Biodiversité : « Je reçois des aides pour des couverts et des jachères bénéfiques à la faune »
Agriculteur à Épieds-en-Beauce dans le Loiret, Laurent Gasnier a multiplié les aménagements parcellaires pour favoriser la biodiversité sauvage.
Agriculteur à Épieds-en-Beauce dans le Loiret, Laurent Gasnier a multiplié les aménagements parcellaires pour favoriser la biodiversité sauvage.
« Environ 5 hectares de mes terres sont consacrés au développement de la faune sauvage, le gibier mais aussi les insectes auxiliaires. Sur 1 à 1,50 mètre de large, je gère les bords de champ autour de mon parcellaire avec le semis d’un mélange floral pérenne favorisant les pollinisateurs sauvages et auxiliaires. C’est une action soutenue par l’association Hommes et Territoires dans le cadre du programme Agrifaune. Pour maintenir ce milieu, je n’effectue pas de broyage, sauf si du chardon se développe. Pour cela, j’ai reçu une aide financière de la Région dans le cadre du programme européen Leader sur le PETR (Pôle d’équilibre territorial et rural) Pays Loire Beauce regroupant plusieurs communes.
Par ailleurs, j’ai installé près d’un hectare de jachères mellifères comportant des plantes (achillées, marguerites, mauves, soucis…) attirant les pollinisateurs sauvages mais peu les abeilles domestiques, car l’activité de ces dernières ne doit pas être détournée de la pollinisation des porte-graines du secteur. Sur 1,2 hectare, une jachère faune sauvage sert de refuge au gibier l’hiver avec du sorgho fourrager et du maïs restant sur pied. Une autre jachère plus classique couvre 0,6 hectare. J’ai enfin 750 mètres de haies de 6 mètres de large. Jachères et haies me permettent de dépasser les exigences réglementaires en SIE (surface d’intérêt écologique) avec 7,5 % de ma SAU. Je mets aussi en place des couverts d’interculture comptabilisés en SIE, avec un mélange Agrifaune favorable à la biodiversité.
La fédération de chasse du Loiret a financé plusieurs actions : plants pour les haies et leur protection, semences de bandes fleuries ou pour les jachères. Je reçois en outre 200 à 300 euros à l’hectare pour la jachère faune sauvage. Je remarque le développement de certains gibiers et d’autres animaux. Il y a davantage de pollinisateurs mais je ne peux pas chiffrer l’impact de ces aménagements sur mes cultures et les ravageurs. J’ai supprimé les insecticides sur les cultures au printemps et j’applique peu d’antilimace, mais c’est aussi permis par mes pratiques culturales. Avec le retour d’une biodiversité sauvage, je prends plaisir à travailler dans une plaine vivante et c’est important. Cela fait partie de mon bien-être au travail. »