Agroéquipements : les ventes en forte baisse après l’année record de 2022
D’après Axema, le secteur des agroéquipements français enregistre un niveau de ventes record en valeur en 2022 en lien avec l’envolée des prix du matériel agricole. Le recul des commandes depuis le début de l’année 2023 inquiète les professionnels du secteur.
D’après Axema, le secteur des agroéquipements français enregistre un niveau de ventes record en valeur en 2022 en lien avec l’envolée des prix du matériel agricole. Le recul des commandes depuis le début de l’année 2023 inquiète les professionnels du secteur.
Portées par la hausse du prix des agroéquipements, les ventes de matériels neufs s’établissent à un niveau record qui se chiffre à 9 milliards d’euros en 2022, soit une progression de 15 % par rapport à 2021 et de 30 % par rapport à 2019, indique Axema, syndicat français des industriels de l’agroéquipement, lors de la présentation de son rapport économique le 25 mai. En dépit de l’augmentation des prix de production, la très bonne année réalisée par les agriculteurs en 2022 et les subventions du plan de relance du gouvernement ont boosté les ventes de matériel. Au final, en volumes, les ventes de matériel neuf progressent de 2,5 %.
L’augmentation des coûts de production se répercute sur les prix de vente du matériel agricole
En 2022, après les années de crise sanitaire, la guerre provoquée par la Russie en Ukraine est venue à son tour chambouler la donne pour les industriels des agroéquipements en provoquant l’explosion du cours des matières premières. Entre janvier et mai 2022, l’acier est passé de 900 à 1 800 €/t et l’inox de 2 400 à 3 700 €/t. « Ces matériaux utilisés pour la fabrication du matériel agricole représentent 33 % du coût de fabrication », chiffre David Targy, responsable du pôle économique d’Axema. Si les prix sont retombés ces derniers mois, ils restent plus élevés qu’avant la période Covid.
Conséquence logique de la hausse des coûts de production : les prix du matériel agricole ont progressé de 12 % en un an (2021-2022) et de 17 % en deux ans (2020-2022). À titre de comparaison, les évolutions de prix du secteur d’une année sur l’autre se situaient entre 0 et + 2 % avant cette succession d’années atypiques. En parallèle, note Axema, l’indicateur Ipampa matériel, qui correspond au prix d’acquisition du matériel agricole par les agriculteurs net des remises et des reprises, progresse de 10 %. « Notre hypothèse est que les prix de reprise du matériel d’occasion ont permis d’atténuer la facture des matériels neufs », précise David Targy.
Forte perturbation de la chaîne d’approvisionnement
Les difficultés d’approvisionnement des constructeurs de produits fabriqués en Chine (composants électroniques et hydrauliques principalement mais aussi essieux, moteurs…) ajoutées à la forte demande ont entraîné un important allongement des délais de livraisons. « La situation reste pour l’heure tendue et très variable selon les capacités de fabrication des constructeurs », indique Jean-Christophe Régnier, président de la Commission économique d’Axema et directeur général de Lemken France.
Forte baisse des commandes en 2023 : trou d’air ou tendance durable ?
Le début de l’année 2023 est marqué par un grand écart entre les facturations qui restent en hausse dans le sillage de 2022 et des prises de commandes en chute libre (- 30 % par rapport à la même période en 2019).
Malgré ce recul, d’après Axema, il est presque acquis que le marché des agroéquipements sera en croissance en 2023, de l’ordre de 5 % à 10 %, en raison de la hausse de prix de vente. Les inquiétudes des professionnels du secteur portent désormais sur 2024. « Notre interrogation est de savoir si l’on revient cette année à une situation plus normale où les agriculteurs attendent la récolte pour décider de leurs investissements », conclut Jean-Christophe Régnier.
Maintien des immatriculations à un haut niveau en 2022
Les premières immatriculations de véhicules agricoles (hors quads) s’établissent à 76 138 unités en 2022, soit peu ou prou au même niveau qu’en 2021. Les tracteurs ont représenté un peu plus de la moitié de ce total (53 % en 2022), devant le matériel de transport (16 %), les presses et le matériel de fenaison (10 %), le matériel d’entretien des espaces verts, des forêts et bords de route (6 %), le matériel de travail du sol, semis et fertilisation, le matériel de récolte (4 % chacun), le matériel de protection des cultures (3 %) et le matériel d’irrigation (2 %). Les trois premières familles citées, qui concentrent environ 80 % des premières immatriculations, ont connu des évolutions différenciées en 2022 : -0,3 % pour les tracteurs, -6,4 % pour le matériel de transport et +2,8 % pour les presses et le matériel de fenaison.
Immatriculations 2022