Sécurité au travail
« La sécurité, c´est vital pour les hommes et l´entreprise » assure Pascal Goguet-Chapuis de la MSA
Sécurité au travail
Quelles sont les obligations d´un employeur de main-d´oeuvre, en matière de sécurité ?
Pascal Goguet-Chapuis - L´article 930-2 du Code du travail dit que l´employeur doit évaluer les risques professionnels dans son entreprise, les transcrire dans un document unique écrit., qui doit être tenu à disposition de l´inspection du travail. L´employeur a l´obligation d´informer ses salariés sur les risques dans l´entreprise et sur les dispositions prises pour les éviter. Enfin c´est l´employeur qui délivre les habilitations à ses salariés pour certains travaux ; en clair, c´est lui qui précise qui est qualifié pour des travaux spécifiques qui demandent des compétences particulières, comme le travail en hauteur, la conduite de certains engins comme les outils de levage ou encore l´intervention sur des installations électriques.
Cela concerne tous les salariés, y compris occasionnels, sans oublier le chauffeur de la Cuma ou de l´entreprise de travaux agricoles qui intervient sur l´exploitation ou encore le salarié du voisin venu donner un coup de main. En pratique, cela veut dire que la quasi-totalité des exploitations sont concernées.
L´enjeu sur une exploitation, que l´on emploie ou non de la main-d´oeuvre d´ailleurs - car les risques concernent bien entendu aussi les chefs d´exploitation - est d´identifier les phénomènes dangereux et les situations dangereuses, puis de prendre les mesures préventives qui s´imposent.
Quelle différence faites-vous entre phénomène dangereux et situation dangereuse ?
P. G.-C. - Un phénomène dangereux, c´est ce qui peut causer une lésion. Le cisaillement d´une barre de coupe sur une moissonneuse-batteuse, les traitements phytosanitaires, l´inhalation de poussières sont, par exemple, des phénomènes dangereux. Une situation est dangereuse quand quelqu´un est confronté à un phénomène dangereux, par exemple, quand il y a un bourrage sur la moiss´-batt´ et qu´on est amené à intervenir sur la barre de coupe.
Comment identifier les risques sur une exploitation ?
P. G.-C. - Le Code du travail indique seulement que l´évaluation des risques doit se faire par unité de travail, sans plus de précision. Pour certains, l´unité de travail, c´est la personne. On passe donc en revue tous les travaux qu´une personne est susceptible de faire ; pour d´autres, c´est une production, ou encore une activité (les semis, la récolte.).
Personnellement, je conseille de faire cela à plusieurs dans le cadre d´un groupe de développement, d´une Cuma. Chacun des membres du groupe se saisit d´un secteur ou d´une activité qu´il étudie à fond. Il y a ensuite confrontation entre les membres du groupe, visites chez les uns et les autres. Un oeil extérieur est intéressant pour voir ce qui va, ce qui ne va pas.
J´ai souvent constaté que ce travail en groupe sur la sécurité était très efficace, débouchait sur une meilleure organisation du travail, avec un gain de temps, une moindre pénibilité de certaines tâches et, bien sûr, une meilleure appréciation des risques.
Quelles mesures préventives peut-on prendre ?
P. G.-C. - La loi précise un gradient dans les mesures à prendre. Il faut d´abord supprimer les phénomènes dangereux. Par exemple, préférer des cardans à des courroies, traiter avec des produits moins toxiques.
Ensuite, on passe à la protection collective des personnes. Mettre en place une cabine avec une filtration d´air sur un tracteur, c´est une protection à demeure, qui va protéger toutes les personnes qui utiliseront ce matériel.
Puis vient la protection individuelle. On pense en premier lieu, en grandes cultures, à la protection lors des traitements. Encore faut-il que la protection soit efficace et bien utilisée. Il y a à la MSA des conseillers en prévention dont le rôle est justement d´apporter des conseils adaptés aux différentes situations.
Un dernier point important, ce sont les consignes de sécurité. Celles-ci doivent être consignées dans le document d´évaluation des risques et rappelées chaque fois que nécessaire. Pour le matériel, il existe des pictogrammes indiquant le danger et la nature de ce danger. Les consignes spécifiques à l´emploi des produits phytosanitaires doivent être affichées dans le local phyto.
Mais quand on va travailler chez le voisin ?
P. G.-C. - Un chef d´exploitation, lorsqu´une tierce personne vient travailler chez lui, doit donner des consignes de travail précises qui incluent les consignes de sécurité.
L´expérience montre que souvent les accidents arrivent quand il y a co-activité, que plusieurs personnes travaillent ensemble ou à proximité les unes des autres. Un exemple quand on recule une remorque pour la vider au silo, on ne sait pas toujours qu´il y a quelqu´un derrière. Dans les chantiers à plusieurs, il faut être très attentifs, tous n´ont pas les mêmes habitudes de travail, ne connaissent pas forcément le matériel ou les lieux. Le voisin sait-il qu´il y a un fossé au bout de la parcelle ? Il ne faut pas hésiter à communiquer, à utiliser téléphones portables, talkies-walkies.
La sécurité dans une exploitation c´est important, voire vital pour les personnes mais ça l´est aussi pour l´entreprise. En grandes cultures, le chef d´exploitation est souvent seul. Que se passe-t-il s´il est indisponible une semaine à un moment crucial comme les semis ou les traitements ? Un indisponibilité due à un accident même sans gravité peut mettre en cause les résultats de l´année et donc la vie de l´entreprise.
Pour en savoir plus
Voir dossier de Réussir Céréales Grandes Cultures de mai 2006. (RCGC nº192, 11 pages)