Pomme : contre les bioagresseurs, des combinaisons de leviers évaluées
Différentes pratiques alternatives ont été évaluées, seules et en combinaison, pour la gestion des principaux bioagresseurs du pommier, au sein d’un projet européen.
Différentes pratiques alternatives ont été évaluées, seules et en combinaison, pour la gestion des principaux bioagresseurs du pommier, au sein d’un projet européen.
Quelles combinaisons de pratiques alternatives seraient capables de gérer les principaux bioagresseurs du pommier ? C’est l’objectif du projet européen API-Tree (2017-2021), qui a réuni des chercheurs de huit instituts en France, au Danemark, en Belgique, en Suède et en Espagne. INRAE et le Grab sont partenaires du projet pour la France. Grâce à cette répartition du nord au sud de l’Europe, un large éventail de conditions géographiques et climatiques a été couvert.
Les nombreuses pratiques culturales étudiées au sein du projet concernent aussi bien la gestion des pommiers (fertilisation, irrigation, taille) que la gestion du couvert associé (gestion de l’enherbement, diversité des plantes hôtes cultivées, association à des plantes compagnes), l’aménagement d’infrastructures agroécologiques (haies, bandes fleuries) susceptibles de fournir refuge et nourriture aux auxiliaires, ainsi que les méthodes de lutte biologique par acclimatation ou inoculation.
Supprimer des applications d’insecticides
Les pratiques ciblées sont conçues pour construire des systèmes cohérents et résilients qui réduisent à la fois les attaques de ravageurs et les dommages aux cultures. « Pour parvenir à une lutte satisfaisante contre les bioagresseurs dans les vergers de pommiers, il est nécessaire de combiner différents leviers et méthodes afin de supprimer certaines applications d’insecticides, indiquent les acteurs du projet API-Tree dans le livret reprenant les principaux résultats du projet. Par exemple, l’introduction de bandes fleuries favorise la présence d’ennemis naturels et, selon leur composition, peut aussi avoir un effet répulsif contre les pucerons. Ce levier peut être combiné avec le détournement des fourmis et le lâcher d’auxiliaires comme les parasitoïdes ou de prédateurs comme les perce-oreilles afin d’optimiser la lutte contre les pucerons. »
« API-Tree a permis la construction d’un cadre partagé pour la combinaison de ces leviers, lesquels ont été mobilisés à l’occasion d’ateliers entre chercheurs, agriculteurs et conseillers », a présenté Pierre Franck, INRAE, lors de la rencontre technique Fruits en AB du CTIFL, en mars dernier.
Des fiches pour les producteurs
Le livret de résultats comprend des fiches détaillant chaque solution technique expérimentée, dédiées aux producteurs et conseillers. Les fiches d’expérimentation sont une synthèse de chaque expérimentation menée avec une description des contextes, des méthodes et des résultats majeurs avec les limites, les perspectives et les conditions de réussite.
Lorsque des solutions pratiques ont été testées à l’échelle de l’exploitation, une fiche de performance a été élaborée. Les fiches de performance décrivent trois axes : agronomie et environnement, coûts et bénéfices, et opérationnalité, avec deux à trois indicateurs pour chacun. Chaque indicateur est évalué qualitativement sur une échelle à quatre niveaux : effet positif, effet neutre à positif, effet à améliorer, goulot d’étranglement. « Notre objectif avec cette compilation de fiches est de fournir des informations synthétiques et suffisamment pertinentes pour partager les connaissances produites sur toutes les alternatives à l’utilisation des pesticides, indiquent les auteurs du livret API-Tree. Certaines sont prêtes à être mises en œuvre et d’autres nécessitent de plus amples expérimentations. »
Le romarin contre le puceron cendré
L’introduction de plants de romarin dans le verger pour la gestion du puceron cendré du pommier a été étudiée par INRAE dans le cadre du projet API-Tree. Ce levier a fait l’objet d’une fiche de performance publiée dans le livret API-Tree. L’objectif était de repousser les pucerons et/ou d’attirer leurs ennemis naturels grâce à un mélange de clones de romarin planté dans l’inter-rang (entre les passages de roues du tracteur) et sur le rang. Le romarin a permis de réduire l’abondance du puceron cendré du pommier et un effet positif sur l’abondance des syrphes.
Pas d'impact du romarin sur la production de pommes
Dans la fiche, la représentation graphique de la performance de la pratique comprend trois axes. Pour l’axe Agronomie et environnement, des effets positifs ou neutres sont constatés concernant la biodiversité, la réduction des pesticides et la production de pommes (aucun impact de la présence du romarin sur la qualité et la quantité de la production). Concernant l’axe Coûts et bénéfices, les auteurs de la fiche indiquent que le coût de la pratique (moins de 2 € pour un plant de romarin, qui dure de huit à dix ans) ainsi que le temps de mise en place ne sont pas des obstacles importants.
En revanche, il faut prévoir du temps pour le désherbage du romarin la première année et pour sa taille une fois par an (mais qui n’a pas lieu pendant les pics d’activité en pomme). Enfin, l’axe Opérationnalité de la pratique est plus mitigé. L’implantation de romarin est une solution prête à l’emploi avec des effets partiels sur le ravageur. Elle est relativement facile à mettre en œuvre mais nécessite cependant une adaptation partielle de l’itinéraire technique (irrigation, déplacement dans le verger, pulvérisation d’insecticide).