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Pomme  : une taille mixte du biaxe pour un verger plus équilibré

Le groupe Bolduc expérimente un nouveau concept de verger en deux dimensions afin de créer un verger plus apte à s’adapter aux évolutions rapides auxquelles les producteurs font face, notamment les effets du changement climatique.

La taille mixte est la combinaison de branches fruitières de vigueur faible à moyenne situées jusqu’à hauteur d’homme et du raccourcissement des pousses végétatives de l’année. © GRCeta Basse Durance
La taille mixte est la combinaison de branches fruitières de vigueur faible à moyenne situées jusqu’à hauteur d’homme et du raccourcissement des pousses végétatives de l’année.
© GRCeta Basse Durance

Depuis 2014, un petit groupe de travail « Bolduc », réunissant des producteurs, conseillers et expérimentateurs de différentes régions, a démarré un travail sur le pommier afin de concevoir un verger plus adapté aux challenges des changements climatiques et du manque de « disponibilité et de qualification » de la main-d’œuvre, entre autres (voir encadré). Leur choix s’est orienté vers un verger en biaxe préformé en pépinière, en 2D, pour une densité de plantation de 2 300 arbres par hectare, soit 4 600 axes. La hauteur des vergers varie suivant les sites entre 3 et 4m50 de haut. La structure en biaxe ne suffit pas à elle seule, la gestion de sa ramification est déterminante. Dans les vergers provençaux ainsi conduits, l’expérience montre en 7e feuille qu’une gestion classique « branche fruitière » en biaxe n’a que peu d’intérêt : frottements de fruits, baisse de coloration et temps de travaux restant importants, peu adaptée à la mécanisation. La maîtrise de la charge devient compliquée… La taille de raccourcissement systématique, manuelle ou mécanique, apporte des résultats intéressants sur les temps de travaux, mais la performance d’entrée en production est réduite sur ces densités. Le comportement physiologique de l’arbre est perturbé au niveau de la croissance par ces tailles systématiques, le manque de porosité à la lumière devient vite un problème, l’impact calibre n’est pas négligeable.

Une taille mixant taille longue et taille courte

D’où l’idée d’une « taille mixte », intégrant une taille longue et de raccourcissement. Longue avec des branches fruitières de vigueur faible à moyenne situées jusqu’à hauteur d’homme. Courte, par le raccourcissement des points forts (pousses végétatives de l’année) de bas en haut de l’arbre. La conservation de « sifflets » sur les interventions de raccourcissement permet d’améliorer la densité de ramification, car ils produisent l’année suivante des pousses équilibrées, voire une fructification directe sur le sifflet. La réalisation de cette « taille mixte » s’appuie sur des tailles d’été et d’automne. L’intensité, le type de coursonnage, l’époque d’intervention doivent être adaptés à chaque cas et variété, mais restent simples à réaliser.

Couverture bioclimatique et robotisation sont envisageables

L’équilibre global de l’arbre est amélioré. La réduction du linéaire de bois d’un an est considérablement réduite et facilite les retours à fruits. Les temps d’intervention de formation sont divisés par deux par rapport à l’axe et les performances agronomiques sont améliorées, notamment par la régularité de production obtenue. Le fond de cueille est réduit et vient également expliquer ces performances. L’ergonomie des arbres est tout à fait adaptée à la mécanisation de l’éclaircissage, type Darwin qui apporte un bénéfice supplémentaire au retour à fleur et une solution pour les vergers en AB. L’effeuillage avant récolte, pour la coloration des fruits, est également facilité. Les cueillettes robotisées sont aussi imaginables comme en Nouvelle-Zélande sur les vergers en cordon du centre de recherche Plant and Food Research. L’installation de couvertures bioclimatiques mono-rang est plus facilement envisageable avec ce type d’ergonomie. La distance entre rangs doit être absolument réduite si l’on souhaite maintenir les performances agronomiques. La maîtrise du calibre est étroitement liée à la celle de la charge et à la qualité des coursonnes et reste un point de vigilance. Un biaxe moyennement maîtrisé pose moins de problèmes qu’un axe mal géré… Cette approche commence à se transférer sur d’autres espèces fruitières, comme le poirier et le cerisier.

Bruno Hucbourg

Bolduc : Grceta de Basse Durance, La Morinière, Creso, CA 73/74, Fruits du Loir, Val d’Aoste.

 

A lire aussi : « Vers des vergers 2D plus étroits et plus rentables »

                        Pomme : le biaxe resserre les rangs

 

Conception des vergers : pourquoi changer ?

En pommier, l’axe vertical avec entre 2 000 et 3 000 arbres par hectare fait référence. La gestion de la ramification varie d’une variété à l’autre ou d’une condition de production à l’autre, demandant plus ou moins d’interventions et de technicité. Les résultats obtenus sont probants dans la plupart des cas et les techniques éprouvées. Alors, pourquoi changer ?

 

  • Le niveau de valorisation des fruits, la disponibilité et coût des ressources humaines rendent délicate et plus approximative la mise en place des itinéraires techniques nécessaires à la maîtrise d’un verger en axe : arcure, sélection des branches, gestion de la branche fruitière par la taille et les extinctions.
  • L’évolution climatique, avec ses manques de froid hivernaux, ses températures printanières élevées et ses canicules estivales, modifie le comportement physiologique des arbres, de ses bioagresseurs et a des incidences directes sur la qualité des fruits :
    • Le manque de froid hivernal augmente l’échelonnement des stades phénologiques, réduit le potentiel de ramification et donne des malformations florales.
    • Les températures printanières améliorent les taux de nouaison.
    • Les inductions florales sont perturbées par les canicules estivales.
    • Les impacts directs des hautes températures sur les productions en cours sont de plus en plus préjudiciables ; coups de soleil, brunissement de conservation, tenue du fruit.

 

Les conséquences de ces deux paramètres sur les vergers actuels sont multiples :

 

  • L’alternance de production est un problème exponentiel dans le Sud-est de la France et le devient dans des zones de production moins touchées par ce phénomène jusqu’à présent, sur les clones colorés de Gala notamment. Le nombre de corymbes par arbre est bien plus élevé que ce qui est nécessaire pour atteindre l’objectif de production alors que les taux de nouaison augmentent. La durée de la floraison rend le positionnement des éclaircissants délicat. Les effets sont moins stables d’une année sur l’autre, allant d’une sous à une sur-efficacité pour des stratégies semblables.
  • Les « fonds de cueille » et fruits de non-qualité persistent en bicolore dès que ce type de verger prend un peu d’âge.
  • L’augmentation des problèmes qualitatifs en station.
  • La mécanisation et la robotisation sont difficilement envisageables dans ce type de verger.

 

Quelles sont les pistes ?

 

  • Le choix d’un matériel végétal plus adapté, sur du moyen ou long terme : porte-greffes et variétés.
  • Des conceptions de vergers, mieux adaptées à ces conditions climatiques, mécanisables de la maîtrise de la charge à la récolte, améliorant la performance agronomique, simplifiant les opérations au verger, réduisant les problèmes d’organisation et de pénibilité. Une conception recherchée dans « la taille mixte » développée par le groupe Bolduc.

 

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