Des variétés fortes face à l’orobanche sur tournesol
Des variétés tolérantes sont disponibles pour résister à la nuisibilité de l’orobanche sur tournesol. C’est tant mieux car l’adventice est en expansion en France.
Des variétés tolérantes sont disponibles pour résister à la nuisibilité de l’orobanche sur tournesol. C’est tant mieux car l’adventice est en expansion en France.
Lentement mais sûrement, l’orobanche cumana gagne du terrain en France. Cette plante parasite s’attaque spécifiquement aux tournesols et il s’agit d’une orobanche différente de celle trouvée sur colza(1). « Chaque année, de nouvelles parcelles présentant des orobanches sont répertoriées, souvent autour des zones déjà infestées, décrit Christophe Jestin, chargé d’études en génétique et protection des cultures colza et tournesol chez Terres Inovia. En 2017, 23 parcelles supplémentaires ont été ainsi notées ce qui porte à 276 le nombre total de parcelles touchées et ce, sur 80 communes. Mais la surface concernée représente moins de 5 % des tournesols », estime Christophe Jestin.
L’adventice n’est pas présente dans toute la France, loin s’en faut. La plante parasite a pris pied dans le Sud-Ouest, en Haute-Garonne et Tarn-et-Garonne notamment, et un peu également en Poitou-Charentes.
Des variétés pour limiter la nuisibilité
Dans des pays européens tels l’Espagne ou en bordure de la mer Noire, l’orobanche fait partie du paysage depuis des dizaines d’années et ses fortes infestations justifient le travail des semenciers qui ont sélectionné des variétés de tournesol résistantes. La France tire profit de cette amélioration du tournesol avec quelques variétés proposées aux agriculteurs confrontés aux infestations. « Avec les semenciers, nous avons produit un listing des variétés qui permettent de limiter au maximum la nuisibilité de la plante parasite tout en freinant sa dissémination, précise Christophe Jestin. En Espagne ou dans les pays d’Europe de l’Est, les agriculteurs vivent avec l’orobanche depuis longtemps et il leur faut des variétés produisant de bons rendements en présence de cette adventice. En France, c’est différent. L’orobanche ne fait que s’installer. L’objectif est de limiter sa progression. La priorité est à l’utilisation de variétés à bons rendements sur lesquelles très peu d’orobanches arrivent à se fixer. C’est ce que nous examinons dans notre évaluation variétale en conditions naturelles d’infestation : le classement des variétés se fait selon le nombre d’orobanches par pied de tournesol. » Des variétés sont ainsi classées très peu sensibles (TPS) à peu sensibles (PS), d’autres assez sensibles (AS) et certaines sensibles (S).
Tolérances à l’orobanche et à un herbicide peuvent se combiner
Comment utiliser au mieux les variétés tolérantes à l’orobanche ? « S’il y a forte présence, il faut utiliser une variété au minimum peu sensible (PS) à cette adventice. On peut combiner ce choix avec le caractère Clearfield(2) ou Express Sun de tolérance à un herbicide de la variété, à savoir la résistance aux herbicides respectifs Pulsar 40 (Listego) ou Express SX, explique Christophe Jestin. Mais attention. Le traitement herbicide adapté à l’orobanche ne l’est pas à la lutte contre les autres adventices. En effet, l’application doit être positionnée à un stade tardif : 8-10 feuilles du tournesol. »
En conséquence, dans les cas de présence faible d’orobanche, l’utilisation de variétés Clearfield ne sera conseillée que pour éliminer d’autres adventices difficiles et non pas pour viser la plante parasite. Par contre, il restera nécessaire de recourir à des variétés tolérantes au moins à la race E de l’orobanche. Pour les zones concernées par les infestations, Terres Inovia propose une liste de variétés adaptées à la lutte contre l’orobanche qui présentent en même temps de bons comportements sur les maladies et des rendements satisfaisants. Quant aux variétés Clearfield non tolérantes à l’orobanche, elles ne suffiront pas à maîtriser les infestations car l’herbicide Pulsar 40 est d’efficacité limitée sur cette plante. Il ne permet pas de contrôler les fixations tardives.
Allongement de rotation et utilisations de cultures faux-hôtes
La lutte contre l’orobanche ne se résume pas à l’utilisation de variétés tolérantes ou à des désherbages. « L’allongement de la rotation est un bon moyen de freiner l’infestation. C’est même la première chose à faire quand on observe de l’orobanche, à savoir ne pas faire revenir de tournesol avant trois ans sur une parcelle touchée, conseille Christophe Jestin. L’effet de réduction de la pression parasitaire sera renforcé si l’on intègre des espèces faux-hôtes dans la rotation. Ces plantes induisent la germination de l’orobanche sans que celle-ci puisse se fixer ou se développer, d’où son élimination au final. » Parmi les faux-hôtes, il y a plusieurs cultures : soja, sorgho, maïs, avoine, pois chiche, blé et, dans une moindre mesure, le colza et le triticale.
Par ailleurs, de façon à limiter la dissémination des graines, le passage de matériel entre parcelles infestées et saines devra être limité, avec nettoyage des équipements après le passage dans un champ touché. À la récolte, Terres Inovia recommande de couper le broyeur de la moissonneuse, les grains volant facilement au vent et gagnant des parcelles encore indemnes.
(1) Orobanche rameuse, à fleurs violettes.(2) Il existe aussi des variétés Clearfield Plus, résistantes à l’association Pulsar + Dash.Fort pouvoir de dissémination
L’orobanche cumana parasite les tournesols en se fixant sur les racines de la culture pour en détourner les éléments nutritifs et aller jusqu’à la détruire totalement. La plante se caractérise par ses fleurs blanches légèrement bleutées, sa tige non ramifiée (sans chlorophylle) et une taille pouvant atteindre 50 centimètres. Elle produit des milliers de graines minuscules qui se disséminent très facilement. Plusieurs races ont été caractérisées sur l’orobanche, toujours plus virulentes les unes que les autres au fur et à mesure de leurs apparitions. La race E est celle majoritaire en France.
Une veille européenne sur l’évolution des orobanches
« Limagrain propose des variétés de tournesol dans les différents pays européens et nous avons une veille sur toute l’Europe sur l’évolution des races d’orobanche. La race G est celle apparue le plus récemment en France. Elle se montre plus virulente que la race E prédominante. De nouvelles races apparaissent qui contournent les résistances de variétés de tournesol comme en Espagne où plus de 50 % des surfaces sont touchées par l’orobanche ou les bords de la mer Noire et la Turquie (deux tiers des surfaces atteintes). Nous nous devons de répondre à cette évolution en sélectionnant des variétés résistantes aux nouvelles races. En France, nous proposons plus de dix variétés de tournesol résistantes à l’orobanche dont la moitié l’est à la race G. Certaines nouveautés présentent une résistance quantitative et polygénique à l’orobanche comme LG 50.505 qui apporte des garanties de durabilité de ce caractère. En outre, Limagrain a été le premier à lancer des variétés labellisées sous le nom de Suneo avec la double résistance à l’orobanche et à l’herbicide Pulsar 40 (tolérance Clearfield). Nous en avons quatre en France qui présentent ce profil. »