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Météo connectée
Juger les stations météo sur le conseil final

Il y a pléthore de stations météo connectées pour l’agriculture dorénavant, qui se valent sur la précision de leurs capteurs. La qualité de connexion ainsi que le conseil final sur les applications et les outils d’aide à la décision sont des éléments de comparaison.

Pour quelques centaines d'euros, on peut acquérir une station météo connectée avec les éléments de base pour les mesures de pluviométrie, de température, d'hygrométrie...
© C. Orus/Chambre d'agriculture d'Ile-de-France

Des milliers de stations météo connectées ont émergé des parcelles agricoles en quelques années en France. Qu’est ce qui explique cet engouement ? Le prix, d’abord. Avec un peu moins de 500 euros, on peut acquérir une station avec les éléments de base pour les mesures de pluviométrie, d’hygrométrie et de température. Il faut ajouter un peu plus pour la mesure du vent avec un anémomètre. « Avec une chute des prix sur les capteurs notamment, les tarifs sont devenus compétitifs pour les agriculteurs et les investissements paraissent dorénavant acceptables », analyse Olivier Deudon, dans une vidéo d’Arvalis (1). Il est vrai qu’en quelques années, les acteurs commercialisant des stations météo se sont multipliés comme des petits pains, d’où une concurrence sur les prix tirés vers le bas. Les offres sont proposées parfois à grand renfort de publicité.

Selon les quelques témoignages de ce dossier, les mesures de ces stations apparaissent fiables même s’il faut rester prudent. Ces services météo sont à l’épreuve du terrain depuis seulement deux ou trois ans : un peu court pour en tirer des conclusions sur la fiabilité, la pérennité et la longévité des équipements.

Avènement du réseau bas débit pour un transfert facile de données

Le prix n’est pas la seule raison du développement des stations météo. La qualité de leur connexion aux smartphones, tablettes et ordinateurs y est pour beaucoup aussi car elle rend facilement accessible les mesures en temps réel. Pour Olivier Deudon, c’est la véritable innovation. « L’avènement du réseau bas débit a permis de transférer facilement la donnée de la parcelle vers l’agriculteur via le cloud. La taille des messages est très réduite mais c’est suffisant pour des données météo qui sont envoyées tous les quarts d’heure (maxi de 144 messages par jour). » Beaucoup des stations proposées sur le marché utilisent le réseau Sigfox. C’est un avantage : le réseau bas débit est très peu consommateur d’énergie. De petites batteries apportent une autonomie de deux ans au minimum, sans recourir à d’encombrants panneaux solaires. Toutefois, « des différences peuvent apparaître sur leur connectivité, à savoir si ces stations captent bien le réseau, informe Olivier Deudon. Il faut regarder également si les données sont délivrées véritablement en temps réel ou s’il y a rupture de mise à disposition de la donnée dans la journée. Car si c’est le cas, ce peut être très pénalisant pour des outils d’aide à la décision (OAD). Pour bien tourner, ces outils ont besoin d’une continuité de données homogènes. »

Une utilisation avant tout pour la pluviométrie, la température, le vent…

Le jugement d’un service de météo agricole porte évidemment sur la qualité du conseil final : les données des stations alimentent des applications proposées par les constructeurs et des outils d’aides à la décision. Arvalis mène des essais de comparaison sur ses « digifermes », plateformes expérimentales dédiées aux technologies du numérique. L’institut a mis au point pour les céréales et la pomme de terre des OAD basés sur des modèles de prévisions de maladies, de stades culturaux, de besoins hydriques ou nutritionnels des plantes… Ces modèles sont repris par les outils d’autres organismes qu’Arvalis ou proposés par l’institut lui-même en collaboration avec Météo France dans son propre service de météo connectée Taméo. Les fournisseurs de stations météo, quant à eux, proposent des applications pour le suivi des divers ennemis des cultures, tirés de modèles de prévision français ou européens. Nouvel acteur du marché, Lemken annonce ainsi des OAD pour 40 cultures et 100 maladies ! Weenat de son côté apporte une offre complète sur sept maladies du blé et sur diverses autres cultures de plein champ, légumes compris. Les services proposés intègrent des prévisions météo. Tous les fournisseurs les proposent à cinq ou sept jours, se basant sur l’expertise de Météo France ou d’autres prévisionnistes européens.

