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Pomme de terre : pourquoi la primeur peut-elle tirer son épingle du jeu ?

Le contexte compliqué en pomme de terre de conservation s’avère plus favorable pour la pomme de terre primeur. Le manque de plants, la météo et le contexte économique pèsent toutefois sur la campagne.

Champ de pomme de terre pour Prince de Bretagne
Après avoir diminué, la production de pommes de terre primeur de Prince de Bretagne est remontée en 2023.
© Véronique Bargain

Pour la pomme de terre primeur, l’interdiction du CIPC, principal anti-germinatif utilisé en pomme de terre de conservation, aura eu des conséquences plutôt positives.

Lire aussi : Pomme de terre primeur : pourquoi la Béa du Roussillon veut modifier son cahier des charges ?

« Les alternatives au CIPC étant moins faciles à gérer et la hausse du prix de l’énergie rendant la conservation en frigo plus coûteuse, il y a aujourd’hui moins de pommes de conservation sur le marché en fin de printemps, ce qui laisse davantage de place à la pomme de terre primeur », observe Pierre Gélébart, chef produit pomme de terre primeur à Prince de Bretagne. S’y sont ajoutées en 2022 des canicules et sécheresses qui ont réduit la qualité des tubercules et rendu leur conservation plus difficile.

« En 2023, il n’y avait plus de pomme de terre de conservation sur le marché en juin et la pomme de terre primeur de Noirmoutier et a facilement trouvé sa place », indique Nicolas Paille, directeur de l’Union de coopératives Noirmoutier-Ré. Alors qu’elle avait régressé avec l’allongement de la période de vente des pommes de terre de conservation, la pomme de terre primeur retrouve aujourd’hui du dynamisme. « Et comme le climat de 2022 devrait être plus fréquent à l’avenir, le marché de la pomme de terre primeur pourrait s’assainir », espère Nicolas Paille.

Lire aussi : Pomme de terre primeur : 7 variétés pour plus de précocité

 

Des surfaces en pommes de terre primeurs qui ont réaugmenté

Après être tombée entre 11 000 et 12 000 tonnes, la production de pommes de terre primeurs Prince de Bretagne est ainsi remontée à 14 000 tonnes en 2023, avec 100 producteurs cultivant sur 800 hectares. 1 500 tonnes sont produites sous abri, récoltées à la main et vendues sous la marque Primaline jusqu’à fin mai. 12 500 tonnes sont cultivées en plein champ et récoltées surtout à la machine, pour une commercialisation jusqu’au 15 août.

En 2024, les emblavements prévus sont du même ordre qu’en 2023. Une évolution néanmoins, le développement de la contractualisation avec les expéditeurs, qui sécurise producteurs et expéditeurs, et des ventes à la semaine. À Noirmoutier, les surfaces cultivées par les 22 producteurs sont stables en 2024, avec un prévisionnel de 10 000 tonnes commercialisées, dont une partie sous abri récoltée à la main et vendue à partir de fin mars. Sur l’île de Ré, 2 000 tonnes de pommes de terre primeurs produites par 15 maraîchers devraient être commercialisées en 2024.

Dans les Pyrénées-Orientales, ce sont environ 100 hectares de pommes de terre primeurs qui sont aujourd’hui cultivés sous abri et en plein champ, pour une commercialisation à partir d’avril. En baie de Somme, la variété Osiris – proposée depuis 2016 par le négociant Touquet Savour – est désormais cultivée par deux producteurs sur 11 hectares. Retenue parmi 22 variétés testées, c’est la première variété à arriver sur le marché en Hauts-de-France, vers le 10 ou 12 juillet, l’essentiel de la production régionale étant récoltée à partir de mi-août.

 

Manque de plants et météo compliquée

Le manque de plants, lié à la météo de 2023, aux maladies et au manque d’attractivité de la filière, pourrait toutefois un peu impacter ces prévisions. « Les producteurs bretons ont contractualisé très tôt leurs approvisionnements en plants, assure Pierre Gélébart. Certaines variétés anciennes, comme Starlette, ont toutefois été plus difficiles à trouver. » « La demande en plants est forte, constate Nicolas Paille. Pour Sirtema, cultivée sous abri, les plants étaient de qualité hétérogène, ce qui pourrait un peu limiter les volumes. Il manquait aussi du plant pour une nouvelle variété tolérante au mildiou que nous lançons, ce qui nous a amenés au final à lancer deux variétés tolérantes au mildiou. » « Il y a eu quelques problèmes de disponibilité en plants pour la variété Béa qui représente environ 40 % des surfaces dans les Pyrénées-Orientales », indique par ailleurs Nicolas Mansouri, conseiller agricole à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales.

La météo compliquée de l’automne et l’hiver pourrait aussi entraîner un léger retard de la production en Bretagne. « La tempête Ciaran a fait des dégâts sur les tunnels, rapporte Pierre Gélébart. Et les réparations des tunnels qui étaient réalisables ont entraîné un peu de retard dans les plantations. S’y est ajouté un fort manque d’ensoleillement. La campagne a débuté fin février, alors qu’elle commence parfois début février ». Et surtout, les pluies continues depuis mi-octobre ont contrarié les plantations de plein champ qui débutent en général début février. « Les sols sont gorgés d’eau et très peu de surfaces sont emblavées, constatait Pierre Gélébart début mars. Il suffit toutefois de quelques jours de soleil pour pouvoir planter. Et pour les plus gros volumes, qui arrivent fin mai, nous n’avons pas d’inquiétude. » En baie de Somme, malgré les inondations de l’automne et l’hiver, les plantations mi-mars devaient pouvoir être réalisées normalement.

 

Des actions de promotion pour la pomme de terre primeur 

La baisse du pouvoir d’achat et le contexte géopolitique inquiètent aussi les opérateurs. « En 2023, l’inflation a freiné la consommation de produits haut de gamme, analyse Nicolas Paille. Et le contexte de consommation reste très compliqué en 2024 ». La coopérative de Noirmoutier, qui vend en Pays de Loire et région parisienne, mais revendique aussi une présence nationale avec ses produits Label Rouge, IGP, Zéro résidu de pesticides et le label Site Remarquable du Goût, va donc mener une campagne de promotion sur le thème du printemps, d’un produit festif, pour éveiller les sens. Un film tourné dans ce sens accompagnera les émissions culinaires de M6. Et la coopérative va relayer les opérations du CNIPT à l’occasion de la journée mondiale de la pomme de terre, le 30 mai, date idéale pour lancer la pomme de terre primeur.

Prince de Bretagne, qui commercialise ses pommes de terre dans le Grand Ouest, prévoit des actions grand public dans la presse régionale et une campagne d’affichage mi-mai en Bretagne et début juin en Normandie. Touquet Savour renouvelle quant à lui son opération « plants », pour faire connaître la variété Osiris. Le négociant propose de gagner 200 kits de plantation comprenant 10 plants d’Osiris, un sac de plantation et des conseils de culture.

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