« Nous avons développé les légumes pour améliorer la rentabilité de l’exploitation »
Installés près d’Angers, Mickaël Girard et Virginie Boisseau ont fait le choix des légumes bio et de la vente directe pour alimenter cette métropole. Des fleurs coupées complètent l’offre de légumes et sont un produit d’appel sur les marchés.
Installés près d’Angers, Mickaël Girard et Virginie Boisseau ont fait le choix des légumes bio et de la vente directe pour alimenter cette métropole. Des fleurs coupées complètent l’offre de légumes et sont un produit d’appel sur les marchés.
Après avoir été salarié sur l’exploitation horticole de ses parents, Mickaël Girard a choisi de s’installer en 2012 en production de fleurs coupées, en reprenant une exploitation à La Bohalle, près d’Angers. « Pendant quatre ans, j’ai cultivé des roses, précise-t-il. Mais la concurrence étrangère en fleurs, notamment en demi-gros, est très forte. Il y avait aussi beaucoup de maladies. En 2017, j’ai donc décidé de développer les légumes pour améliorer la rentabilité de l’exploitation. » En 2020, à l’arrivée de sa compagne Virginie Boisseau, le choix est fait de passer en bio pour valoriser le travail sans pesticides. Aujourd’hui, les légumes représentent 80 % du chiffre d’affaires de l’exploitation, les fleurs coupées et plantes fleuries 20 %.
« Nous gardons les fleurs parce que c’est ce qui nous a réunis, que les fleurs sont emblématiques de l’Anjou et que sur les marchés, où nous avons repris la place des parents de Mickaël, les clients attendent des fleurs et nous achètent aussi des légumes. » En plus du GAEC Terres de Gaïa, les deux associés ont créé la SARL Les Jardins de Loire pour l’achat revente. « L’achat revente est limité et porte surtout sur les fleurs, précise Virginie. Comme notre magasin à la ferme est le seul commerce de la commune, nous achetons aussi un peu de fruits et de légumes comme du melon, des endives, des champignons… pour dépanner et fidéliser nos clients. »
Rationaliser et développer la commercialisation
L’orientation est de produire en bio des légumes et des fleurs pour approvisionner la métropole. L’exploitation dispose de sept hectares de surface agricole utilisée, répartis sur deux sites, dont 2,7 ha de plein champ pour le maraîchage, 0,5 ha pour la pomme de terre et 0,2 ha pour les fleurs, et de 5 000 m² de serres froides. 1 200 m² de serre ont été aménagés en point de vente et espace de stockage, avec une chambre froide à 5-7 °C et une chambre tempérée à 12-15 °C pour la conservation des courges et des patates douces notamment.
La protection des cultures se fait essentiellement avec du savon noir, du vinaigre blanc, du Bacillus thuringiensis et la confusion sexuelle contre Tuta absoluta.
La complémentarité des deux sites et les 3 800 m² de serres froides qui ont été aménagés pour la production de légumes en sol permettent de cultiver une cinquantaine d’espèces et variétés de légumes. En 2023, du fait des gros problèmes dus à Drosophila suzukii, les maraîchers ont décidé d’arrêter la production de fraises sous serre. « Toutes les fraises seront désormais cultivées en plein champ, ce qui libérera de la place sous serre pour les légumes », précise Mickaël.
Une Amap nouvellement créée
85 % de la commercialisation se fait en vente directe. « Notre objectif est de créer du lien avec les consommateurs et de pouvoir leur expliquer que nous protégeons l’environnement », indique Virginie. Les légumes et les fleurs sont principalement vendus dans une boutique à la ferme les mercredis et vendredis de 15 h à 19 h ainsi que sur trois marchés de la métropole. Le GAEC vient aussi de créer une Amap, qui porte actuellement sur seize paniers et se développe.
15 % de la commercialisation se fait en semi-gros, avec des ventes ponctuelles à des grossistes bio sur le MIN d’Angers, dans le réseau Biocoop et auprès de deux restaurants ainsi qu’une cantine. Pour développer les ventes, les deux associés misent beaucoup sur la communication via des flyers, mais aussi surtout sur leur compte Facebook qui compte plus de 1 000 followers. « Les réseaux sociaux sont importants pour la vente directe, en particulier pour les marchés », estime Virginie.
