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« L'entretien du sol de mes vignes me coûte moins de 400 euros par hectare grâce à la combinaison d'outils et aux doigts Kress »

Philippe Sicard, vigneron en Minervois, a fait évoluer son itinéraire d’entretien du sol en ajoutant un outil complémentaire. Une source de gain de temps, donc d’argent.

Pour gérer plus efficacement l'entretien 100 % mécanique du sol, Philippe Sicard a dû chercher une solution adaptée à son sol pierreux
Pour gérer plus efficacement l'entretien 100 % mécanique du sol, Philippe Sicard a dû chercher une solution adaptée à son sol pierreux
© C. Gerbod

Dans les vignes du domaine Sicard, à Aigues-Vives, aux confins de l’Hérault et de l’Aude, l’entretien du sol a fortement évolué ces cinq dernières années. Tout a commencé par l’arrêt du désherbage chimique pour passer au 100 % mécanique, car l’exploitation qui est en HVE entame sa troisième année de conversion bio. « Quand on arrive à gérer le sol, la marche est petite pour passer en bio », estime Philippe Sicard, le vigneron.

 

 
Les lames interceps frontales Ferrand sont désormais secondées par un autre outil pour l'entretien du cavaillon.
Les lames interceps frontales Ferrand sont désormais secondées par un autre outil pour l'entretien du cavaillon. © C. Gerbod

Il a démarré l’entretien mécanique du sol avec deux outils achetés d’occasion : un châssis frontal intercep Ferrand pour le cavaillon et un Cultibio pour l’interrang. Mais l’itinéraire ne satisfaisait pas totalement Philippe Sicard.

 

 
Le Cultibio intervient dès le stade de la plantule.
Le Cultibio intervient dès le stade de la plantule. © C. Gerbod

Il gère 38 hectares avec un salarié et passait seul la décavaillonneuse, dont la vitesse n’excédait pas « 3 à 4,5 km/h dans les bonnes conditions ». D’où une limite. « Il n’aurait pas fallu plus de 20 hectares pour gérer les vignes de cette façon », analyse-t-il.

À la recherche d’un outil plus rapide

Il a donc cherché un outil plus rapide, avec pour autre volonté de ne pas « voir disparaître le cavaillon à cause du passage répété de l’intercep ». Ayant vu fonctionner des doigts Kress chez un ami viticulteur, il décide de faire un test au domaine. La vitesse d’avancement de 7 à 8 km/h, soit deux fois plus rapide qu’avec les lames, le convainc.

Parmi les neuf devis qu’il sollicite, il opte pour un cadre Grenier-Franco parce qu’il monte « les doigts Kress sur une sécurité avec ressort. Il y a un effet d’effacement qui ne casse pas la souche. C’est une souplesse de travail. Quand on fait un travail combiné, il faut rester vigilant sans relâche. Alors si on peut se faciliter le travail avec une assistance de pilotage ! », s’exclame-t-il.

 

 
Grâce à son nouvel outil, Philippe Sicard peut combiner l'entretien du cavaillon avec le rognage.
Grâce à son nouvel outil, Philippe Sicard peut combiner l'entretien du cavaillon avec le rognage. © P. Sicard

Au moment de choisir le matériel, Philippe Sicard n’a d’ailleurs pas eu l’impression d’avoir beaucoup de possibilités. Compte tenu de son sol très caillouteux, « on élimine le mécanique, l’hydraulique, c’est obligé », insiste-t-il.

Le cavaillon géré avec trois à quatre passages par an

Les doigts Kress se sont insérés l’an dernier dans l’itinéraire avec un premier passage à la sortie des vendanges. « Ça remonte la terre sur le cavaillon. Ça étouffe les semis et ça fait gagner du temps jusqu’au printemps. Entre mi-mars et fin avril, on passe la lame bineuse. Ensuite, on entretient selon les besoins avec les doigts Kress, en combiné ou pas avec le rognage », décrit le vigneron. Il avoue avoir été étonné de l’efficacité. Cette mission d’entretien du sol est partagée avec son salarié car « avec les doigts Kress, la largeur se règle de la cabine. Il faut moins de technicité que la décavaillonneuse qui nécessite de s’adapter par rapport à la résistance du sol », explique-t-il. L’itinéraire s’applique sur l’essentiel de son vignoble sauf sur une parcelle en dévers.

