant. « La volatilité semble désormais installée et il devient impossible de synchroniser les intérêts de fixation de prix entre l’agriculteur, l’organisme stockeur, le malteur et le brasseur », résume Patrick Patriat, directeur général adjoint de Soufflet Agriculture. Pour lui comme pour Romain Chiron, en charge de la couverture des risques chez Champagne Céréales, la filière a besoin d’instaurer entre ses acteurs un mode de commercialisation qui permette de « découpler l’engagement physique sur les volumes de la fixation du prix ». Tous deux suggèrent de développer l’usage du contrat à prime via l’utilisation des marchés à terme (voir encadré). Idéalement ce contrat devrait s’appuyer sur un contrat orge brassicole coté par Euronext mais qui reste à créer.

G2RER LE RISQUE DE PRIX

Les orges de qualité brassicole sont cette année rares et chères. Dans le sillage du blé, dont la tension se propage à tous les marchés, elles sont aussi de plus en plus volatiles et tous les maillons de la filière doivent gérer des risques de prix accrus. Y compris celui des producteurs. Engagés par des contrats avant récolte, certains d’entre-eux ont essuyé des déboires qualitatifs coûteux. « Il a fallu racheter des lots au prix fort pour honorer les engagements », témoigne Joël Cottard, de la Commission économie de l’AGPB. « Avec de telles variations, il peut devenir suicidaire de s’engager sur des cultures non récoltées. » L’année climatique 2007 a laissé des traces et nombreux ont pris conscience de la nécessité de signer sur des bases prudentes. D’ailleurs, l’idée d’un système de gradation de la qualité, plus souple, fait aussi son chemin.

SECURISER LES APPROVISIONNEMENTS

Pour sécuriser leurs approvisionnements en malt, « les brasseurs ont montré leur adaptabilité ces deux dernières campagnes et on pourrait faire évoluer les critères de qualité vers plusieurs classes », considère Philippe Lehrmann, directeur commercial de Boortmalt. À l’autre extrémité de la chaîne, et bien que leur poids leur donne les moyens de négocier durement, les brasseurs ont en effet redécouvert la valeur de leur matière première. « De discussions auparavant exclusivement centrées sur les prix, nous sommes passés à la sécurisation des approvisionnements qui est devenue la première préoccupation des grands clients brasseurs, soulignait Daniel Huvet, directeur général de Malteurop, au colloque orges brassicoles de Châlons-en-Champagne. La flambée des orges a permis à la malterie de renverser les conditions de négociations et de retrouver des marges plus raisonnables ».

ARBITRAGES DE SURFACES

Pourtant la malterie s’inquiète de surfaces emblavées qui « deviennent elles aussi volatiles », souligne Patrick Patriat. Car les marchés sont liés. Leur volatilité se propage du fait des arbitrages d’assolement des agriculteurs. « L’ambiance de pénurie est générale. Les autres céréales et le colza sont chers. La filière doit suivre l’évolution globale des prix si elle ne veut pas perdre de surfaces », explique Romain Chiron. Les malteurs ont certes répercuté la hausse de l’orge sur le prix du malt. Mais « quand ils ont passé des contrats portants souvent sur de gros volumes, leur premier souci est de se couvrir rapidement en orges pour ne pas rester exposés au risque prix », poursuit-il. Il s’agit d’éviter des effets de ciseau également bien connus des organismes stockeurs. Chez Champagne Céréales, par exemple, de 92 % il y a deux ans, puis 78 % l’an passé, la part des producteurs vendant leurs orges au prix moyen est tombée à 31 %.poursuit-il. « Les agriculteurs se tournent vers le prix de marché », constate Romain Chiron. « L’OS est lui aussi exposé à un risque prix s’il ne peut pas prendre rapidement position sur le marché pour couvrir ses achats en culture », expliquet- il. Si l’orge de brasserie est depuis longtemps en France un marché de filière, ses usages de commercialisation devront évoluer pour faciliter les arbitrages.

« Le contrat à prime consiste pour chacune des parties à prendre un engagement physique sur un volume, une période de livraison et une qualité tout en gardant la liberté d’arbitrer son prix sur le marché à terme (MAT). Pour le prix de facturation, elles se mettent seulement d’accord sur une référence MAT corrigée d’une prime, qui correspond à l’écart entre cette référence et le produit négocié », décrit Romain Chiron, chez Champagne Céréales. Avec ce contrat, la couverture physique (de l’achat pour l’un, de la vente pour l’autre) est garantie sans que les deux parties aient à prendre position au même moment sur le MAT. Aucun prix de facturation n’est encore fixé et chacun arbitre son prix sur le MAT indépendamment de l’autre. Avant l’exécution du contrat, les deux acteurs « échangent leurs contrats sur le MAT pour déboucler leurs positions. Le prix de facturation est alors calculé à partir de cette cotation corrigée de la prime convenue ». L’usage du contrat à prime nécessite un marché à terme. Il existe une plateforme où se négocient des contrats d’orge brassicole, l’European Barley Office of trade (E-Bot). Indépendante d’Euronext, elle est peu utilisée faute de chambre de compensation pour garantir les transactions. En attendant la création d’un contrat orge brassicole sur Euronext, des opérateurs envisagent d’utiliser le contrat Euronext blé.

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