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Communication
Pomme de terre : pourquoi le CNIPT va parler environnement

Le CNIPT a décroché un nouveau programme européen de communication. Baptisé Potatoes Forever, il cible les 35-49 ans afin de les sensibiliser aux bonnes pratiques environnementales mises en place par les professionnels de la filière.

Affiche de la campagne de communication Potatoes Forever. Objectif : sensibiliser les 35-49 ans aux bonnes pratiques environnementales de la filière pomme de terre fraîche.
© Potatoes Forever

Alors que tous les Français (97 %) mangent de la pomme de terre fraîche, une majorité (60 %) considèrent être insuffisamment informés sur les pratiques environnementales de la filière, selon une étude CSA pour le CNIPT de janvier 2022. « Ça  nous a vraiment interpelés car la filière travaille depuis des années à améliorer son impact environnemental, à mettre en place des bonnes pratiques », relate Florence Rossillion, directrice générale du CNIPT (Comité national interprofessionnel de la pomme de terre), lors d’une conférence de presse le 23 mai. « Nous les agriculteurs on est de mauvais communicants, reconnaît Luc Chatelain, producteur à Fontaine-lès-Croisilles (Nord-Pas-de-Calais). On met en œuvre plein de choses mais personne ne le sait. Je pratique l’agroécologie depuis déjà 30 ans et je continue de m’améliorer. »

Ainsi, pour le faire savoir, le CNIPT lance une nouvelle campagne de communication cofinancée par l’UE, Potatoes Forever, un programme d’informations pour faire valoir et faire savoir les bonnes pratiques.

 

Potatoes Forever, par qui, pour qui, pour combien ?

La campagne Potatoes Forever, cofinancée par l’UE, coordonnée par le CNIPT et en collaboration avec les Italiens de l’UNAPA (Unione nazionale tra le Associazioni dei Produttori di Patate), dispose d’une enveloppe totale de 3,2 millions d’euros pour 3 ans (2023-2025). 80 % sont cofinancées par l’UE, dont 52 % reviennent à la France (le CNIPT étant le coordinateur) et 48 % à l’Italie.

Ce sont les 35-49 ans qui sont ciblés par ce programme. « Les plus de 50 ans sont déjà ralliés à la cause, et les Millenials font déjà l’objet d’une communication dédiée* », rappelle Florence Rossillion.

*programme européen “Prepare to be surprised” (“Préparez-vous à être surpris”) par le CNIPT, le VLAM (belge), Board Bia (irlandais) et Europatat, axé sur l’aspect inspirationnel en cuisine et sain de la pomme de terre.

 

Quelles actions prévoit Potatoes Forever ?

Un double objectif pour cette campagne Potatoes Forever : informer le grand public ; et dans une deuxième phase, sensibiliser les professionnels de la filière à développer encore plus les bonnes pratiques. « Quasiment tous sont déjà impliqués mais à différents niveaux », souligne Florence Rossillion.

Les actions grand public se concentreront sur les consommateurs de 35-49 ans, donc, en France (actions par le CNIPT) et en Italie (par l’UNAPA). En France, il n’y aura pas d’actions en rayon (type PLV) contrairement à ce que feront les Italiens. La filière française a estimé que cela demandait trop de moyens et veut axer sur « l’information et non la publicité ».

En France, les actions seront :

  • une campagne de relation presse professionnelle et grand public (dont un voyage de presse le 20 juin pour la presse grand public autour de la biodiversité) ;
  • des partenariats médias et influenceurs ;
  • un corner dédié lors des prochains Salons de l’Agriculture 2024 et 2025 ;
  • un site internet et des réseaux sociaux (Youtube, Facebook, Twitter) dédiés.

Les supports seront des vidéos, des messages pédagogiques (en cours de création). Dans la première vidéo diffusée fin mai, c’est le B.A.-ba que l’on reprend, avec le parcours d’une pomme de terre du champs à l’assiette.

 

Pourquoi parler environnement ?

La pomme de terre fait partie du quotidien des 35-49 ans, ils ont aussi une bonne image de la filière en termes d’engagement environnementaux (emballage, ressource en eau, biodiversité) mais avec un manque de connaissances plutôt qu’une défiance. Une majorité (70 %) se sent insuffisamment informée et encore davantage (72 %) veulent en savoir plus. Mais surtout, ils veulent des preuves de ce qu’on leur avance.

 

Ces chiffres sont issus d’une étude quantitative par le cabinet Occurrence* pour la campagne Potatoes Forever. Ils serviront de référence pour mesurer les succès de la campagne après la réitération de l’étude en 2025.

 * Etude réalisée par le cabinet Ocurence, en ligne entre le 18 avril et le 2 mai 2023. 1 000 répondants Français de 35-49 ans consommateurs de pommes de terre et responsables des achats alimentaires. Parmi ces 1 000 répondants, 30 % sont engagés pour l’environnement.

 

Quels messages pour Potatoes Forever ?

Une autre étude, qualitative, Pota’talk, a permis d’identifier les messages et thématiques de la campagne.  Six thématiques fortes ont été identifiées et seront mises en œuvre :

  • Favoriser la biodiversité ;
  • Préserver l’eau et le sol ;
  • Lutter contre le gaspillage ;
  • Agir pour le climat ;
  • Garantir qualité et quantité ;
  • Soutenir les professionnels (dans une 2e phase du programme).

Les conclusions du Forum Pota’talk : redéfinir le mot “durable” ! Le Forum Pota’talk a réuni 84 consommateurs. Deux points ont émergés : d’abord un très faible niveau de connaissances sur le sujet, même chez ceux qui se considèrent sensibilisés à l’environnement (bio, anti-gaspi, etc.). « Même sur les termes employés, évoque Florence Rossillion. Certains mots veulent dire quelque chose pour nous, c’est une évidence, alors qu’ils signifient complètement autre chose pour les consommateurs. Par exemple, lors du Pota’talk, les consommateurs mettaient derrière le mot “durabilité” la conservation de la pomme de terre dans le temps ! »

« Il n’y a pas de messages sensibles que l’on mettra de côté, on peut parler de tout, expliquer avec des mots simples », revendiquent Luc Chatelain, Florence Rossillion, et Joanny Dussurgey, directeur général de Select’up (négociant en pommes de terre). Parmi les points sensibles relevés lors du Forum Pota’talk : la phytopharmacopée et la recherche (modification génétique) qui font peur, l’anti-gaspillage et la réduction des plastiques qui interpellent. « Au niveau des négociants ces dernières années, nous avons économisé 150 à 200 t de plastique par une réduction de l’utilisation et un recours à des plastiques recyclables. Mais nous devons faire comprendre que ça a un coût pour nous », illustre Joanny Dussurgey.

Luc Chatelain évoque lui la forte diminution des phytos, dans son exploitation et dans la filière. « Avant on parlait en kilos de phytos utilisés, aujourd’hui c’est en grammes. » Il évoque aussi les couverts végétaux et le recours aux rotations -dont les consommateurs en ignorent jusqu’au principe même- pour imiter la présence des nuisibles et surtout éviter la fatigue du sol. « Je peux le dire et je peux le prouver : je suis certifié et donc contrôlé par un organisme externe. »

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