Génétique : Le sélectionneur Hubbard mise sur le poulet différencié
Sur fond de conjoncture économique incertaine, le Forum Hubbard Premium a traité de l’avenir des poulets à croissance plus lente, dans une perspective bas carbone en Europe et Amérique du Nord, et de développement ailleurs.
Sur fond de conjoncture économique incertaine, le Forum Hubbard Premium a traité de l’avenir des poulets à croissance plus lente, dans une perspective bas carbone en Europe et Amérique du Nord, et de développement ailleurs.
Devant 150 clients et acteurs de la filière poulets venus de 29 pays, l’occasion était belle pour le sélectionneur franco-américain, en partie né dans les Côtes-d’Armor, de présenter ses progrès en matière de sélection génétique et d’expliciter sa stratégie. Hubbard commercialise des grands-parentaux et parentaux dans une centaine de pays à partir de ses quatre bases implantées en France, aux États-Unis, au Brésil et en Pologne.
Hubbard en a profité pour lancer un appel à la collecte accrue de données de performances de ses croisements à tous les stades de production, afin « d’analyser l’expression génétique dans les différents environnements ». Ce retour d’information complète les données obtenues dans les fermes de R&D Hubbard dans lesquelles de nouveaux investissements permettent d’accroître la puissance de sa sélection génétique.
L’indice de consommation reste prioritaire
Mais à Évian il a surtout été question des volailles différenciées à croissance plus lente, dites aussi Premium, qui restent un marché de niche, couvrant seulement 2 % du marché mondial, avec toutefois des perspectives de développement.
Outre le bien-être animal, qui a été ajouté depuis de nombreuses années aux autres critères de sélection, l’objectif premier du sélectionneur demeure l’amélioration de l’indice de consommation, y compris pour les volailles à croissance plus lente. « L’alimentation reste le coût principal de production d’un poulet de chair et représente l’impact carbone majeur », affirme Olivier Rochard, directeur général. « Il est capital de produire plus de viande avec moins d’intrants, des protéines sourcées non liées à la déforestation, et cela pour les différents segments de marché. »
Alors que la production mondiale de poulet ne progresse plus que de 1 % depuis 2020 et qu’elle diminue en Europe (1), les filières poulets sont confrontées à des incertitudes économiques et sanitaires, variables selon les continents où opère le sélectionneur Hubbard.
Sur le marché mondial, Hubbard intervient tant en élevage conventionnel (70 % du chiffre d’affaires) qu’avec ses souches à croissance plus lente qui répondent à des demandes diversifiées.
Hubbard s’appuie sur une trentaine de lignées sélectionnées pour réaliser des croisements répondant aux divers marchés visés.
Navigation à vue en Europe
En Europe et Amérique du Nord, Hubbard s’affirme prêt à participer à la transition d’un poulet conventionnel vers un poulet ECC (European Chicken Commitment) ou BCC (Better Chicken Commitment) qui devrait se concrétiser en 2026, avec une souche accréditée, la femelle Hubbard Redbro, développée depuis dix ans.
« Nous pensions alors qu’un nouveau segment allait se créer et nous sommes partis un peu à l’aventure…, avance le directeur commercial Bruno Briand. Après un long développement de génétique, la mise en phase de test en R&D pour valider les résultats, puis des tests de performance chez nos clients, nous avons lancé ce produit voilà deux ans. »
Malgré la date qui se rapproche, la plupart des acteurs européens de la filière restent attentistes. « Nous avons déjà des mises en place de femelles Hubbard Redbro en France, au Royaume-Uni, en Belgique et aux États-Unis. Mais malgré le nombre élevé d’engagements, il reste à savoir quand les clients mettront en œuvre l’ECC/BCC d’ici 2026 », constate Bruno Briand. « Si nous ne pouvons estimer en 2024 le volume de reproductrices à fournir en 2026, nous ne pourrons mettre en place le nombre de grand-parentaux nécessaire pour répondre à la demande. Nous tentons d’évaluer au mieux les besoins de façon à être prêts. C’est d’autant plus compliqué que le comportement des consommateurs reste une interrogation. »
S’adapter aussi aux couleurs locales
Sur les continents autres que l’Europe et l’Amérique du Nord, les préoccupations et les marchés sont bien différents. Le sélectionneur y fournit des animaux reproducteurs à croissance plus lente pour les marchés fermiers. Par exemple, poulets colorés pour les basses-cours en Afrique, ou femelles reproductrices Premium croisées avec des mâles Hubbard à croissance lente ou avec des mâles indigènes en Asie… Une chair au goût plus prononcé et des couleurs. Ils semblent répondre aux attentes de marchés fermiers où le poulet blanc conventionnel n’a pu s’implanter.
Dates clés de Hubbard
1921 : création aux États-Unis par Ira Hubbard
1974 : rachat par le laboratoire américain Merck
1997 : fusion avec ISA, l’Institut de sélection animale (poule Isabrown et poulet Vedette) basé en Côtes-d’Armor pour devenir Hubbard ISA
2003 : séparation des activités ponte (ISA) et chair (Hubbard)
2005 : le groupe Grimaud rachète Hubbard et Hendrix Genetics rachète ISA
2018 : le groupe Aviagen, membre du groupe allemand EWG, rachète Hubbard