ENDIVE
Lutter contre T. basicola
Thielaviopsis basicola est un champignon tellurique responsable de déformations et de nécroses des racines sur endive. Même, si la recherche de moyens de lutte chimique ou biologique est une priorité professionnelle, seules des méthodes prophylactiques sont pour l’heure disponibles.
Thielaviopsis basicola est un champignon tellurique responsable de déformations et de nécroses des racines sur endive. Même, si la recherche de moyens de lutte chimique ou biologique est une priorité professionnelle, seules des méthodes prophylactiques sont pour l’heure disponibles.
Thielaviopsis basicola est un champignon tellurique responsable de déformations et de nécroses des racines d’endive pouvant entraîner de fortes pertes de production (voir encadré). Au champ, il provoque jusqu’à 25 % de pertes de plantes ou des déformations de la racine. Lors du forçage hydroponique, il peut être impliqué dans les nécroses des radicelles pouvant entraîner jusqu’à 30 % de perte de production en chicons, selon Patricia Sanvicente, Ctifl, et Marc Benigni, Station expérimentale de l’Endive/Apef dans un article paru en décembre dernier dans Infos Ctifl(1). La lutte contre ce pathogène est aujourd’hui limitée à des mesures prophylactiques pas toujours suffisantes. Il s’agit d’un champignon tellurique, assez polyphage qui peut attaquer différentes espèces végétales, dont l’endive, la laitue, la carotte, le pois, le haricot, l’épinard, le lin, le tabac.
Des mesures prophylactiques à prendre
Un test en laboratoire permet de définir un niveau de risque mais ne permet pas de prévoir si la maladie va s’exprimer. « Il est néanmoins possible de réduire les facteurs de risques infectieux en assurant une rotation avec un intervalle de quatre à cinq ans entre deux cultures sensibles », mentionnent les spécialistes. Les attaques du parasite vont être favorisées par de mauvaises conditions de semis ou de germination qui affaiblissent la plante (froid, humidité). Le tassement du sol favorise l'apparition de la maladie mais d’autres facteurs peuvent également intervenir (phytotoxicité, même passagère, du désherbage par exemple). « L'élimination de la terre adhérant aux racines avant le forçage permet de réduire partiellement le phénomène mais n’est pas toujours suffisante en cas de forte pression parasitaire », mentionnent les auteurs de l’article. La réduction de la quantité d’inoculum sur la racine limite ainsi les pertes de production de chicons au forçage (voir tableau ci-dessus).
Un dossier de demande d’AMM à étayer
Néanmoins, les problèmes s'amplifient généralement au cours des forçages successifs si aucune mesure prophylactique n'est prise car les spores de Thielaviopsis (chlamydospores) peuvent se maintenir plusieurs semaines dans les canalisations d’irrigation et infecter régulièrement les nouvelles racines mises en forçage. Afin de diminuer l'impact parasitaire, il est donc nécessaire d'effectuer un nettoyage et une désinfection approfondie des bacs, des cuves et des circuits (avec élimination des dépôts minéraux et organiques par brossage), après chaque série de forçage. Actuellement, il n’existe aucun moyen de lutte disposant d’une autorisation de mise sur le marché spécifique pour l’endive en France. La recherche de fongicides chimiques ou de moyens de lutte biologiques est une priorité professionnelle. A l’heure actuelle, dans la famillle des triazoles, le difénoconazole est le fongicide le mieux évalué in planta, en raison de son efficacité mais également du fait de son soutien par Syngenta pour l’usage sur endive. Après une première soumission à l’Anses en 2012, des données complémentaires concernant la sécurité des applicateurs ont été demandées et doivent venir étayer le dossier de demande d’AMM. Parmi les moyens biologiques de lutte, l’utilisation d’un champignon antagosite, Gliocladium catenulatum, pourrait être possible. Testée in vitro, une souche de ce champignon a entraîné une réduction de la croissance de Thielaviopsis basicola. Mais la mise en oeuvre de ce moyen de lutte n’est pas encore possible pour les producteurs. De même qu’il n’existe pas de tolérance variétale à cette maladie.
(1) Thielaviopsis basicola, agent de déformation et de nécroses des racines, un pathogène non contrôlé en culture d’endive, paru dans Infos Ctifl, décembre 2016
Thielaviopsis basicola peut infecter l’endive au champ et au forçage
Au champ
Deux phénomènes importants :
- un flétrissement suivi d'un dessèchement complet des plantules, semblable à une fonte de semis, lorsque les nécroses sont situées à proximité du collet,
- une déformation de la racine provoquant la cassure du pivot et induisant la formation de racines secondaires lorsque l’infection se situe plus bas sur la racine. Celle-ci prend un aspect fasciculé en « patte d’araignée » la rendant impropre au forçage.
Au forçage
Les nécroses des radicelles se manifestent par leur dégradation partielle ou totale à partir du dixième jour de forçage. Plusieurs espèces fongiques peuvent être impliquées (T. basicola, Pythium sp. et Fusarium sp) mais la présence de Thielaviopsis se caractérise par l’apparition de plages, généralement circulaires, de couleur brune à noire au niveau du tapis de radicelles développées au fond du bac de forçage et des nécroses de même teinte sur les radicelles.