Mission de santé publique
La MSA lance une enquête « activités agricoles et cancer »
Mission de santé publique
La MSA annonce le lancement d´une étude baptisée Agrican, visant à mieux connaître les liens entre activités agricoles et cancer.
La Mutualité sociale agricole, le Groupe régional d´étude sur le cancer (Grecan), le Laboratoire santé, travail, environnement (LSTE) et les registres des cancers ont annoncé le lancement d´Agrican, une étude « visant à mieux connaître les liens entre activités agricoles et cancer ». L´objectif est d´apporter des réponses claires à plusieurs questions relatives à la santé des agriculteurs, manipulateurs directs des produits phytosanitaires. Au travers de différentes études, on a remarqué que la mortalité cancéreuse est plus faible chez les agriculteurs que parmi la population globale, en raison notamment, d´une moindre consommation de tabac. Mais le risque de développer certains cancers spécifiques apparaîtrait plus fréquent chez les agriculteurs : cancers de la prostate, de l´estomac, leucémies, cancers cérébraux et cutanés.
S´inscrivant dans sa mission de Santé publique, la MSA participe à l´étude Agrican « pour répondre au manque de connaissance sur le sujet en France, afin de mieux connaître les risques et protéger les populations concernées ». L´étude constitue un élargissement à onze nouveaux départements(1) de la cohorte initiée en 1995 dans le Calvados. Un questionnaire sera adressé à près de 600 000 personnes. Les premiers résultats seront disponibles fin 2008 pour les cancers les plus répandus et en 2015 pour les affections plus rares dont la fréquence d´exposition aux risques est plus difficilement discernable.
Deux tiers des signalements significatifs
La MSA vient par ailleurs de rendre publique le dernier bilan de son réseau de toxicovigilance rebaptisé l´an passé Phyt´Attitude. « Rappelons que, lors d´enquêtes répétées, un agriculteur sur cinq se plaint de troubles liés à l´utilisation de produits phytosanitaires. » Par le biais d´un numéro vert, le réseau Phyt´Attitude recense ces troubles. Entre janvier 2002 et décembre 2003, 238 dossiers de signalement lui sont parvenus. « Les deux tiers de ces dossiers présentent un lien significatif de cause à effets entre troubles ressentis et produits phytosanitaires utilisés soit 142. »
Ces 142 signalements « imputables », concernent dans un tiers des cas des insecticides et acaricides, un autre tiers des fongicides et dans 23 % des cas des herbicides. En dépit du retrait de 800 d´entre eux, les produits classés toxiques(2) constituent 24 % des signalements « alors qu´ils ne représentent que 3,5 % des produits répertoriés dans l´Index phytosanitaire de l´Acta ». Ces produits toxiques sont impliqués dans 36 % des cas d´hospitalisation et 37 % des arrêts de travail chez les salariés agricoles, précise la MSA. Les applications mécanisées et manuelles ainsi que la préparation des bouillies ne représentent que les deux tiers des signalements « alors que ces activités constituent l´essentiel des opérations lors d´un traitement. De nombreux incidents matériels au cours du traitement sont signalés (15 %) ainsi que des expositions indirectes du type intervention dans la culture après traitement ».
Pour des étiquettes plus lisibles
Les troubles les plus fréquents prennent la forme d´irritations, de rougeurs, de brûlures et prurits lorsqu´ils sont cutanés. Les troubles digestifs signalés recouvrent des nausées, vomissements et des douleurs digestives. « Un seul cas d´atteinte hépatique toxique a été recensé. » Les troubles neurologiques se manifestent par des céphalées (maux de tête). Les signalements ont conduit à une intervention médicale dans 58 % des cas. L´hospitalisation s´est avérée nécessaire dans 22 % des cas.
Sur le plan de la prévention, la MSA milite, en particulier, pour un étiquetage plus efficace de sorte que « l´utilisateur lise réellement les indications liées à la sécurité. Elle propose d´améliorer la lisibilité des étiquettes en agissant sur sa dimension et celle du pictogramme de danger, sur les phrases de risques et les conseils de prudence ».
L´objectif de l´enquête est d´apporter des réponses claires à plusieurs questions relatives à la santé des agriculteurs. ©B. Compagnon |
Pour en savoir plus
La MSA a mis en place un numéro vert en février 2004 pour faciliter les déclarations spontanées des utilisateurs de produits phytosanitaires victimes de troubles.
Numéro vert 0 800 887 887
(1) Départements disposant d´un registre des cancers : Calvados, Doubs, Bas-Rhin, Isère, Loire Atlantique, Manche, Somme, Tarn, Vendée, Gironde, Côte-d´Or.
(2) Les produits sont classés sensibilisant, corrosif (C), irritants (Xi), nocifs (Xn), toxiques (T), très toxiques (T+).