Dégâts d'oiseaux : des ressemis tous les ans pour Ludovic et Philippe Robin
Le tournesol couvre 60 à 70 hectares selon les années sur la ferme des Robin, qui totalise 270 hectares. La culture se maintient au prix de vrais efforts de la part des exploitants.
Le tournesol couvre 60 à 70 hectares selon les années sur la ferme des Robin, qui totalise 270 hectares. La culture se maintient au prix de vrais efforts de la part des exploitants.
L’année 2017 a été tranquille comparée à 2016 pour le tournesol. « Nous n’avons pas connu de gros dégâts par les oiseaux car les semis ont été réalisés dans de bonnes conditions, en même temps que les voisins, permettant une levée rapide et groupée des plantes dans notre secteur. Malgré tout, nous avons dû en ressemer 2 hectares environ, sur des coins de parcelles. » À Benet en Vendée, Ludovic et Philippe Robin consacrent plus de 60 hectares de leurs terres au tournesol, avec des déboires parfois à cause des pigeons ramiers. « Une année, nous avons dû ressemer une parcelle entière de 15 hectares du fait des attaques d'oiseaux mais aussi des lièvres. Une bande de pigeons peut ravager une parcelle en quelques jours, témoigne Ludovic Robin. En 2016, avec le printemps froid, les levées ont été longues et les dégâts assez importants. Des ressemis ont été réalisés sur 5-6 hectares et, pour d’autres zones de parcelles où il ne restait plus que 50 000 pieds à l’hectare (au lieu des 70 000 à 75 000 semés), nous avons choisi de ne pas faire de réimplantation. »
Décalage des dates de semis
La pression exercée par les pigeons chaque année a nécessité chez les Robin de réviser la conduite du tournesol . « Après 2010, nous avons décalé les semis d’une quinzaine de jours, de fin mars à la mi-avril, sans changer pour autant de précocité dans le choix des variétés. L’objectif est d’apporter les meilleures conditions de températures pour une sortie de terre plus rapide des plants, les rendant vulnérables moins longtemps aux oiseaux. Par ailleurs, pour ne pas avoir à surveiller toutes les parcelles en même temps, nous répartissons les dates de semis en respectant un écart de cinq à six jours entre les différents champs. Enfin, nous ne semons plus de tournesol sur les petites parcelles qui auraient toutes les chances d’être ravagées en peu de temps. »
Les tournesols nécessitent d’être surveillés du début de la levée au développement des premières feuilles. « Dans cette période, il faut passer jusqu’à dix fois par jour quand il y a présence des pigeons, et ce, surtout le matin », souligne Ludovic Robin.
Trois bazookas mis en place dans les parcelles
Pour faire fuir les oiseaux, les agriculteurs sortent les armes : des bazookas ! C’est le terme utilisé pour désigner des canons à gaz dont les détonations et la forme rappellent l’arme de guerre. « Nous en avons trois que nous installons au dernier moment pendant la période de vulnérabilité des tournesols et que nous déplaçons régulièrement. Objectifs : faire en sorte que les pigeons s’y habituent le moins possible et prévenir les risques de vols et de dégradations qui existent bel et bien, informent Ludovic et Philippe Robin. Nous devons tenir compte également du voisinage et d’une réglementation locale ne permettant pas d’utiliser ces canons trop près des habitations ni à n’importe quel moment. Nous devons compter sur la tolérance des habitants… » Les agriculteurs installent également des épouvantails de fortune : des big bag accrochés à des piquets font l’affaire.
Vu le temps consacré à la surveillance et le surcoût du ressemis, les agriculteurs auraient pu être tentés d’abandonner le tournesol. « Cela aurait remis en cause l’intérêt de notre assolement, signale Ludovic Robin. Car dans notre secteur, nous sommes déjà confrontés à des problèmes culturaux, tels que l’infestation du colza par les orobanches et la présence de graminées résistantes aux herbicides difficiles à gérer dans les céréales. » Le tournesol est la seule culture de printemps avec le pois où les interventions peuvent permettre de mieux gérer les adventices sur la rotation, par exemple (un labour est effectué avant l’implantation). Et pour la région, c’est une culture intéressante de par la diversification qu’elle apporte aux productions. Ces dernières années, les rendements ont été corrects. Le tournesol a la vie sauve chez les Robin.