Aller au contenu principal

Argentine : des producteurs sans soutiens directs... mais protégés par le Mercosur

Contrairement à d'autres états, les agriculteurs argentins ne sont pas directement soutenus par leur gouvernement. Mais ils bénéficient de la protection indirecte du Mercosur, payante pour le blé sur 2017-2018.

« Si vous parlez de soutiens publics à l’agriculture en Argentine, on va vous rire au nez ! », résume Leandro Pierbattisti, conseiller de la fédération argentine des négociants en céréales. Pour le responsable, le seul encouragement de l’État vient de la libéralisation des exportations décidée en décembre 2015 par le gouvernement du président Mauricio Macri. Créées pour augmenter les revenus fiscaux de l’État et contrer les effets sur les prix intérieurs de la dévaluation du peso argentin, des taxes à l’export ont été mises en place en 2002. Puis en 2008, est venu s’ajouter un alourdissement de la réglementation avec un système de quotas. Les deux dispositifs ont été éliminés dès la fin 2015 pour les céréales, mais les taxes sur le soja sont encore en vigueur. « Fin 2015, elles ont baissé de 5 %, passant de 35 % à 30 %, explique Léandro Pierbattisti. Cette baisse aurait dû se poursuivre à raison de 5 % par an, mais cette promesse n’a pas pu être tenue du fait de leur poids dans le budget de l’État. Depuis début 2018, elles diminuent de 0,5 % par mois et devraient tomber à 18 % fin 2019. » L’export, un débouché majeur pour les grains argentins, s’est donc bien libéralisé, plaçant les agriculteurs en prise directe avec le marché mondial.

Des barrières à l'entrée du marché commun

Néanmoins, l’Argentine fait partie du Mercosur, qui comprend également le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie. Or ce marché commun a mis en place à ses frontières des barrières tarifaires qui le protège notamment des importations de blé des pays tiers. Résultat, l’Argentine est un fournisseur privilégié du Brésil lorsque celui-ci réalise une mauvaise récolte, comme l'an passé. Sur le premier trimestre de la campagne 2017-2018 qui commence au 30 novembre, les producteurs argentins ont ainsi vu les cours flamber : les industriels brésiliens étaient à la recherche de matières premières. « L’Argentine a exporté 6 millions de tonnes de blé, soit la moitié de son solde exportable sur seulement trois mois, souligne Léandro Pierbattisti. Les cours sont montés jusqu’à 270 dollars FOB ! » De quoi isoler le pays de la scène internationale… tout en réjouissant ses agriculteurs.

Et si le gouvernement argentin n’a pas une tradition de soutien à sa filière agricole, il semblerait que les choses évoluent. Pas mal de discussions ont lieu à propos des assurances contre les aléas climatiques et économiques ou sur d’éventuels allègements fiscaux destinés à encourager la fertilisation des sols, qui ont tendance à s’appauvrir. Preuve d'une volonté de l'État, un fonds national pour l’agro-industrie, le Fondagro, a par ailleurs été mis en place en février 2017. Fort d’1,7 milliard de pesos argentins (54 millions d’euros), il doit entre autres aider à améliorer la compétitivité des différentes productions du pays et leur qualité sanitaire. Une initiative intéressante... dont la déclinaison n'est toutefois pas encore très claire.

Les plus lus

<em class="placeholder">Culture de tournesol soufrant de la sécheresse.</em>
Changement climatique en Nouvelle-Aquitaine : « Une ferme charentaise descend de 8 km vers le sud tous les ans »

En 2050, les températures en Charente seront celles du sud de l’Espagne aujourd’hui, mais le volume de précipitation sera…

<em class="placeholder">Parcelle en jahère.</em>
Jachères de plus de 5 ans : comment les garder en terres arables en 2025 ?

La question de la requalification des jachères de plus de 5 ans en prairies permanentes restait en suspens après les…

<em class="placeholder">Sol nu après une récolte partielle du maïs grain.</em>
Culture secondaire et PAC : des dérogations à leur implantation dans certaines zones

Le contexte météorologique de cet automne 2024 n’ayant permis, l’implantation des cultures secondaires avant le 1er …

<em class="placeholder">Prélèvement d&#039;un échantillon de sol pour une analyse en février 2021 dans un champ de colza en Seine-et-Marne</em>
Phosphore : des analyses de sol incontournables pour mesurer cet élément nutritif

Seule une petite part du phosphore présent dans le sol est assimilable par les cultures. Les analyses de sol apportent des…

<em class="placeholder">commerce des matières premières agricoles / échanges commerciaux de la France avec l&#039;Afrique / exportations / port de Rouen / terminal sucrier de Rouen Robust / chargement ...</em>
Accord Mercosur : quels risques pour les filières sucre et maïs ?

En grandes cultures, les filières sucre et maïs sont concernées par l’accord en cours de négociations entre l’Union européenne…

<em class="placeholder">Romuald Marandet, chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne&quot;La période de septembre à février est idéale pour les travaux sur les ...</em>
Curage des fossés : «La période de septembre à février est idéale, sans formalité administrative la plupart du temps », selon l'OFB de l'Aisne

Chef de service à l’Office français de la biodiversité (OFB) dans l’Aisne, Romuald Marandet précise la réglementation en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Grandes Cultures
Consultez les revues Réussir Grandes Cultures au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter Grandes Cultures