2008 année internationale de la pomme de terre
La pomme de terre élue miss monde 2008
Quatrième denrée agricole dans le monde après le maïs, le riz et le blé, la pomme de terre est cultivée sous toutes les latitudes et sa consommation va continuer de croître.
«La pomme de terre est la culture la plus rentable en termes de rapport travail/matière sèche produite », explique Bernard Jouan, président d’Agro Sans frontières. Pour cet ancien pathologiste de l’Inra qui oeuvre aujourd’hui au développement de la culture en Afrique de l’Ouest, « il faut développer la pomme de terre dans ces régions car elle est la plus productive parmi les cultures maraîchères de contresaison (igname, patate douce…). Au nord du Niger, si l’eau est bien gérée et stockée, cent millimètres suffisent pour obtenir une belle récolte ». Quatrième denrée agricole dans le monde après le maïs, le riz et le blé, la pomme de terre « mérite que l’on prenne conscience de son rôle clé dans l’alimentation mondiale », souligne la FAO à propos de ce « trésor enfoui ».Voilà pourquoi l’organisation des nations unies pour l’alimentation a proclamé 2008 « année internationale de la pomme de terre ». Domestiquée depuis 8000 ans dans les Andes dont elle est originaire, introduite en Europe grâce aux Espagnols au XVIe siècle, elle s’est ensuite répandue au point d’être l’une des rares plantes cultivée sous toutes les latitudes. Sa production augmente au rythme annuel de 4,5 % dans le monde et connaît une profonde évolution. Jusqu’au début des années 90, la culture de la pomme de terre se concentrait en Europe, en Amérique du Nord et en CEI (ex-URSS). Depuis 2005, les pays en développement en produisent davantage que les pays du Nord.
UNE CULTURE DÉCISIVE
La consommation des pays du Sud a doublé en quarante ans mais elle reste nettement inférieure à la consommation moyenne européenne proche de cent kilos par habitant. « Tout indique, selon la FAO, que la consommation dans le monde en développement va continuer de croître » alors qu’au cours des vingt prochaines années la population mondiale gagnera 100 millions d’habitants par an. Pour la FAO, la pomme de terre sera au coeur des stratégies vivrières visant « à fournir une alimentation nutritive aux populations pauvres et affamées ». De fait, la production se développe dans les pays en voie de développement « pour des raisons de subsistance, de revenu ou d’exportation à l’échelon régional », confirme Martine Schwartzman chez Ubifrance (Agence française pour le développement international). Mais on observe aussi une progression de la production destinée à la transformation (frites) en Europe de l’Est et en Asie « qui suit les implantations des chaînes de fast-food », poursuit-elle.
LE MARCHÉ EST EUROPEEN
Si plus du tiers de tous les tubercules sont récoltés et consommés en Asie du fait de l’explosion des surfaces en Inde et en Chine, l’Europe reste de loin l’acteur majeur du marché. « Elle domine la production de plants et le commerce mondial avec 85 % des volumes échangés », résume Martine Schwartzman. Sa position tient d’abord et avant tout à la taille de son marché. La pomme de terre fait partie « de la mémoire collective européenne », en raison de son rôle historique de culture de subsistance. « La consommation stagne, voire diminue à l’Ouest où elle est tombée à 75 kilos par habitant mais elle reste proche de 120 kilos dans les pays de l’Est où l’autoconsommation est toujours très élevée. » Les pommes de terre sont produites partout dans le monde et le plus souvent consommées sur place. Comparé aux 315 millions de tonnes produites, le marché mondial est très faible en volume. « Pour l’essentiel, il est localisé dans l’Union européenne où la France domine les échanges. Les Hollandais sont moins présents sur les marchés du sud communautaire mais plus doués pour les destinations lointaines. »
La France dans le top cinq mondial
Premier exportateur de pommes de terre de conservation devant l'Allemagne, la Hollande, la Belgique et le Canada.
Quatrième exportateur de plants derrière la Hollande, le Canada, le Royaume-Uni et devant l'Allemagne.
Cinquième exportateur de produits surgelés derrière la Hollande, le Canada, la Belgique et les USA.