Salade : des méthodes de lutte alternative évaluées contre les pucerons
Des méthodes de lutte alternative contre les pucerons sont évaluées en culture de salade en Bretagne. Les filets insect-proof et les auxiliaires sont les principales pistes d’étude.
Des méthodes de lutte alternative contre les pucerons sont évaluées en culture de salade en Bretagne. Les filets insect-proof et les auxiliaires sont les principales pistes d’étude.
En culture de salades, avec la disparition des insecticides néonicotinoïdes, la recherche de solutions alternatives contre les pucerons est primordiale. En dehors des insecticides, deux leviers existent mais sont peu utilisés : les filets anti-insectes (insect-proof) et la faune auxiliaire. Le projet Agronicoleg (2018-2020), mené sur les stations Caté (contexte conventionnel) et Terre d’Essais (contexte agriculture biologique), visait à trouver des méthodes alternatives permettant d’espacer ou de retarder les traitements insecticides.
Le projet comportait également un volet sur l’évaluation de l’attractivité de différents types variétaux de salade. L’objectif était, à terme, de pouvoir élaborer une méthode de prévision des risques et des règles de décision intégrant la présence d’auxiliaires dans les salades. Ce programme a été élaboré avec le concours de la Chambre régionale d’agriculture de Bretagne.
Les filets peinent à protéger les salades contre les pucerons
Les producteurs de salade en Bretagne sont souvent confrontés à une arrivée importante de pucerons au printemps, puis une autre en fin d’été – début d’automne. Le plein été est un peu plus calme, ce qui ne signifie pas forcément l’absence totale des pucerons. Dans le cadre de l’essai, les bâches insect-proof ont pu être utilisées au printemps jusqu’en juin sans générer de tip-burn. Toutefois, les résultats des bâches testées ces deux dernières années sont inconstants et globalement décevants malgré les précautions prises en 2020.
Plusieurs raisons peuvent être avancées : présence de pucerons sur les plants avant plantation ou entrée des pucerons par les bords de la bâche soulevée par les salades. Le salissement de la culture sous la bâche peut nécessiter de débâcher pour un binage, ce qui accroît les risques d’entrées de pucerons. Si les quatre essais ont quelquefois mis en évidence des efficacités de certaines bâches, ces résultats n’ont pas été reproduits d’une année sur l’autre, en particulier pour la bâche Filbio 317 et la bâche Filbio 538. La bâche Microclimat, qui est très utilisée au printemps mais dont le maillage n’est pas insect-proof, est au niveau du témoin.
Un transfert des auxiliaires des artichauts vers les salades ?
La culture d’artichaut étant très présente en Bretagne, des essais ont été menés pour vérifier s’il pouvait jouer le rôle de plante relais pour les auxiliaires et prévenir les infestations de pucerons sur salade. L’artichaut est connu depuis les années 1990 pour héberger couramment une faune auxiliaire variée dont les principaux éléments sont des micro-hyménoptères parasitoïdes, des prédateurs aphidiphages spécialisés (syrphes, coccinelles) et des prédateurs généralistes (anthocorides, chrysopes). On retrouve toute cette gamme d’auxiliaires sur les cultures de salades non traitées, dans des proportions qui peuvent être différentes.
Dans les conditions d’expérimentations menées sur des parcelles assez éloignées des haies vives, on peut mettre en évidence une plus grande abondance d’auxiliaires dans les salades proches des artichauts (3 à 30 mètres) comparée à des salades loin des artichauts (60 à 150 mètres), mais cette abondance ne s’accompagne pas d’une diminution des populations de pucerons, probablement parce que le cycle de la salade est trop court pour des auxiliaires qui arrivent tardivement. Une étude de la connectivité des milieux suggère que la proximité des parcelles d’artichaut a une importance pour les micro-hyménoptères, mais à un moindre degré pour les anthocorides et pratiquement aucune importance pour les syrphes, qui se déplacent sur de longues distances.
Le biocontrôle à l’essai
Egalement sur le thème de la lutte alternative des pucerons sur laitue, le projet Eclipse (2020-2022) est porté par le Pôle Légumes Région Nord et rassemble le Caté, le Sileban et SudExpé. L’étude porte sur l’élaboration de méthodes basées sur la combinaison de leviers physiques et biologiques pour la gestion des infestations de pucerons en cultures de laitue et de melon de plein champ. Le Caté étudie la combinaison de trois leviers sur salade : filets insect-proof, produits de biocontrôle et plantes de services.
Évalués séparément en première année du projet, le bâchage insect-proof et l’utilisation de produits de biocontrôle (Flipper, Naturalis, Neemazal et purin d’ail) donnent des résultats hétérogènes du point de vue des infestations en pucerons. En deuxième année du projet au Caté, l'objectif était d'évaluer l'association filets et produits de biocontrôle et une plante de service. Lors d’une plantation d’été (semaine 17), la meilleure combinaison était d’associer en tout début de culture du biocontrôle relayé rapidement par un filet insect-proof à condition que la culture soit exempte de pucerons.
La série d’automne (plantation semaine 34) était peu informative car les pucerons quittaient la culture pour aller sur leur hôte primaire. En 2021, la féverole a été testée comme plante de service, mais elle n’a pas joué son rôle de plante relais pour les auxiliaires. Les résultats des différents partenaires ont montré l’arrivée du puceron noir de la féverole très précocement, avec malheureusement des pucerons noirs dans les salades. La dernière année du projet en 2022 évaluera la combinaison des leviers testés.