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Jouer l’assurance avec la résistance à la cécidomyie

Des variétés de blé résistent aux cécidomyies. Il ne faut pas s’en priver dans les secteurs à risques d’autant que certains blés sont bons en rendement et en qualité.

La cécidomyie orange s’est trouvé une ennemi efficace : la génétique. En quelques années, les variétés de blé tendre possédant le caractère de tolérance aux cécidomyies se sont développées. Qui plus est, certaines d’entre elles montrent des caractéristiques de rendement et de qualité tout à fait intéressantes. Philippe du Cheyron, Arvalis, chiffre à 23 le nombre de ces variétés résistantes à la cécidomyie inscrites en France et/ou au catalogue européen. « Nous avons peu de variétés précoces mais certains de ces blés comme Allez Y, Altigo, Rubisko ou Orégrain sont très cultivés, pas seulement pour leur résistance au ravageur. Rubisko est devenu une référence sur le plan agronomique et au niveau du rendement. Orégrain est reconnu pour sa qualité puisqu’il fait partie des variétés recommandées par la meunerie (VRM). » C’est une bonne nouvelle pour les agriculteurs d’avoir à disposition de telles variétés car la lutte chimique contre les cécidomyies apparaît particulièrement aléatoire, à cause d’un positionnement optimal de l’insecticide difficile à mettre en œuvre.


Près de la moitié des blés sont résistants dans certains secteurs


Des régions sont plus particulièrement concernées par ces petites mouches : le centre, le Poitou-Charentes, l’Ile-de-France, la Champagne. Dans ces secteurs, la tolérance à la cécidomyie fait partie des critères majeurs de choix variétal. « La gamme de ces variétés s’étoffe, remarque Sébastien Friso, animateur technique chez Axereal en zone francilienne, Beauce et Orléanais. Une variété comme Boregard se comporte très bien chez nous puisque l’on peut la semer tôt et qu’elle est résistante au piétin verse. Rubisko a des caractéristiques qui correspondent également à nos attentes. Orégrain est suivi de près avec son profil de qualité de type Apache et nous enregistrons l’arrivée de Granamax. »


La variété Rubisko gagne du terrain en Beauce et Orléanais


Selon Sébastien Friso, la variété Rubisko avec son caractère très productif occupera aux alentours de 20 % des surfaces de blé tendre à venir sur le secteur couvert par la coopérative Axereal ; Boregar serait à 15 % tandis que « l’ancienne » Altigo se situera encore entre 5 et 10 %. « Après la qualité et le rendement, la résistance à la cécidomyie est un critère plus important que celle au piétin-verse et de même niveau que la tolérance à la fusariose, précise le spécialiste. Mais nous mettons la résistance à la mosaïque au-dessus dans l’ordre de priorité du choix variétal. » Il n’y a pas d’autre moyen de lutte que la résistance variétale pour lutter contre ce bioagresseur (virus).

Attention aux parcelles irriguées et surveiller les blés durs


Le problème « cécidomyies » reste inféodé à la parcelle. Les champs où il y a eu déjà des vols de cécidomyies demeurent des parcelles à risque car les larves qui se nourrissent sur les grains en formation se laissent tomber au sol dans leur fin de développement et y passent près d’un an en diapause… pour ressurgir l’année suivante dans la même parcelle. Les blés sur blés sont particulièrement vulnérables. Mais la conjonction du vol du moucheron permise par une séquence climatique précise avec le stade sensible du blé survient rarement. On peut connaître plusieurs années sans risque de cécidomyies. « Toutefois l’irrigation peut accentuer le risque. Un tour d’eau (30 mm) effectué sur une terre chaude après une période sèche prolongée peut engendrer un vol de cécidomyies au moment de l’épiaison du blé », prévient Sébastien Friso. Les céréaliers irrigants se doivent d’être plus vigilants que les autres.
En plus du blé tendre, les cécidomyies s’attaqueraient au blé dur. C’est ce que constate Michel Bonnefoy, Arvalis, qui a mené un essai en 2013 à Ouzouer-le-Marché dans le Loir-et-Cher. « Le blé dur est considéré comme moins sensible que le blé tendre. Nous avons comparé dix variétés de blé dur à Apache, blé tendre sensible. Les infestations ont été comprises entre 2,8 et 9 larves par épis sauf pour Apache (9,8 larves) et la variété Plussur (15,2). On note donc des différences de comportement entre variétés de blé dur dont la grande sensibilité de Plussur ainsi que celle de Karur (9). » L’essai a été renouvelé cette année avec davantage de variétés testées afin d’établir une échelle de sensibilité des blés durs.

Le mécanisme de résistance garde sa part de mystère

La résistance variétale à la cécidomyie orange s’expliquerait par une teneur élevée en acide
férulique dans les parois des grains des variétés concernées. C’est une des hypothèses retenues par le semencier Limagrain dans les différentes études réalisées. Ce caractère rendrait le grain de blé répulsif et limiterait le développement de la larve de cécidomyie. Dans certains cas, celle-ci meurt. Selon des scientifiques anglais, cette résistance est gouvernée par un seul gène, ce qui n’exclut pas qu’elle soit contournée un jour ou l’autre par de nouvelles populations de cécidomyies.

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