« J’ai le sentiment d’avoir fait un gros pas en avant avec les doigts Kress », estime-t-il. L’entretien sous le rang est réalisé une fois avec la lame intercep alliée avec le Cultibio pour l’interrang, une fois avec les Kress seuls et une à deux fois en combiné avec la rogneuse. Selon les années, trois à quatre passages sont donc réalisés pour l’entretien du cavaillon.

« Les deux outils sont très complémentaires. Avec les Kress seuls, on butterait de plus en plus et avec la machine à vendanger, on ramasserait de la terre mais ça facilite grandement le travail de l’intercep derrière », apprécie-t-il. L’interrang nécessite le plus souvent deux passages spécifiques en plus.

Investir pour gagner du temps et du carburant

L’équipement en doigts Kress a nécessité un budget de 10 000 euros HT. Philippe Sicard s’est équipé dans le cadre d’une MAEC à laquelle il a eu accès parce que ses vignes sont en zone Natura 2000. Il a délégué la constitution du dossier de 28 pages à son conseiller comptable Cerfrance. Un coût de 500 euros supplémentaire mais qu’il considère comme rentable par rapport au gain de temps et d’expertise. Il attend toutefois toujours de voir arriver sur son compte l’aide de 40 % de l’investissement. Il a dû acheter un second jeu de doigts Kress plus petits pour sa parcelle de vieux carignans plus étroite pour 2 000 euros, un prix qu’il a jugé très élevé.

Lire aussi : « En vigne, la combinaison d’outils limite nos émissions de carbone »

Ce nouveau dispositif représente une économie en temps compte tenu de la vitesse de travail permise par les doigts Kress. Il utilise son tracteur Fendt 270 deux roues motrices qui est économique. « Il n’y a pas besoin d’une traction énorme », observe-t-il. Pour la décavaillonneuse, l’acquisition d’un Fendt Vario d’occasion a représenté une économie importante de GNR. Il estime avoir divisé par deux le coût par rapport à son modèle de tracteur précédent, soit une consommation passée de 11 à 12 litres par heure à 6 litres par heure en moyenne.

L’entretien le plus important est requis par les lames bineuses. Philippe Sicard a consolidé l’outil avec l’aide d’un ferronnier. « On a renforcé les soudures pour une meilleure résistance du châssis. On a toujours l’impression d’aller chercher des pièces mais ici les sols sont très durs, il faut se mettre à la place des outils », ironise-t-il. Il estime le coût d’entretien sur les cinq dernières années à 800 à 1 000 euros par an en moyenne en comprenant pièces d’usure, renforcement par le ferronnier, rachat de lames (180 euros pièce donc 360 euros, les lames étant renouvelées toutes les quatre ou cinq campagnes).

Pour les doigts Kress, il apprécie l’absence d’entretien. « Juste un peu de graisse, ça ne force pas », s’enthousiasme-t-il.

 

 
Graphique : Coût en euros par hectare et par an
Graphique : Coût en euros par hectare et par an © Source : Réussir

Être plus réactif en cas d’évolution du climat

Au final, il juge son itinéraire « efficace, et même plus propre que quand on était en désherbage chimique car certaines plantes comme les ronces ou la garance sont fortement usées par les passages mécaniques répétés ». Il note toutefois une limite sur les forts dévers. « Il faut revenir à la courbe naturelle des pentes car les rangées se penchent. Ça fait des étages. Il faut que je passe le cadre pour faire remonter la terre, rectifier les courbes. Sur certaines parcelles ça devient dangereux », s’inquiète-t-il. Le problème se pose sur 4 à 5 hectares.

S’il devait acheter un matériel en plus, ce serait un outil de tonte (type Herbanet). « Je me pose la question d’avoir un complément en cas d’année pluvieuse, si les herbes atteignent 20 à 30 cm de hauteur », projette-t-il. La question n’est pas prioritaire pour l’instant, au vu du manque d’eau enduré par le vignoble actuellement.

repères

Domaine Sicard

Superficie 38 hectares

Encépagement carignan, syrah, grenache noir, mourvèdre, muscat, cinsault, merlot, marselan, grenache gris, viognier

Largeur interrang majoritairement 2 m mais quelques parcelles en 2,50 m et en 1,75 m

Type de sol argilo-calcaire à 98 % + très forte pierrosité

Dénominations AOP minervois, IGP pays d’oc

Labels HVE, troisième année de conversion bio

Mode de commercialisation vente directe (40 %), négoce (60 %)

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