Costa Rica
« Nous vivons dans une période de répression face aux syndicats dans les plantations »
Dans le cadre de la campagne “Le juste fruit” lancée par quatre ONG européennes, Ligia Lamich est venue témoigner en France sur les conditions de travail dans les plantations.

A l’occasion du 100e anniversaire de la journée internationale de la femme et dans le cadre de la campagne “Le juste fruit”, l’ONG Peuples Solidaires avait invité Ligia Lamich Melendez, du syndicat Sitagah, qui représente les salariés des plantations de bananes et d’ananas dans la région nord-atlantique du Costa Rica. Elle nous éclaire de son regard sur le travail des femmes dans les plantations fruitières costa-ricaines. « Depuis quelques années les multinationales ont relancé une forte répression contre les personnes syndiquées ou âgées de plus de 40 ans, explique Ligia Lamich Melendez. Or, nous sommes à un moment crucial de licenciement collectif. Nous dénonçons donc ce genre d’actions tout comme les discriminations antisyndicales qui sévissent dans les plantations. Et pour les femmes les discriminations sont encore plus fortes, elles perçoivent des salaires moindres à travail équivalent (2 $/jour contre 30 $/jour pour un homme) et doivent aussi faire un test de grossesse si elles veulent être embauchées. » Son combat, elle le mène déjà depuis plusieurs années, après avoir travaillé dans une plantation appartenant à Chiquita. Elle dénonce aussi l’impact de l’utilisation du “Nemagone”, un produit phytosanitaire largement utilisé dans les plantations de bananes costaricaines. Aussi, elle se réjouit de voir des campagnes menées par Peuples Solidaires ou encore Banalink au Royaume-Uni dénonçant toutes ces violations du droit du travail. « Nous n’appelons pas au boycott des fruits issus des plantations des multinationales Chiquita, Del Monte, Dole ou Fyffes, explique Vanessa Gautier chez Peuples Solidaires. Nous souhaitons faire pression sur elles via les consommateurs pour qu’elles changent leur manière de faire en matière de droit du travail. » A ce sujet, l’ONG vient de lancer un appel urgent pour une situation bien spécifique dans une plantation d’ananas de 350 ha “Produfrutas del Atlantico” leur enjoignant de réintégrer les onze personnes licenciées et de respecter les droits du travail. Quant au commerce équitable, Ligia Lamich Melendez transige : « C’est bien si ce qui est écrit est appliqué dans la réalité en particulier sur le droit des travailleurs. » Quant à respecter l’environnement, elle estime : « Il ne faut pas que cela voile les discriminations salariales et syndicales. C’est le dialogue social qui permettra d’agir sur l’amélioration de l’environnement ».