Pommes et poires : une saison française 2021-2022 atypique à plusieurs titres (MAJ)
La récolte de pommes françaises devraient être suffisante cette année mais pas en poires. Calibre et aspect visuel seront au cœur des échanges entre producteurs de pommes et distributeurs. Il faudra aussi prendre en compte les performances des différentes variétés.
La récolte de pommes françaises devraient être suffisante cette année mais pas en poires. Calibre et aspect visuel seront au cœur des échanges entre producteurs de pommes et distributeurs. Il faudra aussi prendre en compte les performances des différentes variétés.
On le sait maintenant : la production de pommes françaises – malgré les ravages du gel – ne sera pas globalement si catastrophique que ce qui avait été prévu au printemps dernier. La récolte 2021 sera identique à celle de 2020 en pommes. À l’occasion du lancement de la campagne le 26 août, les professionnels ont fait le point sur la campagne à venir.
Impact différent selon les variétés
Si les chiffres ne sont finalement pas si mauvais que prévu, des différences se font jour. Les variétés « internationales » - golden et Gala – tirent bien leur épingle du jeu, en progression de 4 %. Dans le détail, la Gala gagne 3 % et la golden revient à son potentiel. Christophe Belloc, président de Blue Whale, note : « L’offre en Gala sera correcte avec une coloration exceptionnelle, ce qui laisse des espérances pour le marché français, mais aussi, grâce à une bonne conservation, pour l’exportation que nous commençons dès le début de saison afin d’équilibrer notre campagne ».
Les variétés club ont plus souffert, en recul de 6 % en volumes, surtout pour Pink Lady. « Nous ne manquerons pas de Pink Lady françaises, a rassuré Didier Crabos, président de Pink Lady Europe. Ce gel a été une épreuve car la variété était la plus en avance. Mais les volumes devraient être supérieurs à ce que nous avions pu craindre : on s’oriente vers une baisse de 20 %. » Son de cloche similaire pour Honey Crunch : « Nous notons peu de défauts épidermiques sur les pommes, a souligné l’association dans un communiqué. La charge des arbres est homogène et le calibre sera donc plus proche de la moyenne habituelle : entre 70 et 85 mm. Les conditions météo ont été optimales pour la coloration ces dernières semaines, donc la récolte sera de bonne qualité ».
Selon T&G Global (groupe BayWa), les estimations pour la récolte de pommes Jazz en France s’établissent aux alentours de 30 000 tonnes brutes. « Nous ne pouvons pas contrôler mère Nature, mais nos producteurs travaillent dur pour fournir des pommes de qualité supérieure pour la nouvelle saison. S'il n'y a pas de nouveaux éléments perturbateurs d’ici à la récolte, nous nous attendons à avoir des fruits de haute qualité pour la saison à venir » souligne Frank Alluine, responsable du développement variétal européen de T&G Global. En termes de calibres, la situation est néanmoins assez hétérogène.
Les variétés « terroir » seront aussi au rendez-vous avec une hausse de 4 %, grâce à la Belchard©-Chanteclerc et la variété Canada s’annonce en retrait.
La question du calibre
Conséquence du gel, les petits calibres devraient être nombreux cette saison. « Le marché du frais ne manquera pas de pommes à condition de s’adapter aux caractéristiques de l’année en termes de calibre et d’aspect visuel », a expliqué Vincent Guérin, de l’ANPP. Des petits calibres, cela fera plutôt l’affaire de la restauration collective comme l’a confirmé Stéphane Debord, d’Elior : « Cela correspond aux attentes des gestionnaires et des convives. Nous chercherons plutôt du calibre 95/115 que du 130/150 ».
De son côté, la distribution semblait être prête à adapter son offre comme elle l’a fait cet été avec les fruits à noyau. Descendre d’un calibre pour l’offre en sachets, mettre en avant un calibre 2… les moyens semblent exister. Évidemment, la question du prix sera aussi posée. Après tout, il vient en deuxième position dans les préoccupations des consommateurs, juste devant l’origine. Sur ce point, Jeff Mahintach, vice-président de la commission Économie d’Interfel et directeur filières fruits et légumes Système U, a rappelé un fait : « Il faut être conscient que, dans la mémoire du consommateur, le gel est déjà un sujet lointain. Il faudra être capable de faire passer le message sur une légère augmentation de prix ».
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Des points à surveiller
Des inquiétudes demeurent pour les prochaines semaines selon l'ANPP. Les disponibilités en main d’œuvre, le comportement du consommateur post Covid 19 (continuera-t-il à préférer le pré-emballé ?), l’attitude de la distribution (persistance de la préférence locale) sont ainsi sujets à réflexion. De même, les conséquences du Brexit interrogent les exportateurs travaillant avec le Royaume-Uni, un marché important pour la pomme française : qu’en sera-t-il au moment de l’introduction des certificats phytosanitaires en janvier 2022 ? Comment va évoluer la parité entre euro et livre Sterling ? De même, le coût du fret maritime (qui a explosé ces derniers temps) et la congestion dans les grands ports sont autant de questions pour le Grand Export.
Dans une période où les volumes sont orientés à la baisse, la « francisation » des produits étrangers est aussi un danger. De ce point de vue, les producteurs de pommes et poires sont à la manœuvre : plusieurs dossiers sont en cours d’instruction avec la collaboration de la DGCCRF et l’ANPP se portera partie civile à chaque fois. Par ailleurs, l’association, avec les AOP Pêches Abricots et tomates Concombre, vont investir 150 000 € sur trois ans pour le développement, avec l’aide du laboratoire Ecofins, d’une base de données « Origine France ».
Les variétés club et « internationales » devraient tirer leur épingle du jeu
Poires : une année à oublier…si possible
La situation de la production de poires en France n’est en aucune mesure similaire à celle de la pomme. La récolte est la plus déficitaire connue avec 57 000 tonnes, soit un recul de 57% par rapport à 2020. Elle a été fortement impactée par les aléas climatiques, en France comme en Europe qui affiche elle aussi la plus petite récolte des 30 dernières années avec 1 600 000 tonnes, soit un tout petit niveau (-28 %) par rapport à 2020. La gamme variétale subit en conséquence cette géographie : Guyot et Williams avoisinent la moitié de la récolte 2020. Concernant les variétés d’hiver, la situation n’est pas meilleure : le recul est de 41% ; la variété conférence enregistrant un baisse de 36%.
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