Emballage : Vitesse et précipitation
Sans remettre en cause le bien-fondé de l’amendement* sur les emballages plastique dans la filière fruits et légumes, c’est sa date de mise en place qui soulève de nombreuses indignations.
Sans remettre en cause le bien-fondé de l’amendement* sur les emballages plastique dans la filière fruits et légumes, c’est sa date de mise en place qui soulève de nombreuses indignations.
Comme nous vous l’annoncions à notre retour de Fruit Logistica (cf. FLD Hebdo du 13 février), l’emballage était LE sujet du salon, et en particulier dans le hall France où chaque acteur rencontré abordait le sujet.
« C’est arrivé tellement vite ! Pour moi, c’est juste une décision politique. On cède à une pression sociétale forte, sans anticiper les impasses techniques et économiques et les répercussions qui en découlent. Beaucoup d’entreprises ont investi dans le temps », s’insurgeait par exemple Marc De Nale, directeur général de Demain la terre.
Gilles Bertrandias, directeur général de Rougeline, mettait aussi l’accent sur les rayons de la GMS non organisés pour du 100 % vrac : « Du concombre bio ou zéro résidu de pesticides en vrac : on sait faire. Mais le rayon n’est pas organisé pour ça aujourd’hui. Cet amendement va à l’encontre toutes les stratégies de valorisation dans la filière ».
« L’attitude des consommateurs en ce moment est très intéressante à observer. Ils disent qu’ils ne veulent pas de plastique, mais quand ils sont en magasin, ils achètent de plus en plus d’UVC », soulignait pour sa part, Claudia Schuh, directrice emballage à Lorentzen et Sievers, qui animait à Fruit Logistica une conférence sur le métier de packaging manager.
Claudia Schuh a soulevé par ailleurs toutes les autres questions que pose la réduction actuelle des emballages plastique en attendant que des alternatives viables puissent être mises en place : reconnaissance en caisse des produits, séparation des produits des produits bio et des conventionnels et ce dès la station, lutte contre le gaspillage alimentaire…
Quid aussi du marketing ? « On sait bien que si le marketing est bon, les clients mangeront plus de fruits et légumes. Comment différencier aussi les produits premium ? Le packaging fait partie de l’offre », insiste-t-elle.
Elle s’interroge aussi que qui va payer les investissements (changement de machines, etc.) pour ces changements sociétaux, « car au final le client ne veut pas payer plus cher », rappelle-t-elle.
Et partant du principe que toute évolution est une invitation à changer les choses, Claudia Schuh ajoute : « Il faut saisir cette chance pour progresser ». Côté français, c’est ce que la filière fruits et légumes avait commencé à faire, mais elle ne s’attendait pas à devoir progresser si vite…
« Il faut faire front tous ensemble », préconisent de nombreux acteurs de la filière.
* A compter de 2022, « tout commerce de détail exposant à la vente des fruits et légumes frais non transformés est tenu de les exposer sans conditionnement composé pour tout ou partie de matière plastique ». Cette obligation n’est pas applicable aux fruits et légumes en lots à partir de 1,5 kg ainsi « qu’aux fruits et légumes présentant un risque de détérioration lors de leur vente en vrac dont la liste est fixée par décret. »
Par ailleurs, à noter aussi qu’« au plus tard le 1er janvier 2022, […] l’apposition d’étiquettes directement sur les fruits ou les légumes, à l’exception de celles compostables par l'usage domestique et constituées en tout ou partie de matières biosourcées ».