Plantes parasites sur colza
Freiner l´expansion de l´orobanche rameuse
Plantes parasites sur colza
Sur colza, l´orobanche rameuse occasionne des dégâts importants. Des méthodes préventives limitent son impact en attendant la mise au point d´une lutte curative efficace.
L´orobanche rameuse du colza (Orobanche ramosa) fait partie du paysage de la Saintonge et de l´Aunis en Charente-Maritime depuis des lustres. Sur colza, la forte présence de cette plante parasite peut se traduire par un rendement quasiment nul. Des agriculteurs se sont adaptés à cette situation et maîtrisent tant bien que mal cette peste végétale. « Cela fait au moins quinze ans que je suis confronté à cette adventice. Je cultivais des lignées de colza et j´ai essayé le premier CHL mis sur le marché par Ringot. Je me suis aperçu que l´orobanche occasionnait moins de dégât sur ce type variétal que sur lignées, se souvient Alain Gémon. Agriculteur à Saint-Denis-du-Pin, il consacre 50 de ses 280 hectares au colza. « J´ai complètement arrêté les lignées. Je suis passé aux CHL à 100 % puis j´ai adopté les hybrides quand ceux-ci sont arrivés sur le marché. » Avec ces variétés, Alain Gémon arrive à maintenir des rendements entre 30 et 40 quintaux/hectare en dépit de l´infestation de ses parcelles par l´orobanche. Aussi bien l´expérience du terrain que les essais le démontrent : les CHL et hybrides résistent nettement mieux aux attaques de l´orobanche que les lignées.
« Les infestations sont moindres dans ce type de variétés par rapport aux lignées et le développement des plantes parasites y est retardé », remarque Laurent Sacré, responsable approvisionnement à la coopérative agricole de St-Jean-d´Angély.
Semis en première quinzaine de septembre
Selon le Cetiom, cette différence entre variétés serait dû à la forte vigueur végétative qui caractérise les hybrides et CHL. Avec ce type de variété et en particulier les hybrides, il convient d´adapter les densités de semis et ne pas dépasser les 40 graines au mètre carré. L´objectif de peuplement sera de 20 à 25 plantes au mètre carré.
Alain Gémon évite de semer ses colzas avant début septembre. Le Cetiom préconise « d´éviter les semis trop précoces et de les programmer vers le 10-15 septembre dans l´Ouest et le 30 août-5 septembre dans l´Est. L´infestation des orobanches est alors réduite », assure l´institut technique. Alain Gémon a allongé un peu les rotations culturales pour un retour du colza sur les mêmes parcelles tous les quatre à six ans.
Allonger la rotation et introduire de « faux-hôtes »
L´allongement de la rotation fait partie des stratégies anti-orobanche. Mais également l´introduction de « faux-hôtes » en interculture. « Le principe est de semer une culture intermédiaire telle qu´une moutarde, du lin, du pois. qui provoquera des germinations `suicides´ de l´orobanche. La culture sera détruite avant que l´orobanche n´ait terminé son cycle de végétation, présente Olivier Guérin, de la Chambre d´agriculture de Charente-Maritime. Cette technique permet de réduire le stock semencier des sols infestés en orobanche.
Dans la mesure du possible, les orobanches doivent être détruites avant qu´elles ne produisent des graines : par voie mécanique ou avec un désherbant tel que le glyphosate. Un traitement en fin de végétation du colza contre l´orobanche apparaît délicat à mettre en oeuvre (en attendant d´avoir des colzas OGM résistants au glyphosate). Par contre, il faut particulièrement soigner le désherbage contre les mauvaises herbes classiques. « De nombreuses plantes adventices sont également des plantes-hôtes relais pour l´orobanche avec un potentiel multiplicateur important, explique Xavier Pinochet, Cetiom. Préférer un programme complet à base de trifluraline puis Colzor Trio que trifluraline seule. Aussi bien sur colza que d´autres cultures comme les céréales, viser particulièrement les crucifères et géraniums, hôtes privilégiés pour le parasite. » Les traitements herbicides sont conseillés également en bordure de parcelle.
Le labour profond a pour intérêt d´enfouir les graines. Pour éviter la propagation des graines entre parcelles, le nettoyage des outils limitera les risques. « Nous broyons les colzas infestés en dernier, explique à titre d´exemple Alain Gémon, Et nous nettoyons les dents des broyeurs entre chaque parcelle. »
La récolte des colzas se fait au-dessus des orobanches. « Mais attention aux colzas versés pour lesquels la récolte est un véritable élément de dissémination des graines de l´orobanche, prévient Laurent Sacré. Dans les cas d´infestation, il faut tout faire pour éviter la verse : ne pas surfertiliser, appliquer un régulateur. » Puisque les moyens de lutte curative n´existent pas contre l´orobanche, cette plante sera freinée efficacement dans son expansion par un ensemble de techniques préventives. Christian Gloria
Biologie : Une nuisibilité directe
L´orobanche rameuse est une plante parasite de divers végétaux parmi lesquels le colza, le chanvre, le tabac, les légumineuses, la pomme de terre. en ce qui concerne les cultures. Cette plante agit en émettant un suçoir qui se fixe sur les racines de son hôte. Dépourvue de chlorophylle, l´orobanche y puise les éléments nécessaires à son développement. On la remarquera surtout au printemps (tige en forme d´asperge) puis à l´approche de l´été où les pieds développeront des fleurs bleu-violacé. La plante affectionne les sols calcaires (groies.). Elle semble être sensible aux froids hivernaux sévères.