Fertilisation azotée : « J’ai réduit la volatilisation en changeant mes habitudes sans investissement majeur »
Sébastien Bocquillon, agriculteur à Humières (62), génère des économies significatives en prenant en compte les conclusions du projet Épand’air pour optimiser ses apports et limiter les pertes d’azote.
Sébastien Bocquillon, agriculteur à Humières (62), génère des économies significatives en prenant en compte les conclusions du projet Épand’air pour optimiser ses apports et limiter les pertes d’azote.
« J’ai participé aux travaux d’Épand’air au travers du Geda du Ternois dont je fais partie. Épand’air est un projet conduit de 2017 à 2020 par la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, avec Atmo Hauts-de-France et Arvalis, dans l’objectif d’accompagner les agriculteurs pour limiter la volatilisation. Les travaux d’Épand’air montrent que la volatilisation ammoniacale est une question environnementale mais aussi une question économique : la qualité de l’épandage minéral ou organique génère des économies significatives pour nos exploitations. Économiser 10 % améliore la qualité de l’air, mais c’est aussi de l’argent non dépensé.
Les trois formes d’engrais minéraux ont été testées sur blé tendre et les résultats ont montré qu’un panel de solutions permettaient de diminuer la volatilisation ammoniacale sans investissement majeur. Ça nous a confortés dans certaines de nos pratiques – comme le fractionnement – mais cela nous a aussi amenés à changer nos habitudes. Par exemple, le deuxième apport d’azote est le stade le plus conséquent et le plus sensible à la volatilisation ammoniacale. Pour limiter les pertes, les conditions climatiques pendant et après l’application comptent beaucoup. L’idéal c’est d’avoir une pluie quand on sort du champ tout en se rapprochant au maximum du stade épi 1 cm. C’est parfois compliqué de combiner toutes les bonnes conditions. Depuis ces travaux, je sacrifie le stade exact épi 1 cm et j’attends un peu la pluie.
Pour les engrais organiques, Épand’air a conduit à modifier notre organisation. Souvent, ici, on réalise tous nos épandages de lisiers pendant deux ou trois jours, puis on travaille le sol. Nous travaillons désormais le sol avant l’épandage car c’est plus efficace pour limiter la volatilisation. Le produit épandu s’infiltre plus facilement dans le sol qu’en cas de travail du sol après épandage, surtout si ce n’est pas effectué juste derrière l’épandeur. Les travaux ont aussi démontré l’intérêt de l’épandage sur Cipan. »