Quel modèle économique pour la culture sur sol vivant ?
La technique de la culture sur sol vivant est prometteuse. Mais le modèle économique de la tomate sous serre sur sol vivant reste encore à trouver.
« La culture sur sol vivant est une démarche très technique, mais l’important est l’équilibre économique » estime Laurent Bergé. Le sol vivant évite l’achat de substrats coûteux. Les matériaux apportés sont gratuits ou peu chers, mais induisent des coûts de transport et installation. En engrais, Terre d’essais estime l’économie à 30 %. « En 2024, nous voulons mieux chiffrer le coût de la fertilisation, indique Hervé Floury. Avec le temps, la matière organique se minéralise. »
Pour l’eau, la station constate des apports similaires, mais sans recyclage, soit une consommation légèrement supérieure. Aux Serres de Goulaine, la consommation d’eau est réduite d’un tiers. Une légère perte de rendement et précocité est par ailleurs en général notée. « En 2024, nous allons mieux évaluer la perte de chiffre d’affaires, indique Hervé Floury. Mais après trois ans de recul, on peut penser que ce mode de culture est plus adapté à certains types de tomate, comme les variétés anciennes ou celles sensibles au “blossom end rot”. »
Atouts nutritionnels
Un petit écart d’indice Brix (-0,5 point) et quelques défauts de coloration en début de culture ont aussi été notés à Terre d’essais, sans impact significatif. Mais le Jardin de Rabelais, qui s’était lancé en sol vivant avec sa tomate cerise gustative Piccolo, a observé une perte de goût. « On maîtrise moins l’absorption des éléments, note Pascal Delahaye, du Jardin de Rabelais. Cette perte de goût, rédhibitoire pour nous et qui s’ajoutait aux punaises, nous a fait arrêter le sol vivant. » Pour tenter de mieux valoriser le sol vivant, Océane a créé la gamme « Sol en vie », destinée pour l’instant à la restauration.
« Nos clients sont intéressés par la démarche, mais se demandent comment la valoriser, indique Laurent Bergé. Le grand public est très éloigné de la technique. En restauration, la valorisation peut être facilitée par le contact avec les consommateurs. » Une démarche a été engagée avec Metro sur des variétés gustatives en sol vivant, avec contractualisation et prix fixes. Un travail sur les apports nutritionnels des tomates en sol vivant a aussi été lancé avec l’Université de Rennes et Bleu-Blanc-Cœur. « Les résultats après deux ans d’essais sont très positifs, notamment sur la richesse en antioxydants, principalement le lycopène », rapporte Laurent Bergé.