Un marché au centre-ville d’Angers
Le principal facteur qui limite le GAEC est le temps de travail. En plus des deux associés qui travaillent chacun 50 à 70 heures par semaine, la société emploie un saisonnier à 35 heures par semaine, un apprenti à 75 % et un stagiaire un jour par semaine. « Mais nous manquons de temps, soulignent Mickaël et Virginie. Nous aimerions bien par exemple produire tous nos plants, mais ce n’est pas possible. Nous aimerions aussi ne pas travailler le dimanche. Il est important de trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie sociale, et de se préserver pour tenir sur la durée. » Les maraîchers constatent aussi le ralentissement du marché de la bio à leur niveau.
« Il y a moins de monde à la boutique et sur certains marchés, indiquent-ils. Notre chiffre d’affaires se maintient tout de même, surtout grâce au marché Lafayette du centre-ville d’Angers, sur lequel nous vendons depuis janvier 2023 et qui bénéficie d’une clientèle à fort pouvoir d’achat. » Au final, les 135 000 € investis en 2012 ont été remboursés en neuf ans, avec 160-170 000 € de ventes (moins 28 500 € d’achat), les deux associés se versent chacun 1 300 € nets par mois. Et le GAEC a encore d’autres projets. En 2024-2025, il envisage notamment de planter des arbres fruitiers (pruniers, figuiers, abricotiers…) pour élargir son offre en agroforesterie.
Alimenter la métropole en produits bio et locaux
Le GAEC Terres de Gaïa s’inscrit dans le plan d’alimentation territorial (PAT) d’Angers Loire Métropole, dont l’un des objectifs est de favoriser une alimentation bio et locale. Fin octobre, une journée porte ouverte y a ainsi été organisée par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire pour les porteurs de projet en maraîchage et floriculture bio. « Bien que le contexte pour la bio soit aujourd’hui plus compliqué, il y a encore des opportunités en maraîchage pour alimenter la métropole angevine », explique Élisabeth Cocaud, conseillère en agriculture biologique à la Chambre d’agriculture.
Deux sites complémentaires
Les sept hectares sont répartis sur deux sites aux sols différents. Le site de La Bohalle, siège de l’exploitation, comporte 5 000 m² de serres froides et 3,3 ha de terres argileuses qui retiennent bien l’eau et où sont cultivés des légumes feuilles et fruits (légumes d’été, courges, choux, salades, fenouil, fraises…), ainsi que des fleurs coupées (pivoines, renoncules, tulipes, cosmos…). L’irrigation se fait à partir d’un forage dans la nappe de la Loire, commun à trois fermes. Par ailleurs, le GAEC loue aux parents de Mickaël 3,4 ha de terres sableuses à Mazé, à 15 km, qui permettent de cultiver des légumes racines (betterave, carottes, radis, panais), poireaux, pommes de terre, céleri branche…
« Il s’agit de sols sablo-limoneux qui retiennent bien l’eau et les nutriments, et se travaillent bien, précise Mickaël. Ils nécessitent toutefois deux fois plus d’irrigation que le site de La Bohalle. » L’irrigation, assurée par le père de Mickaël, présent sur place, se fait à partir d’un forage. Sur les deux sites, des engrais verts seigle-trèfle sont cultivés dès que possible. Le plein champ est complété par les serres froides où sont produits des tomates, aubergines, poivrons, salades, épinards, mâche… Le sol y est amendé avec du fumier de bovin et cheval composté (Bochevo), du compost végétal issu d’une filière de collecte de biodéchets (Les Alchimistes) et des copeaux de bois issus d’une menuiserie locale.
Parcours
Mickaël Girard
2009 : bac pro « Travaux paysagers », puis salarié
2012 : installation en fleurs coupées
2017 : développement des légumes
2020 : passage en bio
Virginie Boisseau
2006 : BTS « Végétaux d’ornement »
2007 : licence pro « Stratégie export »
2007-2014 : salariée en France et à l’étranger en commerce international
2015 : salariée en production bio de fleurs coupées
2020 : salariée sur l’exploitation
2022 : création du GAEC Terres de Gaïa