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Un réseau pour aller plus loin

Pour continuer dans la baisse des produits phytosanitaires, sept sites expérimentaux testent de nouvelles combinaisons de leviers.

L’OBJECTIF DES VERGERS ECOPÊCHE EST DE RÉDUIRE DE 50 % LES IFT CHIMIQUES en vergers de pêches ou nectarines sans impact sur la rentabilité économique.

En appui aux réseaux Dephy ferme, le réseau Dephy expé prend les risques pour tester d’autres leviers. Sept sites accueillent depuis quatre à six ans des dispositifs comparant une variété de pêcher ou de nectarine conduite dans un verger en protection fruitière intégrée, dans un verger économe en intrants et parfois dans un verger en agriculture biologique. « L’objectif est de combiner différents leviers afin de réduire les intrants phytosanitaires sans affecter les résultats économiques », présente Daniel Plénet, de l’Inra d’Avignon, coordinateur du projet. Sur la modalité économe en intrants, une baisse de 50 % des Indices de fréquence de traitement (IFT) hors produits de biocontrôle était visée. « En moyenne, sur les quatre dernières années, une baisse de 52 % des IFT hors biocontrôle et de 40 % pour les IFT totaux a pu être réalisée », ajoute le chercheur. « Mais ces prises de risque ont souvent affecté soit les rendements, soit les taux de déchets », pointe Valérie Gallia, responsable Protection phytosanitaire raisonnée et biologique de la Serfel / Sudexpé. Les réponses sont variables selon le couple site-année. « L’intensité d’application de tous les leviers n’est pas encore maîtrisée, en particulier lorsqu’ils dont utilisés en association, nuance Daniel Plénet. Sur certains sites, de trop fortes baisses de fertilisation, d’irrigation ou des impasses phytosanitaires ont desservi les rendements ».

La piste de l’irrigation contre les monilioses

« Nous avons observé 3 % de déchets en plus sur la partie faibles intrants. En cause : la réduction des traitements contre les maladies de conservation », analyse Yannick Montrognon, de la Sefra, dans la Drôme. Sur ce site, les IFT totaux ont pu être réduits de 20 % en 2015 sur la modalité faible intrants sur Nectadreamcov Nectasweet, une nectarine blanche du début du mois d’août. Ils sont passés de 19,2 IFT en PFI à 15,5 IFT. « Néanmoins, la part des IFT ˝verts˝ (produits de biocontrôle) est plus importante pour le verger faibles intrants avec 11 IFT ˝verts˝ contre 4,67 pour le raisonné », continue le technicien. Si la lutte contre les ravageurs est souvent possible en utilisant des produits de biocontrôle, la gestion des maladies reste le point noir de la production de pêche. L’option souvent testée est le passage de fongicides de synthèse à l’application de cuivre et de soufre. « En 2015, année à faible pression dans notre région, nous avons pu nous passer totalement de produits de synthèse sur la modalité faible intrants en travaillant sur Orine, une nectarine jaune de début août, expose Eric Hostalnou, de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Nous avons géré la cloque avec du cuivre et l’oïdium avec du soufre et nous avons fait des impasses sur les maladies de conservation ». Si aucun fruit pourri n’a été observé sur les arbres sur la modalité faibles intrants, les premiers fruits pourris ont été observés au bout de six jours à température ambiante, contre quinze jours pour les modalités traitées. La diminution de l’irrigation est testée avec succès sur deux sites de l’Inra pour gérer les monilioses. « Mais cette diminution, qui peut aller jusqu’à 40 % sur le site de Gotheron dans la Drôme, est une technique difficile qui fait prendre des risques si des outils de pilotage précis ne sont pas utilisés conjointement », continue le coordinateur d’Ecopêche.

Se tourner vers des formes de vergers plus plates

« Si l’on veut vraiment diminuer l’utilisation des produits phytosanitaires, nous devons mobiliser d’autres leviers », lance Valérie Gallia. Le premier est le matériel végétal avec des variétés moins sensibles. Dans cette optique, la Serfel/Sudexpé se spécialise dans l’évaluation des variétés de pêches dans une conduite de « faibles intrants ». Un travail plus poussé est également en cours par les obtenteurs mais les premières variétés ne seront disponibles que dans une dizaine d’années. « Et le changement dans les vergers ne va pas se faire d’un coup de baguette magique, commente la spécialiste. Cela va prendre du temps ». La seconde piste est la diminution des quantités de bouillie qui n’arrivent pas sur l’arbre. Avec l’utilisation de pulvérisateurs axiaux, une partie importante de la bouillie se retrouve au sol et dans l’atmosphère. « L’objectif est donc d’apporter moins de bouillie sur la parcelle mais autant sur l’arbre, analyse l’ingénieure de la Serfel. Mais pour cela, la forme des vergers doit être revue pour aboutir à une forme plate, adaptée aux pulvérisateurs tangentiels ». Les premiers résultats d’essai conduits à la Serfel dans cette configuration semblent montrer qu’une diminution des volumes de bouillie de 30 % est possible. « Et avec seulement 50 % des doses, sauf contre les maladies de conservation », renchérit Valérie Gallia. Cette piste nécessite encore du travail d’ajustement. Et la rentabilité économique doit être étudiée puisque ce nouveau type de conduite est plus onéreux à la plantation. « Le troisième levier à explorer correspond à de nouveaux produits de biocontrôle comme des substances de défenses naturelles des plantes, continue-t-elle. Mais pour le moment les produits existants sont beaucoup moins efficaces et pas faciles à utiliser ».

La pêche en AB : pari impossible ?

Sur les six sites, quatre ont choisi d’implanter une parcelle en AB dans leur dispositif Ecopêche. Le choix de variétés de fin de saison ou tardive rend difficile la gestion des vergers en AB sur une majorité des sites. « Nous avons dû arracher notre verger AB de Western Redcov, une nectarine jaune tardive réputée rustique car la production était anéantie par les monilioses sur fruits… », raconte Valérie Gallia, de la Serfel/Sudexpé (Gard). Sur le site du Ctifl de Balandran, les rendements ne sont pas non plus au rendez-vous. « Environ 13 t/ha cumulé sur 2015 et 2016 avec la variété de pêche blanche tardive, TonicSweet Sweetstarcov, contre 56 t/ha pour la modalité PFI », analyse Christian Hilaire, Ctifl. A la Sefra, sur Nectadreamcov Nectasweet, une nectarine blanche du début du mois d’août, les résultats sont très aléatoires. « 2015 a été une bonne année, mais nous avons eu 40 % de pourries en 2014 », note Yannick Montrognon, responsable pêche sur cette station. Mais cette perte de rendement peut être compensée par des prix de vente jusqu’à 2,5 fois supérieurs à une pêche en PFI. « Sur certains secteurs, il y a une grosse demande en pêche bio mais cela dépend beaucoup des opportunités locales de valorisation », ajoute Daniel Plénet, de l’Inra d’Avignon.

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