Mais les agriculteurs qui investissent utilisent les stations avant tout pour les données basiques de pluviométrie, de température, d’hygrométrie et de vent se rapportant à leurs parcelles. Ils ont ainsi toutes les données en main pour intervenir à bon escient et avec précision dans leurs champs. Cela vaut surtout pour les traitements phytosanitaires optimisés, mais aussi pour l’épandage d’engrais (granulés sensibles à la déportation par le vent) ou les récoltes (des arrachages qui nécessitent un sol suffisamment humide mais pas trop)… Pour ce faire, des applications peuvent fournir les plages d’intervention phyto, les pluviométries cumulées, les sommes de températures pour prédire les dates de récoltes… Les besoins d’irrigation ne sont pas oubliés par certains fournisseurs de service météo, avec le suivi du statut hydrique du sol.

Des achats de stations en réseau qui se développent

L’information à la parcelle peut être améliorée avec une mise en réseau de stations et elle permet d’éviter tout déplacement inutile vers les champs les plus éloignés du siège de l’exploitation. C’est un argument de poids pour les exploitants qui possèdent un parcellaire éclaté. Pour les autres, si le recours à une station météo présente l’intérêt d’avoir les données sur ses parcelles proches, la mise en réseau améliore encore la donne en surveillant tout un territoire avec une précision de l’ordre du kilomètre dans le meilleur des cas. « Les achats de stations pour des groupements d’agriculteurs en réseaux se développent, remarque Martin Ducroquet, directeur général de Sencrop, principal fournisseur de stations météo pour l’agriculture. Les agriculteurs exercent des activités en commun, souvent, et les prescripteurs veulent développer ce type de réseau pour permettre à leurs conseillers d’affiner leurs préconisations auprès des exploitants. » Plutôt formés au départ pour fournir des équipements à titre individuel, les fournisseurs de stations se mettent au diapason de cette demande. Pour les agriculteurs et prescripteurs, c’est une manière de tirer les prix d’abonnement aux informations vers le bas, de mutualiser les données et d’améliorer la précision à l’échelle d’un territoire ou d’un parcellaire pour un exploitant.

(1) youtube.com/watch?v=ALo4dUNlCEY

Des OAD encore peu utilisés par les agriculteurs

La précision et de la fréquence des mesures de données météo à la parcelle s’améliore pour alimenter des outils d’aide à la décision. Mais dans les faits, les agriculteurs utilisent très peu ces outils. « En matière d’OAD, les données des stations sont utilisées dans Miléos afin de mieux estimer la pression mildiou sur pomme de terre… mais c’est tout », confirme Michel Sommella. Conseiller au GRCETA de l’Evreucin (Eure), il a monté l’an passé un réseau de stations météo pour ses adhérents. Un outil comme Miléos ne peut tourner que couplé à une station et, grâce à la mesure d’hygrométrie surtout, il est bien pratique pour prédire le développement d’un pathogène aussi difficilement prévisible sur le terrain que le mildiou. D’autres outils peuvent être utilisés ponctuellement par les agriculteurs pour, par exemple, prévoir le premier traitement antiseptoriose ou la date de récolte (maïs ensilage, lin textile…). Ils sont davantage utiles aux conseillers agricoles pour apporter des arguments tangibles à leurs préconisations.

Le leader Sencrop s’internationalise

Preuve que le marché de la station agrométéo connectée est porteur, Sencrop – la start-up française créée en 2016 – a annoncé mi-janvier une levée de fonds de 10 millions de dollars. Ses solutions sont reprises par plus de 5 000 agriculteurs de dix pays en Europe. The Yield Lab, un fonds d’agrotechnologie américain, entre au capital de Sencrop. Pour la société, c’est l’opportunité d’accéder plus facilement aux réseaux internationaux de ce fonds en Europe, en Asie, en Amérique latine et aux États-Unis. Sencrop développe des recherches pour mettre au point de nouvelles solutions pour l’agriculture de précision.

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