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Saison de la mirabelle de Lorraine : pourquoi les producteurs sont-ils confiants ?

La récolte 2023 pour la mirabelle de Lorraine s’annonce sous de bons auspices. Les fruits sont sains et la récolte prévue satisfaisante. Le climat a été idéal pour ce petit fruit IGP. Les producteurs ont de quoi être satisfaits : en Lorraine, la culture ne semble pas connaître de problème de main-d’œuvre saisonnière, pas de soucis d’irrigation, ni de renouvellement des générations…

Chaque été, la culture de la mirabelle de Lorraine nécessite l’emploi de 1 500 saisonniers essentiellement recrutés parmi les locaux, notamment les étudiants.
© Mirabelles de Lorraine - Ctifl - Photo Patrice Greff

L’an dernier, la récolte avait commencé autour du 25 juillet ; cette année, cela devrait être autour du 5 août, annonce Bertrand Perrin, producteur à Gugney-aux-Aulx dans les Vosges. Une saison pour la mirabelle de Lorraine qui renoue un peu, côté calendrier, avec celles d’avant. 2018 et 2019 ont été de belles années ; en 2020, la récolte avait été très en avance. 2021 était une petite année. La saison 2022 était aussi en avance.

Il a fait froid dans les vergers au moment de la floraison qui a été plus étalée que l’an dernier et a fini tard. « Cette année, nous avons eu le climat qu’il faut et l’eau qu’il fallait », déclare Arnaud Colin, directeur général de Vegafruits, bureau commercial de la Mirabelle de Lorraine. Pas de souci donc de sécheresse pour le verger de mirabelliers et pas besoin d’irrigation : « En Lorraine, il pleut tout le temps, mais surtout nous avons des sols argileux, qui agissent comme une éponge qui absorbe et restitue l’eau à l’arbre », détaille Quentin Hoffmann, président de l’association Mirabelles de Lorraine qui regroupe les professionnels. Le seul changement observé depuis le réchauffement climatique pour la culture de la mirabelle en Lorraine est l’avancement de la saison (d’une quinzaine de jours par rapport aux années 90-2000). « Avant jusqu’au 15 mai, on dépassait rarement les 20 degrés », affirme Arnaud Colin.

 

L'IGP avant le bio ou la HVE

La récolte 2023 finale est estimée à 5 000 tonnes de mirabelles de Lorraine IGP sur un potentiel de 7 000 tonnes. La saison étant concentrée (6 à 8 semaines), seul un gros tiers de la production est vendu en frais ; le reste est destiné à l’industrie (surgélation, purées de fruit, séchage…).

Deux variétés sont cultivées en Lorraine et homologuées pour l’IGP : la mirabelle de Nancy « qu’on utilise à 90 % parce que les fruits sont plus réguliers et le calibre plus gros », stipule Bertrand Perrin et la mirabelle de Metz. Au fil des ans, la filière a aussi réussi à avoir des récoltes avec des fruits plus homogènes. « On a notamment travaillé sur la taille sur l’arbre », précise Quentin Hoffmann.

 

Une main-d’œuvre saisonnière locale et plutôt fidèle

Contrairement à d’autres productions arboricoles, la mirabelle de Lorraine ne connaît pas de problème de main-d’œuvre. Les producteurs lorrains de mirabelles privilégient une main-d’œuvre locale, dont beaucoup d’étudiants. « Nous avons un tiers voire la moitié des saisonniers qui reviennent tous les mois d’août, notamment les étudiants pendant leurs études. On retrouve aussi souvent leur frères et sœurs les étés suivants. Le recrutement se fait beaucoup par le bouche-à-oreille », développe Bertrand Perrin. « Il est vrai aussi qu’en Lorraine, à ce moment-là, il n’y a pas beaucoup de concurrence avec d’autres cultures », ajoute Quentin Hoffmann.

 

Un renouvellement des générations « qui se passe bien »

Pas de soucis non plus côté renouvellement des générations. « Nous sommes sur un changement générationnel qui se passe bien », affirme Arnaud Colin. En effet, 60 % des producteurs de mirabelles de Lorraine ont moins de 40 ans ! « Aucun verger n’est à l’abandon, précise de son côté Quentin Hoffmann, et nous n’avons pas de problème pour les reprises d’exploitations. On trouve des jeunes qui s’installent ». Beaucoup de producteurs lorrains pratiquent la polyculture (viticulture, production de céréales ou d’autres fruits, élevage aussi) mais « la mirabelle est souvent le 1er atelier de revenus », rapporte Arnaud Colin. « Certains ont aussi des activités autres qu’agricoles », ajoute Bertrand Perrin, à l’image de ce prof de maths adhérant de l’association Mirabelle de Lorraine. (La surface minimum pour adhérer est d’un demi-hectare). Un bon début.

Le verger des 200 producteurs de mirabelles de Lorraine IGP s’étend sur 1 000 hectares et devrait passer prochainement à 1 170 hectares. 15 % sont cultivés en bio, surtout à destination du babyfood. « On fait très peu de bio pour le frais. Le verger est difficile à maîtriser en bio à cause notamment du manque de solutions contre les ravageurs comme le puceron vert du prunier et la cochenille du poirier », détaille Quentin Hoffmann.

Entre 70 et 80 hectares des vergers de mirabelles de Lorraine sont certifiés HVE, « une demande des clients à laquelle on est capable de répondre » pour Bertrand Perrin. Mais le premier objectif, en matière de signe de qualité, demeure l’IGP. Outre le territoire, les critères pour l’IGP concernent le taux de sucre (15° Brix minimum : on en trouve à 18 ou 19° Brix), le calibre du fruit (22 mm de diamètre minimum) et la coloration (jaune doré).

 

Fruits, compotes et boisson Pairdry au festival Rock en Seine pour toucher les jeunes

La Mirabelle de Lorraine sera une fois de plus vendue sur le festival Rock en Seine, où seront aussi présents Interfel et l’association interprofessionnel de la banane (AIB). Pour la mirabelle IGP, le partenariat avec ce festival de musique (du 23 au 27 août dans le parc de Saint-Cloud, près de Paris) a été renouvelé pour 3 ans. A noter que les mirabelles sont vendues (en gobelets réutilisables à l’effigie du petit fruit) par des personnes de la filière Mirabelle de Lorraine, une façon de toucher et mieux communiquer envers les jeunes générations. « On ne vend quasiment pas de mirabelles en Lorraine, car la majorité des habitants ont des mirabelliers », explique Bertrand Perrin.

Les gourdes de compote de mirabelles sont aussi distribuées sur le festival et, pour la première fois cette année, la boisson Pairdry y sera aussi commercialisée. Ce breuvage à base de mirabelles et de houblon (« le houblon structure vraiment la boisson », selon Quentin Hoffmann) a été lancé en 2020 par les producteurs. Il est issu du projet de fin de cursus d’un étudiant qui l’avait conçu comme une alternative sans alcool à la bière.

 

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