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[Covid-19] Quelles conséquences pour la filière semences en grandes cultures ?

Le personnel saisonnier nécessaire à la production de semences pour certaines espèces de grandes cultures est au rendez-vous. Bien que réduits, les contrôles de certification sont assurés.

Les épurations en colza pour la production de semences battaient leur plein en avril avec le respect des gestes barrières contre le Covid. © Deleplanque
Les épurations en colza pour la production de semences battaient leur plein en avril avec le respect des gestes barrières contre le Covid.
© Deleplanque

Tout comme les récoltes en cours de certaines cultures légumières ou fruitières, la production de semences a ses propres besoins en personnel. « Pour les épurations en colza, cela nécessite entre deux et trois personnes par hectare au moment des floraisons. Les réseaux de production organisés par des établissements spécialisés ont recours aux mêmes personnes chaque année. Il n’y a pas de problème de recrutement, constatait Laurent Bourdil, président de l’Association nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences d’oléagineux (Anamso) le 8 avril dernier. Les consignes sont données au personnel pour respecter les mesures contre le Covid-19 ».

La betterave sucrière est gourmande en main-d’œuvre. « Des planchons sont repiqués pour la production de semence de l’année pour cette espèce qui est bisannuelle et cela nécessite beaucoup de manipulation sur les planteuses, explique Michel Straebler, directeur des sections du Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants). Des opérateurs ont installé des plaques de plexiglass isolant chaque employé sur la planteuse de façon à respecter les règles d’isolement. Les plantations ont été réalisées même si cela a pris plus de temps que d’habitude. »

« Pas de relâchement » sur la qualité des semences certifiées

Le tournesol et surtout le maïs ont connu des retards de livraison de semences de contre saison venant d’Amérique du Sud. « Ce sont des épiphénomènes. Quelques lots ont été bloqués mais tout est rentré dans l’ordre », assure Michel Straebler. Début avril, les producteurs de semences de ces espèces craignaient plutôt pour les castrations à prévoir en maïs courant juillet, avec l’embauche de stagiaires, étudiants pour beaucoup. Le report de la fin des cours et examens courant juillet n’est plus d’actualité. Les étudiants pourront intervenir dans les champs en temps normal.

Les contrôles pour la certification des lots de semences sont assurés malgré l’activité réduite des laboratoires de la Station nationale d’essais de semences et des équipes du Service officiel de contrôle et de certification (SOC). « Ces opérations reposent sur des prélèvements dans des lots de semences avec autocontrôles des entreprises, doublés des contrôles du SOC. Ces derniers ne seront faits que pour les entreprises ne disposant pas de laboratoire pour les autocontrôles sanitaires et de qualité des semences, informe Anne-Laure Fondeur, directrice du SOC. Il n’y a pas de relâchement sur la qualité des semences certifiées ».

EN CHIFFRES

Des productions de semences entre hausses et baisses

-8 % de la surface de multiplication de semences en blé tendre et -20 % en blé dur (-2 % en orge d’hiver, -20 % en orge de printemps) à cause d’un taux de semences certifiées bas (46 % en blé tendre cette année)

Augmentation forte des surfaces de multiplication en protéagineux : féverole (+33 %), pois d’hiver (+22 %) et de printemps (+5 %) pour regonfler les stocks bas en semences de ces espèces

Chute de 40 % de la production de semences de colza (9000 hectares) et de 15 % en tournesol : 16 000 hectares programmés. Le marché à l’export (60-70 % des semences) vers l’Europe de l’Est se réduit : les pays organisent leur propre production.

Remontée du maïs avec +16 % par rapport à 2019 et 79500 hectares programmés en France, ainsi que +12 % à l’échelle de l’UE (170 000 hectares)

Sources Fnams, Anamso, FNPSMS (Maiz’Europ)

Des livraisons de phytos pour l’instant peu perturbées

Pour les traitements de printemps, les distributeurs avaient constitué leurs stocks à temps pour la plupart des produits phyto. Même avec des allongements et des coûts revus à la hausse par les transporteurs, ces produits ont pu arriver jusqu’aux agriculteurs. Beaucoup d’entre eux sont formulés dans l’Hexagone, qui compte 19 usines de 8 entreprises. Qu’en est-il des produits d’automne ou du glyphosate ? « Pour tous les produits chimiques, 80 % contiennent un constituant provenant de Chine. C’est à peine moins pour les phytos. Il y a eu du retard de livraison dans certaines usines mais l’on revient à la normale, assurait début avril Xavier Thévenot, directeur du développement durable chez Syngenta (commercialisant des produits comme ceux à base de prosulfocarbe, molécule provenant d’Asie). Les usines en Chine ont redémarré de même qu’en Inde, autre fournisseur important ».

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